Cela ne fait plus l’ombre d’aucune polémique, la Cour Suprême, en son audience d’hier, après examen du rabat d’arrêt introduit par la Banque de l’Habitat du Mali contre les sieurs Mamadou Baba Diawara et Ismaïla Haïdara, a rabattu sur l’arrêt de cassation qui avait mis les susnommés en liberté avant que le département de la justice n’introduise, dans le feu de la décision, un appel en révision. Une décision qui avait relancé le débat sur la sincérité des accusations en la matière et les déboires pouvant résulter des instructions de certains juges qui donnaient à penser qu’ils se foutaient éperdument de l’intérêt de l’Etat.
On est presque habitué à voir l’Etat malien perdre tous ses procès, surtout ceux qui concernent les détournements de fonds publics. Du lancement de la très folklorique lutte contre la corruption par le président Alpha Oumar Konaré à nos jours, le gouvernement a plutôt mis la main à la poche pour réparer des injustices dont, en fin de compte, ont probablement bénéficié les ogres des fonds publics. Par un tour de passe-passe dont les magistrats maliens sont seuls à avoir le secret, Tièmoko Maïga, ancien PDG de la SOTELMA, Drissa Keïta, ex-PDG de la CMDT et les opérateurs économiques coupables de fraudes sur les exonérations, sont finalement sortis gagnants des feuilletons judiciaires dont ils étaient les sujets. Au lieu de cracher les sous détournés des caisses publiques, certains ont eu même droit à de juteuses réparations.
L’un des plus gros dossiers de détournement de biens publics en République du Mali dite de l’affaire de la mangueraie de Sébéninkoro qui avait traîné l’ex-PDG de la Banque de l’Habitat du Mali, Mamadou Diawara, son complice et non moins PDG de WAIC et GISONTON MALI-SA, Ismaïla Haïdara était en passe de respecter la tradition n’eût été la vigilance et le professionnalisme du procureur général près la Cour Suprême du Mali, Mahamadou Boiré.
Au début de l’audience, la lecture du rapport de la Cour présidée par Nouhoun Tapili, avait permis aux conseils des accusés de conclure à un rapport favorable à la défense. C’était sans compter avec l’expérience du PG qui a expliqué que la Cour avait cassé le 27 mai dernier sans renvoyer. Il a aussi soutenu que toutes les pièces n’avaient pas été communiquées à la Cour en son temps. Le procureur général près cette juridiction suprême a fait mention d’une jurisprudence qui informe qu’on ne peut pas casser sans renvoyer quand un intérêt pécuniaire est en jeu.
En rabattant l’arrêt du 27 mai, les magistrats de classe exceptionnelle de la Cour Suprême du Mali ont renvoyé l’affaire devant une nouvelle formation de la chambre criminelle de ladite institution.
Abdoul Karim Maïga