Décédé le mercredi 19 février dernier aux environs de 15 h des suites d’une courte maladie, le célèbre cinéaste Souleymane Cissé sera accompagné à sa dernière demeure ce vendredi après la prière de jummah par une foule des grands composée des hommes de la culture, des parents, amis et proches. Il reposera pour l’Eternité au cimetière de Niaréla.
C’est avec consternation que le monde de la culture a appris le décès brutal du cinéaste Souleymane Cissé, le mercredi 19 février 2025 à Bamako. Son décès a été annoncé juste après qu’il a animé une conférence de presse portant sur la présentation de ses deux trophées, en prélude à la 29e édition du Fespaco qui s’ouvre ce week-end dans la capitale burkinabé.
Souleymane Cissé est double détenteur de l’Etalon d’or du Yennenga à ce grand rendez-vous biennal du cinéma panafricain avec ses films Baara (le Travail) et Finyè (le Vent). Le Carrosse d’or est son dernier Trophée international obtenu au Festival de Cannes en 2023.
Né à Bamako en 1940, Souleymane Cissé fait ses études secondaires à Dakar, puis obtient une bourse d’études qui lui permet de suivre les cours du VGIK à Moscou. Il tourne en 1975 Den Muso (la Jeune fille), premier long-métrage de fiction malien en langue bambara, aussitôt interdit par les autorités.
Suivent Baara (le Travail) en 1977, Finyè (le Vent) en 1981, et son chef d’œuvre Yeelen (la Lumière), Prix du jury à Cannes en 1987. Son dernier film Waati (le Temps), également sélectionné à Cannes, date de 1995. Parmi ses dernières œuvres encore inédites, on peut citer Un Malien à Paris, Le Divin et Jatalaw (Cinéastes) (1999), Nyaminakaden (2002), Sory le Saint (2004) ou encore “Nyè” (l’œil du Cyclone, 2005).
Cinéaste admiré et respecté, Cissé était également président fondateur de l’Union des créateurs et entrepreneurs du cinéma et de l’audiovisuel de l’Afrique de l’Ouest et mobilisait toutes les énergies au service du développement d’une industrie audiovisuelle africaine économiquement viable.
Souleymane Cissé est l’un des pionniers du cinéma africain, avec une quinzaine de films à son actif et de multiples récompenses. Pour célébrer une carrière de plus de 50 ans, le Fespaco 2025 qui s’ouvre ce samedi 22 février à Ouagadougou l’a désigné président du Jury fiction long-métrage.
Le ministre de l’Artisanat, de la Culture, de l’Industrie hôtelière et du Tourisme, Mamou Daffé, présente ses condoléances les plus attristées à la famille du défunt et au public cinéphile qui perd un réalisateur doué et talentueux qui laisse néanmoins plusieurs œuvres.
Aoua Traoré
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Hommage de Seydou Sissouma à Souleymane Cisse
Un monstre sacré du cinéma africain qui tire sa révérence à 3 jours de l’ouverture d’un FESPACO !
Dans la vie, il arrive souvent que la Réalité approche la Fiction, si elle ne la dépasse. Souleymane Cissé a snobé les 11 autres mois de l’année. Il a choisi de partir en février et pas n’importe lequel, celui d’une année où le 7e Art fait son cinéma à Ouagadougou, selon un cycle biennal bien rodé. Et comme si tout cela ne suffisait pas, c’est lui que la direction du FESPACO avait choisi cette année pour présider le Jury long métrage, le cœur même du Festival.
L’Etalon du Yennenga a perdu un de ses prestigieux Chevaliers. Koro Solo, comme je l’appelais affectueusement, savait tout faire faire ou dire à la caméra. Il s’en est servi comme d’un miroir pour montrer à son pays et à l’Afrique ses forces et ses tares. ‘Finyè” restera dans ce sens un film-culte. Au monde, Souleymane Cissé a fait la preuve que la caméra tourne pour tout le monde. La force des images, la puissance du message de “Yeelen ” ont ébloui le Festival de Cannes, s’adjugeant au passage le deuxième Prix derrière la Palme d’Or.
Le cinéaste était exigeant, dans sa quête permanente des standards les plus élevés. L’homme avait du tempérament (un euphémisme), ce qui lui permettait de dissimuler une sensibilité à fleur de peau. Souleymane Cissé était un bloc de granit, entier. Nous l’aimions et l’admirions sans doute aussi pour son intransigeance et ses colères.
Entre surprise et désarroi, le Fespaco 2025 ne doit pas céder qu’à la tristesse, elle doit aussi célébrer son double Etalon d’or du Yennenga et Président du Jury. Un Géant du cinéma, de la culture est tombé ce mercredi 19 février 2025.
Adieu, Koro Solo!