Affaire Daouda Yattara : 5 ans de réclusion et le payement du franc symbolique pour Sitané

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    L’inculpation de Daouda Yattara dit Sitané et  de Modibo Keïta dit Van dans l’assassinat de Kassim Camara qui avait défrayé la chronique, a connu son épilogue jeudi dernier. C’était le seul cas d’assassinat qui figurait parmi la cinquantaine d’affaires devant être examinées au cours de cette première session de la Cour d’Assises de Bamako, ouverte le 25 juin dernier. La séance, qui a duré 10 heures d’horloge était présidée par Zoumana Cissé. rn

    L’arrêt 137 du 15 mai 2007 de la Chambre d’accusation, a renvoyé en assises la comparution de Daouda Yattara et Modibo Keïta pour assassinat. En effet, dans la nuit du 30 au 31 mars, 2004, Kassim Camara a été assassiné. Les enquêtes préliminaires avaient retenu ces deux personnes comme les présumés assassins de M. Camara.

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    Devant le juge, Sitané n’a jamais reconnu les faits qui lui sont reprochés, qu’il s’agisse de l’assassinat de Kassim Camara ou du châtiment infligé au disciple Boubacar Touré dit Kaou, Sitané a toujours clamé son innocence. Quant à Modibo Keïta dit Van, il était l’ami de la victime et c’est lui qui serait à la base de la connaissance entre Daouda et cette dernière. Lui qui serait la dernière personne à sortir avec Kassim avant son assassinat a aussi nié les faits qui lui sont reprochés.

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    Dans son réquisitoire, Me Souleymane Konaré, avocat de la partie civile, a dit n’être pas venu pour que les accusés reconnaissent les faits qui leur sont reprochés. Il a relevé qu’il convient de constater que dans cette affaire, apparaissent beaucoup de coïncidences. Ce qui est surtout à remarquer, de l’avis de Me Konaré, c’est qu’il a été établi que les accusés qui disaient n’avoir pas d’affinités, se connaissaient parfaitement bien.

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    En effet, au soir du meurtre de Kassim Camara, Modibo Keïta était la dernière personne à sortir avec lui. Interrogé, il expliquera qu’il a été informé de la mort de son ami par une nommée Yama Diarra. Selon Me Konaré, lui, qui disait être proche de la victime ne s’est pourtant jamais inquiété de sa mort même au moment où toute la famille Camara était mobilisée pour retrouver sa dépouille.

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    C’est un coup de fil d’une certaine Assitan Yattara qui serait à Djélibougou qui a informé la famille Camara de l’assassinat de Kassim. Assassinat, selon les indications de l’appel, dont l’auteur serait Modibo Keïta sur la demande de Sitané chez qui il se trouverait au moment de l’appel. « Chose qui s’est avérée après les investigations de Dantouma Camara, frère de Kassim » a laissé entendre Me Konaré. A en croire l’avocat de la partie civile, ce qui donne surtout à réfléchir, c’est que dans le feu de l’action, Daouda se serait rendu deux fois dans la famille de la victime. Il aurait même proposé au père de Kassim deux millions de FCFA, une voiture Mercedes et cent mille FCFA pour  la réparation du véhicule à bord duquel Kassim est sorti, avant de promettre au vieil homme de remplir toutes les tâches familiales dévolues à Kassim. Dans son rapprochement des faits, Me Konaré a attiré l’attention de la Cour sur une mésentente entre Daouda et Kassim, même s’il n’est quand même pas parvenu à spécifier la nature de ce différend.

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    C’est en vertu de toutes ces raisons que Me Konaré a sollicité l’application des articles 199 et 200 de Code Pénal qui réprime l’homicide.

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    Le Ministère public, par l’entremise du Procureur Général, Moussa Bagayoko, qualifie la présence de hasards accablants dans cette affaire d’indice transcendantal. Il a relevé à ce sujet que tous les faits démontrent à suffisance l’inculpation de Sitané et de Van. A ce titre, il a souhaité qu’ils soient retenus dans les liens de l’accusation et que le droit soit dit.

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    Dans sa plaidoirie, Me Allassane Diop de la défense, porte-parole des avocats, a affirmé que le Ministère Public a entretenu l’assistance au tour  d’un long réquisitoire sans convaincre. Il a regretté, sans intention d’offenser, que les musulmans aient surtout fait de ce jugement une affaire d’atteinte à la religion de Mahomet (Paix et salut sur lui). Il a aussi fustigé la mort non mentionnée dans le ce dossier de Ahmed Yattara, frère de Daouda, pourtant décédé à la suite de cette même histoire d’assassinat. Il a soutenu que nulle part, la justice n’a eu de preuves tangibles contre Sitané.

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    Pour un départ, poursuit Me Diop, il avait été donné de croire que Kassim serait entre les mains de Daouda qui l’aurait passé à tabac avant de l’achever avec une balle. D’après lui, le meurtrier de Kassim serait  probablement parmi les nombreuses personnes qui l’ont toujours menacé et qui lui en voulaient à mort. Il a terminé en demandant à la Cour de ne pas juger Daouda selon sa personne, mais selon le meurtre pour lequel il est incriminé, accusation qui souffre de manque de preuves.

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    A la délibération, la Cour a retenu Daouda Yattara et Modibo Keïta dans les liens de l’accusation. Ils ont par contre bénéficié de circonstances atténuantes. Ainsi, ils ont écopé dans l’arrêt de condamnation de 5 ans de réclusion et du payement de la somme symbolique.

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    Abdoul Karim Maïga     

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