Le Tchad a connu le réveil le plus brutal de son histoire ce mardi 20 avril 2021 avec l’annonce aux environs de 9 heures, par le général Azem B Agoura porte-parole de l’armée, de la tragique nouvelle de la mort du charismatique président de la république Idriss Deby Itno suite à une contre-offensive de l’armée menée par le maréchal lui-même le dimanche soir contre les rebelles du front pour l’alternance et la concorde au Tchad (FACT). L’émotion et la stupéfaction étaient indescriptibles pour un peuple dont la majeure partie de la jeunesse n’a connu que le président Idriss Deby à la tête du pays depuis plus de 30 ans et qui venait d’être réélu pour un sixième mandat de 6 ans selon les résultats provisoires proclamés quelques heures auparavant. Toutefois, les informations sur les circonstances du décès du chef d’Etat, qui aurait succombé à ses blessures, tombaient au compte-goutte laissant perplexe un peuple préoccupé à la fois par la disparition du père de la nation et le spectre d’une avancée des colonnes rebelles. Très vite le soulagement est venu de la déclaration de l’armée à la télévision nationale concernant la mise en place d’un conseil militaire de transition avec à sa tête le fils du président défunt en la personne du général quadragénaire Mahamat Idriss Deby pour un intérim de 18 mois. D’autres déclarations sur les ondes de certains farouches opposants politiques – notamment Saleh Kebzabo de l’UNDR (Union nationale pour le développement et le renouveau) et Mahamat Alhabo du PDL (Parti des libertés et du développement) rejettent dans la foulée la démarche de l’armée nationale en plaidant pour le respect de la constitution qui prévoit une transition politico-civile dirigée par le président de l’assemblée nationale dans ce cas de figure. Mais le mercredi 21 avril Haroun Kabadi, détenteur du pouvoir législatif désormais dissout, conscient du danger sécuritaire à l’intérieur et aux portes du pays, choisit de se rallier à la cause de l’armée. Idem pour Paris, le partenaire le plus privilégié et stratégique de N’Djamena, qui dit prendre acte des nominations, par le nouvel homme fort du pays le jeune général Mahamat Deby, des 15 généraux composant le conseil militaire de transition (CMT).
Par ailleurs l’annonce de la mort du maréchal du Tchad résonnait dans une fluctuation de sensations, de stupeur et d’appréhensions dans les pays qui composent la bande sahélo-saharienne, tant était grand le rôle d’Idriss Deby qu’on peut qualifier de capitaine-courage et véritable fer de lance de la lutte contre le terrorisme au Sahel. Son armée, qui lui vouait un culte, est la plus renommée et réputée dans la lutte contre les djihadistes dans la région sahélienne, comme en témoignent ces propos du ministre française des armées Florence Parly. « La France perd un allié essentiel dans la lutte contre le terrorisme au Sahel avec la mort du président du Tchad Idriss Deby», s’est-elle alarmée parmi une flopée d’éloges exprimées par d’autres personnalités internationales à l’endroit de l’illustre disparu. Le vendredi 22 avril un dernier hommage a été rendu en présence du président français Emmanuel Macron, du président malien Bah N’daw et de nombreux autres chefs d’Etat africains, à l’un des plus valeureux et dignes fils d’Afrique et surtout ami inconditionnel du peuple malien. Son absence cause un grand vide et une profusion d’interrogations sur la stabilité de son pays ainsi que du Sahel de façon générale avec Boko Haram et le groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) aux aguets. Il y a moins de 15 jours, comme par prémonition, le maréchal du Tchad disait à Alain Foka qu’il ne comptait pas mourir paisiblement dans son lit. Et il a tenu promesse ce mardi 20 avril 2021.
Ousmane T Diakité