Comme nous l’annoncions la fois dernière, le tilapia importé est au cœur d’une controverse dans notre pays comme dans la plupart des pays importateurs de ce produit. En effet, depuis bientôt trois mois, le Système mondial d’information et d’alerte rapide (SMIAR) de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) lançait l’alerte sur une maladie hautement contagieuse se propageant chez le tilapia, l’un des poissons les plus consommés au monde.
Suite à cette alerte, les consommateurs avaient émis des inquiétudes légitimes sur les dispositions prises par les autorités pour protéger notre pays. Il faut souligner que nos multiples tentatives d’approcher les autorités compétentes étaient restées vaines. Cependant, suite à la publication de l’article, les réactions se sont multipliées aussi bien au niveau des autorités compétentes que des importateurs et distributeurs de poissons.
Ainsi dans un communiqué, le département en charge de l’Élevage et de la Pêche ainsi que la direction nationale des services vétérinaires tiennent à rassurer qu’aucun cas de virus n’a été détecté dans notre pays. « Nos services vétérinaires dans le cadre de leur mission de protection de la santé publique vétérinaire ont renforcé le contrôle des poissons. Ainsi au cours du mois de septembre dernier, ont été contrôlés 145.349 cartons de poissons toutes espèces confondues pour un poids total de 2.976.000 kg dont 336.930 kg de Tilapia. Ces poissons proviennent pour l’essentiel du Maroc, du Sénégal, de la Mauritanie et de la Chine. Les espèces concernées sont entre autres : le maquereau, le chinchard, le griset, le mulet, le machoiron, la sardine ronde et le tilapia. Ces derniers proviennent de la Chine. Les certificats attestant l’origine et la salubrité des produits ont été vérifiés à leur entrée sur le territoire », garanti le département en invitant les consommateurs au calme. Le département assure aussi que des dispositions seront prises pour protéger notre pays de cette maladie du Tilapia importé de Chine. Ainsi, en plus des apaisements du département, notre rédaction a rencontré l’Association des importateurs et distributaires de poissons conduite par son secrétaire général, Abou Sofiane Haïdara. Cette rencontre avec le journal « InfoSept », selon eux, visait surtout à rassurer la population que des mesures sont prises pour éviter l’introduction du tilapia infecté dans notre pays.
Dans son explication, Abou Sofiane Haïdara fait savoir que le virus de Lac du Tilapia a été détecté dans 5 grands pays producteurs de poissons notamment la Colombie, l’Équateur, l’Égypte, Israël et la Thaïlande. « Cependant, les poissons particulièrement le Tilapia importé par nos soins au Mali proviennent essentiellement de la Chine via le Maroc, la Mauritanie et le Sénégal. Et pour le moment, la Chine a été épargnée par ce virus. Donc, nous pouvons aisément dire que le Tilapia consommé au Mali est conforme aux normes internationales. Et les certificats d’origine que nous présentons aux autorités compétentes à chaque opération d’importation, attestent suffisamment de l’origine chinoise de nos Tilapia. Mieux, ces poissons font l’objet de plusieurs contrôles en amont et en aval des opérations d’importation. Les contrôles commencent depuis le pays d’origine la Chine puis le pays de transit le Maroc, puis la Mauritanie ou le Sénégal et enfin le Mali au niveau des frontières », a développé l’importateur.
Pour Oumar Sangaré, secrétaire aux relations extérieures de l’Association, le principal problème lié aux poissons importés dans notre pays se situe au niveau de la chaîne de distribution. « L’accroissement des importations de poissons par notre pays ces dernières années soit plus de 200 tonnes par mois a favorisé l’explosion des commerces de détails autour de ce produit. Malheureusement, la chaîne de froid à ce niveau ne répond pas beaucoup aux exigences sanitaires. Cependant, même à ce niveau, nous essayons d’organiser ce secteur en les dotant de congélateurs et autres matériels de vente. C’est à ce niveau que nous sollicitons l’Etat pour l’accompagnement des détaillants de poissons », a-t-il expliqué.
Mamadou DOLO