Il fut le seul homme responsable historique sud-américain à être reçu au Mali après Che Guevara. Ce qui n’est pas rien. On dira ce qu’on a vu : le Président Hugo Chavez savait tabler sur une large mobilisation citoyenne des peuples du Venezuela.
Le 52è Président de la République bolivarienne du Venezuela, Hugo Rafael Chavez Frias, surnommé «El Commandante», n’est plus. Il avait fini par nous habituer à cet étrange sentiment qui tient la plupart des dirigeants de ce monde : la peur de s’écouler. La mort de Hugo Chavez, nous l’espérons, lui donnera tout l’apaisement à la suite de son dernier vain combat. Nous autres Maliens, nous n’avons pas connu Simon Bolivar. Mais nous avons rencontré un jour à Bamako le Président Hugo Chavez. Nous avons entendu, en son temps, le grand «barbudo», Fidel Castro, et sa «grande gueule» ; puis nous avons rencontré Chavez et sa «bonne bouille». Né en 1954, il aura passé seulement 14 ans au pouvoir et prétendant déjà ouvrir ses résultats politiques sur «un socialisme du XXIème siècle». En tous cas, il a fait du Venezuela ce que les enfants de ce pays espéraient qu’il soit. C’est pourquoi nous dirons qu’il faut avoir vu les Vénézuéliens pleurer l’autre jour pour se dire ceci : les larmes de tous les peuples sont de vraies larmes.
Hugo Chavez n’a pas eu à faire sa réputation que de loin
Le Président Chavez est venu au Mali, vous vous en souvenez. De ce jour-là, où en direct face aux caméras, il prit dans ses bras la petite «Mama» qui a dû grandir depuis, pour lui murmurer à l’oreille une berceuse à lui. Ce Président-là a su toucher les cœurs. Hugo Chavez était venu au Mali, il a construit, travaillé avec nos dirigeants de l’époque du Président Alpha Oumar Konaré pour nous laisser ce qu’ils ont pu. On se souviendra par exemple des logements sociaux construits à l’occasion. Dans notre histoire récente, il y eut ce temps des fondateurs, des visionnaires et des précurseurs coexistant dans celui de l’utopie préempté par l’idée d’une révolution propagandiste. On trouvera Chavez dans ce second temps des participations gouvernementales à travers les reconquêtes de la souveraineté offrant une voie de propositions. Voici l’un des principes de base qu’il aura fait connaitre à nos dirigeants : se donner les moyens de préserver nos ressources et à les gérer au mieux pour toutes les générations de Maliens. Hugo Chavez avait tout des indignés et face aux déshérités d’un ordre mondial injuste. Candidat d’un ordre juste, d’abord dans son propre pays, il se sent prêt à rêver d’un ordre social juste à l’international. Combien seront-ils les hommes politiques et des associations civiles de notre pays ? Un Président qui fut tout le temps «au milieu des siens», occupant le terrain avec un sens aigu des opportunités. Nous laissant parfois cette impression de n’avoir rien à apprendre de personne, des autres révoltés. Hugo Chavez sort de la scène mondiale en enjoignant l’évènement par les naseaux, comme on dit.
Bellem et Koné