Quelles ont été les grandes décisions prises au cours de ce premier congrès ordinaire de l’association des amis de la culture peulh ?
Au cours de ce congrès, les principales décisions auxquelles nous pouvons nous référer, ce sont le bilan des rapports d’activité et financier du bureau sortant et la relecture des textes fondamentaux adaptés au contexte sécuritaire actuel du Mali. Il y a eu des résolutions importantes qui ont été prises, qui sont de nature à améliorer le fonctionnement du bureau, mais également peuvent assurer une meilleure visibilité des activités de l’association depuis sa création en 1992.
Quand vous dites harmonisés au contexte actuel, qu’est ce que vous voulez dire par là ?
Le Mali à évolué depuis la création de l’association en 1992. C’était l’ouverture démocratique. Depuis, il y a eu la situation sécuritaire qui a fait souffrir beaucoup de nos membres, se soldant par des vols d’animaux, des attaques des hameaux, des meurtres dans le pire des cas sur certains. Donc il était important que les nouveaux textes soient adaptés au contexte sécuritaire général actuel et l’évolution du membership de l’organisation. Il est important que les nouvelles têtes soient adaptées à cela, pour renforcer l’unité de l’organisation qui a beaucoup évolué et grandi ; parce que nous comptons près de 3 millions d’adhérents, de membres.
Il était bon d’assurer la représentativité au niveau du bureau exécutif de tous les membres, de Kayes à Labézanga, de Sikasso à Taoudéni. D’adapter la composition du bureau au membership de l’organisation. C’était des changements concernant les grandes résolutions, les grandes conclusions. Nous nous sommes félicités de l’unité retrouvée, de la solidarité entre tous les membres, des amis de la langue et de l’engagement pris de défendre les intérêts de nos membres, surtout jeunes. Ces derniers sont des proies faciles à cause de leur oisiveté, de leur pauvreté, de l’ignorance.
L’accent à été mis sur la formation, la scolarisation et l’introduction de l’élevage dans le système du marché. Il a été affirmé que l’Association des amis de la culture peulh, Tabital Pulaaku, ne se reconnait pas dans ceux qui perpétuent des actes crapuleux contre le gouvernement. Nous saluons ces accords d’Alger, nous les soutenons, invitons le gouvernement à travailler pour obtenir avec l’ensemble des communautés et la communauté internationale l’adhésion à ces accords
Quels seront vos actions prioritaires, pendant les quatre ans de votre mandat ?
Nous allons informer, sensibiliser, défendre nos membres. L’association Tabital Pulaaku est une organisation de la société civile, apolitique, qui n’a pas vocation à conquérir le pouvoir. Nous n’utiliserons aucun langage diplomatique désormais, pour dénoncer toutes les tracasseries, toutes les violences que subissent nos membres. Nous allons œuvrer auprès de toutes les bonnes volontés nationales et internationales pour la consolidation de la paix.
Nous avons eu beaucoup de difficultés par rapport à la mobilité, nous sommes des éleveurs, nous avons des animaux, nous pratiquons la transhumance. Nous avons beaucoup souffert des crises depuis 2012, de l’absence de cette capacité de se déplacer dans la zone du fleuve, le bourgou et remonter dans la zone sahélienne pendant certaines périodes de l’année, à cause des violences, des vols et différentes agressions dont nous sommes victimes.
Toutes ces activités seront suivies, dénoncées, combattues et nous utiliserons les moyens légaux à notre disposition, pour aider nos membres à assurer leur sécurité et celle de leurs familles. Nous allons nous impliquer davantage après la signature de l’accord. Pour que si des personnes doivent être installées dans les zones ou nous habitons et vivons en symbiose, chacun de nous participe à l’élaboration d’un modus vivendi. Qui permettra désormais à ceux qui viendront à nous, du jour au lendemain ne partent pas rejoindre des groupes armés ou revenir nous attaquer, parce qu’ils connaissent nos hameaux, là où nous habitons.
Nous participerons à la construction de la paix, à la construction nationale, pas au détriment de nos membres. Nous travaillerons avec toutes les bonnes volontés nationales et internationales africaines, pour rétablir la paix au Mali et combattre y compris même ceux qui sont peulhs et perpétuent des actes crapuleux. Nous n’hésiterons pas à les combattre, parce que nous voulons l’unité nationale, la solidarité nationale, la bonne coexistence nationale. Une association comme Tabital Pulaaku peut bien jouer ce rôle, parce que les peulhs sont une ethnie parmi les autres ethnies, cohabitent avec toutes les communautés, sont sur la bande sahélienne avec l’élevage. Nous sommes un peuple très indiqué pour aider à la consolidation de la paix et à la réconciliation nationale.
Propos recueillis par Alassane Cissé