Décédé le lundi 17 juin 2019 des suites d’une longue maladie, Moussa Balla Coulibaly a été accompagné, mardi dernier, en sa dernière demeure au cimetière de Sabalibougou où il repose désormais. Ses obsèques ont eu lieu en présence du président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta, et de plusieurs personnalités du monde politique et économique.
Après Seydou Bandian Kouyaté, Bamadou Simaga, Abdoulaye Traoré dit “Tout Petit”, la mort vient d’arracher, une fois de plus, un grand baobab et serviteur de la Nation. Il s’agit de Moussa Balla Coulibaly, décédé le lundi 17 juin 2019 des suites d’une longue maladie. La disparition de cet homme a été accueillie comme une grande perte pour toute la nation. Voilà pourquoi, le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta, très touché, a été obligé de changer son agenda lors de la Journée paysanne à Bougouni, pour venir aux obsèques de cet homme exemplaire.
Cette cérémonie s’est déroulée à Badalabougou, en présence de plusieurs personnalités dont le Premier ministre, Dr Boubou Cissé, et d’anciens Premiers ministres, des membres du gouvernement, des présidents des Institutions, des diplomates, des opérateurs économiques et une foule des grands jours. Tous étaient venus pour rendre un dernier hommage au père de l’ancien ministre et président de l’UDD, Tiéman Hubert Coulibaly. Plusieurs interventions ont marqué cette cérémonie.
Au nom du président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta, Grand maitre des Ordres nationaux, le Général Amadou Sagafourou Guèye a présenté les condoléances les plus attristées à la famille de feu Moussa Balla Coulibaly.
“Qu’Allah dans toute sa mansuétude, remplisse nos cœurs et nos esprits de la sérénité indispensable au Pardon et à la Concorde ! Il y a des moments dans la vie des hommes et des nations où les événements contraires, se succèdent à intervalles réguliers, mettent à rudes épreuves notre résilience.
La disparition de ceux qui ont donné un nom à ce Pays, qui l’ont porté sur ses fonts baptismaux en fait, hélas partie, exacerbant ainsi souffrance et incompréhension, nous jetant dans un désarroi total, empreint de dignité cependant. Que faire d’autre, en tant qu’humain, mortel et croyant que de dire comme Lamartine : “Frappe encore ô douleur, si tu trouves la place ! Frappe, ce cœur saignant t’abhorre et te rend grâce !
Oui ! Acceptons notre douleur et rendons grâce au Tout Puissant. Avec la perte cruelle de Feu Moussa Balla Coulibaly, une autre figure emblématique du Mali nous quitte” dira le Général Amadou Sagafourou. Avant de déclarer : “Pour cette absence, notre pays perd encore hélas ! un de ceux vers qui ont toujours convergé nos regards lorsqu’il s’est agi de prendre conseil. En nous privant de la sagacité et de l’humilité de ce grand homme hors du commun, la mort nous met face au défi de la construction de notre avenir commun en nous appuyant sur un capital-expériences distillé à suffisance toute la vie durant de Feu Moussa Balla Coulibaly”.
Diplômé de l’Institut national de la statistique et des études économiques de Paris, Ancien auditeur du Centre d’études de programmes économiques de Paris et diplômé de l’Ecole des Travaux Publics de l’AOF, Feu Moussa Balla Coulibaly, dira-t-il, faisait partie de la vieille garde africaine, les premiers cadres du Continent. Il fut président du Conseil économique social et culturel, président du Conseil national du patronat et président fondateur du parti UDD.
“Le rôle de feu Moussa Balla Coulibaly dans l’éveil de conscience de la jeunesse dans ce pays, dans la formation de l’élite intellectuelle d’après indépendance, son rôle de modèle dans notre administration et dans l’administration internationale ont été brillamment évoqués.
L’estime, la considération, la reconnaissance des plus hautes autorités du Mali à l’égard de feu Moussa Balla Coulibaly se sont manifestés par sa nomination aux grades suivants de l’Ordre national :
– Chevalier de l’Ordre national du Mali en 1996,
– Officier de l’Ordre national du Mali en 2000,
– Commandeur de l’Ordre national du Mali en 2004
– Grand Officier de l’Ordre national du Mali en 2015.
On ne peut pas mesurer l’étendue de la perte cruelle que constitue pour le peuple malien, l’absence de cette boussole au moment où plus que jamais, nous avons besoin du savoir, de la sagacité, de l’humilité de ceux qui savent parce qu’ils ont vu et vécu.
Oui, Monsieur Coulibaly, vous fûtes des trois types d’hommes que Confucius estime digne d’amitié à savoir :“les hommes droits, les hommes sincères et les hommes qui ont beaucoup appris”.
Rejoignez en paix la rive du monde de la vérité afin qu’Allah, le Très Miséricordieux, vous place parmi ses Saints dans son Paradis Eternel” conclut le Général Amadou Sagafourou Guèye.
