Ainsi s’exprimait Daniel Téssougué, magistrat émérite. C’était la semaine dernière à la faveur d’une conférence- débat organisée au Centre Internationale de Conférence de Bamako, par ADEMA -Association dans le cadre de son 20ème anniversaire. Thème : « révision constitutionnelle : quelle opportunité ? ».
La conférence était animée par des juristes de renom: Daniel Téssougué, Me Hamidou Diabaté avocat et député, Dr Mamadou Diallo, professeur d’enseignement supérieur et conseiller technique au ministère chargé des Relations avec les Institutions et Me Mamadou Konaté, avocat. La police des débats était assurée par Mme Sy Kadidiatou Sow, présidente de l’ADEMA -Association.
Initié, par le Président de
Pour Daniel Téssougué la révision de la constitution n’est pas opportune. Parce que celle qui régit, actuellement, la vie de notre pays ne présente pas de lacunes majeures, nécessitant sa révision. « S’il y a un problème, c’est peut être l’inapplication même de l’actuelle constitution. Car la constitution de 1992 n’est pas suffisamment appliquée », assure Daniel Téssougué. Avant d’ajouter : « on ne peut pas changer de constitution, comme on change de chemise ». Aussi, le magistrat ne voit pas de différence entre le mobile d’ ATT celui qui animait Alpha Oumar Konaré en 1992 à vouloir changer modifier la constitution. « On ne comprend pas pourquoi ils attendent le soir de leur mandat, pour vouloir manipuler la constitution ?», s’interroge t-il.
Pour Me Mamadou Konaté, ténor du barreau malien, il est inopportun de réviser la constitution. « Depuis 20 ans, il n’ y a pas eu de crise constitutionnelle ou institutionnelle qui justifierait cette révision de la constitution », précise t-il. Me Konaté s’inscrit contre la transformation du Haut Conseil des Collectivités en Sénat. Les députés à l’Assemblée Nationale, estime t-il, ne sont pas suffisamment occupés. « Y a-t-il mieux, qu’un député pour représenter le peuple ? », s’interroge t-il. Le conférencier de conclure que s’il y a des reformes à faire au Mali, elles doivent concerner plutôt la justice, l’école, le statut des partis politiques…
Par contre Me Hamidou Diabaté et Dr Diallo du ministère chargé des Relations avec les Institutions estiment que la révision de la constitution est une priorité. Pour Mr Diabaté, la création du Sénat dans le projet de révision constitutionnelle, est pertinente. « Le sénat va renforcer l’Assemblée Nationale », dit-il. La révision de la constitution, ajoute t-il, permettra de revoir la question des langues. Selon lui, il est temps de travailler avec nos langues nationales.
Abou Berthé