Au-delà des mers et des frontières, la terrible nouvelle nous est parvenue à Tiébilé et à moi : ainsi donc, tu n’es plus. Furtivement, discrètement, tu as tiré ta révérence, toi que j’ai toujours considéré comme un artiste tant ta façon d’aimer le Mali, ta passion de ce pays nôtre s’était transformée en style de vie. En art de vivre !
Aux premières heures de notre rencontre sur cette autre terre africaine de Dakar, j’ai tout de suite compris que tu faisais partie de cette race d’homme capable de chérir un pays comme seulement on peut chérir le pays qui vous a vus naître. Un lien sacré te liait au Mali comme si ton cordon ombilical y était enfoui. Ce lien, tu l’as façonné à travers tes amis vite devenus tes frères. Ce lien, tu l’as nourri, en arpentant les rues de Paris pour voir tel ou tel autre de nos compatriotes de passage. Ce lien, tu le prolongeais jusque dans les foyers de Montreuil, de Saint-Denis, de Sarcelles, pour savourer un plat de couscous afin de laisser le Mali respirer en toi comme le font, seuls, ceux qui ont le mal du pays. D’ailleurs, Dominique, ne m’as-tu toujours pas donné ce sentiment de ne pas être chez toi en France, d’être un exilé sur la terre de tes aïeux ? Tant le Mali vibrait en toi !
Ce lien, tu l’as inscrit en lettres d’or avec ton journal, l’Echo du Mali pour faire résonner le timbre mandingue dans la nuit fiévreuse de Paris. Alors, tu as fait de ton journal, une tribune pour les Maliens, pour le Mali. Tu y as dressé des portraits. Tu y as peint ce pays dont la passion était intuitive chez toi. Dominique, tu t’es approprié le Mali, notre Mali pour toujours cheminer avec ceux qui t’étaient chers.
Je me souviens alors de nos discussions sur notre vieux pays, interrogeant son passé pour mieux interpeller son devenir. Et notre foi, immense, en cette terre de longue connaissance. On se promettait de faire des choses grandes et belles pour le Mali. N’étions-nous pas Maliens pour concevoir de tels plans ? Aucunement prétentieux car tu as su comme je pense le savoir ce qu’être Malien veut dire !
Dominique, merci d’avoir porté le Mali jusqu’au dernier souffle.
Dors en paix mon frère.
Kadiatou- Atou Konaré
Brazzaville, le 16 Octobre 2010
Dominique Rostini n’est plus
Le correspondant du journal Le Républicain à Paris, Dominique Rostini, a tiré sa révérence ce 12 Octobre. Il a été porté en terre ce samedi, 16 Octobre. Nous adressons à sa famille éplorée nos condoléances les plus attristées. Dors en paix Dominique et merci pour ton amour de notre pays, le Mali. Toi qui ne pouvait faire de mal à une mouche, toi qui n’écrivait que pour positiver tout ce qui était malien, au Mali, en France ou ailleurs. Ainsi, nous fausses-tu compagnie, pour nous laisser un vide incommensurable au journal L’Echo du Mali, après celui laissé, il y a six mois par ton père. Ainsi, as-tu préféré le joindre dans son repos absolu, que de nous tenir compagnie pendant le restant de notre temps, fait de montée d’adrénaline, de haut et de bas, mais jamais sans pause. Ainsi, du moteur de recherche « Google » ne figurera plus de nouvelle signature du correspondant de Paris. Il ne retiendra que d’anciens articles, qu’un avis de décès comme le suivant :
« Paris, Ota,
Jeannette ROSTINI, sa mère
Christine, sa sœur
Ses oncles, sa tante, ses cousines et cousins
Toute sa famille et ses amis
Ont l’immense douleur de faire part du décès de :
Dominique ROSTINI
Survenu à Paris le 12 octobre 2010 à l’âge de 54 ans
Il a rejoint son père :
Pierre ROSTINI
Décédé le 08 avril 2010
La cérémonie religieuse sera célébrée en l’église St Jean-Baptiste d’Ota, le samedi 16 octobre 2010 à 14h30
L’inhumation suivra dans le caveau familial d’Ota
Cet avis tient lieu de faire part et de remerciements »
Sans te dénier le mérite de ton repos, puisque c’est l’incontournable Eternel qui l’a voulu ainsi, nous aurions choisi que tu restes encore, le temps de participer à quelques rounds de la vie, bataille qui ne réserve aucun cadeau.
Dors en paix, car tu as pleinement mené ta part de combat, à hauteur de souhait.
B. Daou