Au nom de la famille, l’ancien ministre Tiéman Hubert Coulibaly a adressé ses sincères remerciements à tous ceux qui se sont joints à eux pour rendre un dernier hommage à leur père. “A vous tous qui êtes venus des pays voisins, du Sénégal, de la Côte d’Ivoire… Merci à vous par ce témoignage d’amitié et de solidarité. Notre famille est certes triste aujourd’hui, mais elle n’est pas malheureuse. Elle est triste parce que celui à qui nous rendons un hommage absolument mérité laisse un grand vide difficile à combler et bien attendu nous sommes tous saisis de cette nostalgie de ce manque des êtres qui partent et qui nous laissent désespérés et quelque peu désemparés.
Moussa Balla Coulibaly en tant que père a fait pour nous tout ce qu’il devait faire et même aller au de-là. Il a organisé sa famille et en cela il s’est comporté en chef de famille traditionnel de notre pays. Il nous a inculqué la discipline, le respect, l’honnêteté et la droiture. Notre père et notre mère, Oumou Sidibé (disparue il y a 6 ans et deux mois) sont deux êtres exceptionnels qui nous ont tout donné” dira Tiéman Hubert Coulibaly. Avant d’ajouter : “Moussa Balla Coulibaly, un patriote irrévocable. Il nous a enseigné l’amour de notre patrie. Ces enfants qui ont eu la chance d’étudier dans les pays étrangers ont reçu comme consigne ferme de revenir au Mali une fois les études terminées. Lui-même diplômé de l’Ecole de Statistiques en France y était fonctionnaire et quand le président Modibo Kéïta a lancé l’appel aux intellectuels maliens de l’étranger, il a répondu présent en renonçant à son statut de fonctionnaire français et s’est engagé à travailler pour son pays. C’est ainsi qu’il devint le premier directeur du Plan et de la statistique du Mali indépendant avant d’avoir un cheminement au sein de l’administration malienne et il était très fier du travail qu’il fait pour l’Etat malien. Père exemplaire, patriote exemplaire, il a voulu que nous, sa descendance, nous acceptions de coller à nos racines. Prions ensemble pour qu’il trouve sa place au milieu des justes”.
Le président du Conseil national du patronat du Mali, Mamadou Sinsy Coulibaly, a fait un clin d’œil sur la carrière de l’homme. “Moussa Balla Coulibaly est né le 19 septembre 1933. Son père, Mari Coulibaly, fut fonctionnaire de l’administration coloniale de l’Afrique Occidentale Française. Moussa Balla Coulibaly a passé son enfance à Ségou.
Après son Certificat d’Etude à Ségou, il fréquenta le collège technique de Bamako où il obtint son diplôme des travaux publics de l’AOF. Il était assoiffé de savoir et de connaissance. Cette rage d’apprendre le pousse à poursuivre ses études en France à l’Ecole des Statistiques de Paris. C’est après un riche parcours au service de l’administration malienne comme Haut Fonctionnaire qu’il rejoint le monde du secteur privé, le monde de l’initiative, le monde de créativité et de l’innovation. Il rejoint le secteur privé en 1973. Immédiatement, deux ans après, il fonde en 1975, l’Organisation patronale des industriels (Opi) avec ses camarades du monde de l’économie. Il en sera le président pendant des longues années. En 1982, à partir de l’Opi, est née la Fédération nationale des employeurs du Mali. Moussa Balla Coulibaly ayant la confiance de tous, préside cette organisation historique jusqu’à la mise en place du Conseil national du patronat du Mali. C’est en 2010 qu’il nous demandé de réfléchir sur la nouvelle société de coût marginal zéro. Et c’est à cette même année qu’il prendra sa retraite du monde économique et de la promotion d’un libéralisme social malien” a rappelé le président du Cnpm.
Il poursuit ainsi : «35 ans durant, cet homme engagé et déterminé a tout donné pour l’émergence de l’économie prospère dans notre pays. Son option pour la gestion de la cité était celle d’un consensus entre l’Etat, l’entreprise et les syndicats de travailleurs et ce consensus était vertueux. Il n’a jamais cédé le principe de l’équité entre les partenaires sociaux protégeant à chaque fois que cela s’imposait l’intérêt de l’Etat ou celui des travailleurs en appelant chacun à la modération et au réalisme. Moussa Balla Coulibaly nous a légué une organisation patronale bien structurée et forte. En notre qualité de continuateurs, nous protégerons son héritage. En notre qualité de cadets et de fils, nous honorerons sa mémoire. En notre qualité de compagnons de lutte, nous porterons le fanion afin que son rêve d’un Mali prospère par ses fils et filles soit une réalité. Moussa Balla Coulibaly repose en paix. Tu as tout donné».
El Hadj A.B. HAÏDARA