Au Mali, nous sommes passés du monopartisme au multi monopartisme. Qu’est-ce que cela veut dire ? Nous sommes passés d’un système de parti unique à un système avec une multitude de partis qui gardent encore les réflexes du parti unique. On a chassé le naturel, il est revenu au galop !
C’est le 8 juin 1992 que le premier président démocratiquement élu, en la personne du professeur Alpha Oumar Konaré a prêté serment. Et depuis, ce jour-là, ce fut la descente aux enfers du Mali. Alpha Oumar Konaré a bafoué la démocratie. Son pouvoir a permis la mutation de bon nombre de pauvres en gros bourgeois et dont la fortune a été bâtie à travers l’appareil d’État. Les traits caractéristiques de cette mutation sont que, outre que la gestion des affaires sous le régime, Konaré a ouvert et rendu accessible le pouvoir à un éventail large et diversifié des différents secteurs maliens, mais il faut ajouter que les principales reformes économiques initiées et réalisées sous Alpha Oumar Konaré ont bénéficié à des acteurs politiques, intellectuels et non à des opérateurs économiques.
L’ADEMA-PASJ célèbre sa fortune volée sur la misère du peuple malien
Des fonctionnaires délinquants seraient sur le point de céder leurs biens immobiliers à vil prix pour se mettre à l’abri. Mais à Bamako, les gens se tiennent et se connaissent. Les grands propriétaires immobiliers sont du parti de la ruche et de ses dérivés qui ont dirigé le Mali durant ses trente (30) dernières années. Une grande rencontre des militants de l’Alliance pour la démocratie au Mali-Parti africaine pour la justice et la solidarité (ADEMA-PASJ) est en cours pour célébrer le 8 juin 1992, date d’entrée en fonction du premier président démocratiquement élu (Alpha Oumar Konaré, candidat de l’ADEMA). S’il est un parti politique qui a pillé le patrimoine national, c’est sans nul doute la ruche et ses dérivés.
Le bilan est catastrophique: vingt et un (21) milliardaires dont seize (16) fonctionnaires, les fonds PGRN (Projet de gestion des ressources naturelles) et CAMOPA gérés par des barons de l’ADEMA et financés par la Banque mondiale ont été détournés et ces projets ont mis les clés sous le paillasson, le foncier avec son corollaire de spéculation (ACI 2000, les gouverneurs), les maires, la cession des bâtiments de l’État, les détournements de deniers publics, la surfacturation, la prédation, la concussion.
Selon les murmures de Bamako, les grands propriétaires du foncier et immobiliers seraient tous issus du parti ADEMA-PASJ. Les grands argentiers seraient encore parmi eux (promotion de caveau dans leur résidence).
ADEMA = 10 ans de gestion, 35 entreprises liquidées: Comment certains barons de l’Adema se sont enrichis ?
S’il y eut plus de bourgeois parasitaires sous Konaré par rapport à Moussa Traoré, l’explication se trouve dans l’évolution du régime économique du pays. Le président Konaré a bénéficié de subventions et d’aides plus importants que son prédécesseur Moussa Traoré. Non pas qu’il est plus intelligent que Moussa, mais parce que les bases politico- juridiques de toutes les privatisations ont été posées.
À titre de rappel, la privatisation a commencé au Mali avec la mise en œuvre du Programme de réforme des entreprises publiques (PASEP). Ce programme qui a ouvert trente-cinq (35) Entreprises est arrivé à terme, en 1992. La Loi no 41 du 22 février 1994 fixant les principes fondamentaux de la privatisation des entreprises du secteur public a été votée. Puis l’Ordonnance N°00-67 du 29 février 2000 créé la Direction générale de l’administration, des Biens de l’État (DGAB). En 2001, le décret N°026 du 02 janvier fut pris et fixe les modalités de liquidation des EPIC et sociétés d’État.
L’ADEMA et le foncier: un ancien propriétaire de 52 parcelles à l’ACI, un autre possède 48 maisons à Bamako
Le pouvoir ADEMA s’est construit un patrimoine immobilier sans partage. À commencer par la création de l’ACI 2000 (1994) et finit avec l’élection de maires ADEMA dans plusieurs communes et localités du pays. Ainsi, on retient qu’un baron de l’Alliance pour la démocratie au Mali-Parti africaine pour la justice et la solidarité (ADEMA-PASJ) fut propriétaire de cinquante-deux (52) parcelles à l’ACI. Un ancien président de l’ADEMA a acheté l’ex-cinéma El Hilal (Bagadadji) et céder à des inconnus des domaines de l’État. Un autre possède plus de quatre-vingt (80) villas à Bamako. Un autre est propriétaire d’un hectare de parcelle avec dix (10) logements à Kalaban-Coro. La quasi-totalité des immeubles ou résidences huppées du quartier ACI 2000 sont les propriétés de certains barons de la ruche. Trente ans d’existence émaillée de gabegie.
Et 16 milliardaires fonctionnaires tous de l’ADEMA: Comment ? L’ADEMA-PASJ qui a remporté les premières élections générales de 1992 sans difficulté n’avait nullement pas besoin de gouverner avec Samba ou Demba. Cependant si Konaré a gouverné avec les autres, c’est parce qu’il savait que ces élections n’étaient pas fiables et pour ne pas être renversé, en 1993 tout comme en 1997, il s’ouvrit et les intellectuels affairistes de son pouvoir l’ont vaincu.
En vérité, c’est l’adoption de ces textes qui ont permis d’attirer les capitaux étrangers et sont les bases sur lesquelles la moyenne bourgeoisie intellectuelle sous Konaré a bâti sa fortune pour passer dans la classe de bourgeois parasitaires. Si on prend la Loi N°41 du 22 février 1994, outre qu’elle ne s’applique pas à la délégation globale de gestion (la technique de la concession et de l’affermage que l’ADEMA a inventée sans texte), mais pire les offres et leurs conditions étaient faites n’importe comment !
Pire encore, la possibilité est donnée à une autorité d’attribuer un marché sur la base de gré à gré alors même que cette autorité n’est pas précisée ! Mais il y a plus grave le compte «ad hoc» que cette loi impose comme préalable aux privatisations n’a jamais existé. Pourquoi ? Et pour quelle raison ? Plus grave encore, le décret d’application de la même loi n’a jamais vu le jour. Pourquoi ? Et pour quelle raison ? Concrètement, c’est une partie de ces hommes politiques bougrement riche qui constitue une menace sur la démocratie.
La Rédaction