En Guinée-Conakry, le Premier ministre par intérim, Dr. Bernard Goumou, a été confirmé le week-end dernier dans ses fonctions au constat de la longue maladie du titulaire du poste, Mohamed Béavogui. Au même moment, le président Assimi Goïta jetait son dévolu sur le colonel Abdoulaye Maïga pour remplacer temporairement le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga, malade. Les similitudes s’arrêteront-elles là ?
Depuis plusieurs mois, les supputations allaient bon train sur un éventuel départ de la Primature de Dr. Choguel Kokalla Maïga. Les calculs faisaient de colonel Sadio Camara, ministre de la Défense et des Anciens combattants ou d’Abdoulaye Diop, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, le probable chef du gouvernement en remplacement du patron du Comité stratégique du Mouvement du 5-Juin/Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP), meneur de l’insurrection qui a abouti au renversement par l’armée du régime de feu le président Ibrahim Boubacar Kéita, le 18 août 2020.
En tout état de cause, peu de gens pariaient sur le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, porte-parole du gouvernement, le colonel Abdoulaye Maïga. Mais, à la surprise générale de tous et à la suite d’un concours de circonstance, c’est chose faite depuis ce dimanche soir sur la foi d’un décret signé par le président de la Transition, le colonel Assimi Goïta, lu à la télévision nationale.
Bien qu’assurant l’intérim du Premier ministre, Choguel Kokalla Maïga, victime d’un accident vasculaire cérébral (AVC) depuis le 13 août, la nomination du ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Porte-parole du gouvernement en qualité de chef provisoire du gouvernement, a surpris plus d’un.
Non pas qu’il n’a pas les qualités intellectuelles et professionnelles requises, mais parce que, quoique familier du petit écran, il a plutôt projeté l’image d’un homme désintéressé, se contentant, pour l’heure, d’appliquer à la lettre les instructions de sa hiérarchie.
De surcroit, quatrième dans l’ordre de préséance dans le gouvernement, beaucoup ne voyaient pas le colonel Maïga coiffer au poteau des intérims le colonel Sadio Camara ou le garde des Sceaux, ministre de la Justice et des Droits de l’Homme (Mahamadou Kassogué) ou encore le ministre de la Réforme de l’Etat chargé des Relations avec les institutions (Ibrahim Ikassa Maïga), par ailleurs très proche de Dr. Choguel Kokalla Maïga. Signe du destin ?
En réalité, les signaux de “la montée en puissance” du chef de l’administration territoriale sont visibles et lisibles. Plus que la plupart des membres du gouvernement, il a très rapidement endossé une grande part de la responsabilité de la contestation de la politique française au Mali en particulier et au Sahel en général en sa qualité de porte-parole du gouvernement.
Un choix éclairé
Dans tous les actes qu’il a posés, Abdoulaye Maïga a jusque-là incarné la vision de la Transition et le désir de changement des Maliens. Tant et si bien qu’il est devenu une icône du Mali Kura dont rêve tout notre peuple.
Prompt à la réplique, il n’a laissé aucun répit aux ennemis du Mali, qui ont été recadrés, taclés, rappelés à l’ordre, avertis, voire expulsés…Ses périphrases et ses tics continuent de faire le bonheur des inconditionnels du changement radical, qui n’hésitent à l’imiter souvent pour dérider des situations potentiellement conflictuelles.
L’expérience acquise au sein du département de l’Administration territoriale et de la Décentralisation et son carnet d’adresses devraient surtout lui permettre de mener les négociations dans le sens de l’intérêt du Mali.
Autres viatiques : le nouveau locataire de la Cité administrative est un polyglotte, il est expert dans les questions de défense, de sécurité et des droits de l’Homme. Autrement dit, c’est un homme bardé de diplômes qui se positionne pour négocier pied à pied toutes les questions vitales pour notre nation qui vit la période la plus difficile de son existence.
Colonel de la Gendarmerie nationale, Abdoulaye Maïga est né le 12 mai 1981 à Bamako. A 41 ans, ce fils de militaire peut d’ores et déjà se targuer d’une riche expérience et d’un parcours élogieux.
Titulaire d’un doctorat en sécurité internationale et défense, obtenu en 2011 à l’Université Jean Moulin, d’un master 2 professionnel en droit de l’Homme et Droit international humanitaire (DIH), d’un master 2 de recherches en sciences politiques, d’un master 2 spécialisé en études stratégiques et politiques de défense de l’Ecole des Hautes études internationales, entre autres parchemins, le colonel Maïga est un homme de terrain aguerri. Il a été chargé de cours à l’Ecole de maintien de la paix/Alioune Blondin Beye de Bamako (EMP-ABB).
Ancien commandant du Groupement d’intervention mobile de la Gendarmerie (GIM), il a également été nommé officier chargé de programmes et analyste en charge du terrorisme, de l’extrémisme violent et de la sécurité maritime à Abuja (Nigeria) au compte de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
En 2020, à la suite de l’insurrection populaire, il est rappelé au bercail pour occuper le poste de ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, avec la mission de préparer les élections de retour à l’ordre constitutionnel. Quelque mois plus tard, il héritera du stratégique portefeuille de Porte-parole du Gouvernement. Ses collaborateurs le décrivent comme un homme qui a un sens élevé de la patrie, humble et loyal.
On le voit, au finish, le choix du président Assimi Goïta n’est pas forcément fortuit et prouve que la politique de l’homme qu’il faut à la place qu’il faut n’est pas galvaudée au Mali quand bien même on est en Transition.
Aux actes donc mon colonel !
El hadj A. B. HAIDARA
https://www.youtube.com/watch?v=Fl-bgCOXf9Y
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