Au nom du président de la République, Grand maître des Ordres nationaux, le Premier ministre a élevé le défunt au grade d’officier de l’Ordre national du Mali à titre posthume. L’artiste était déjà chevalier de l’Ordre national.
Décédé lundi dernier, le célèbre comédien et interprète, Michel Sangaré, a eu droit à un hommage de la Nation tout entière. C’était hier chez lui-même près de l’Église de Djélibougou en Commune I. Le Premier ministre, Soumeylou Boubèye Maïga, la ministre de la Culture, Mme Ndiaye Ramtoulaye Diallo, l’ancien Premier ministre Moussa Mara, des représentants des associations d’artistes étaient tous présents pour rendre un dernier hommage à l’un des comédiens préférés des Maliens.
Au nom du président de la République, Grand maître des Ordres nationaux, le Premier ministre a élevé le défunt au grade d’officier de l’Ordre national du Mali à titre posthume. Michel Sangaré était déjà chevalier du même Ordre. Sa dépouille, couverte du drapeau national, a reçu les honneurs militaires. Pour Soumeylou Boubèye Maïga, c’est une journée de deuil pour le pays, car il s’agit de la disparition d’un grand artiste. Le chef du gouvernement a exprimé la tristesse de toute la Nation.
Il est à rappeler que le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, a suivi personnellement le traitement de Michel Sangaré depuis 2016 et de manière assidue. Il a veillé à ce que les soins requis lui soient apportés aussi bien à Bamako qu’à l’étranger. Malheureusement, la mort est inévitable pour tout être humain. La présence de ce beau monde à ses obsèques signifie bien la reconnaissance de l’ensemble de la Nation à celui qui a incarné un certain éveil culturel, politique et citoyen dans notre pays. «Toute sa vie, Michel Sangaré a continué d’incarner cette prise de conscience. Nous regrettons tous sa disparition», a exprimé le chef du gouvernement, visiblement très ému. Et Soumeylou Boubèye Maïga de promettre, au nom du chef de l’Etat, que la solidarité de la République ne fera pas défaut. Il a aussi promis d’être, comme le veut la tradition, présent auprès de sa famille, ses amis et compagnons pour «perpétuer sa mémoire et son travail».
Kary Bogoba Coulibaly, secrétaire général de la Fédération des artistes du Mali (FEDAMA), a rendu au nom des siens un vibrant hommage au comédien. Michel Sangaré était un homme de foi au sens élevé du devoir et du travail bien fait. Professionnel rigoureux, il ne transigeait pas sur la scène. Il puisait dans ses tripes aussi bien pendant les répétitions que lors des prestations.
Le représentant de la famille du défunt, Théophane Traoré dira qu’artiste, Michel l’a été dans l’âme et dans sa vie de tous les jours à telle enseigne que ceux qui ne connaissaient que sa vie de comédien, se demandaient s’il pouvait être un jour «sérieux». C’était pourtant mal connaître «Michou» pour les intimes et Tiéba pour la famille de Ségou. Déjà élève au second cycle de Niono, Michel séduisait plus d’un à l’école de la Mission catholique dans ses différentes récitations. Il était éloquent mais surtout savait mimer dans les textes.
En Afrique et chez nous en particulier, le prénom n’est pas donné au hasard et peut prédire la destinée. Michel Sangaré a vécu comme son prénom Michel et pseudonyme, a expliqué le porte-parole de la famille, ajoutant que selon la religion chrétienne, dont il fut adepte, l’archange Michel est celui qui combat et terrasse le dragon, le mal à la fin du monde pour que se réinstaure le jardin d’Eden originel.
Militant de la promotion de la jeunesse, Michel s’est engagé dans l’Union nationale de la jeunesse du Mali (UNJM), où il fut secrétaire général adjoint de la sous-section de Djélibougou. Il œuvrait aussi pour l’assainissement du cadre de vie en tant que conducteur de pelle mécanique pour la vidange des poubelles, au compte de la voirie de Bamako. Il fut encadreur de jeunesse, notamment dans plusieurs disciplines sportives. Il enseignait aussi l’histoire et la géographie au second cycle de Doumanzana en Commune I. Ce pédagogue donnait aussi des cours sur la diction, la mise en scène. Il enseignait également les exercices physiques d’assouplissement des muscles pour les comédiens en herbe à l’Institut national des arts (INA).
Artiste comédien mais aussi homme de radio, Michel animait l’émission : «Guinguin Grin» à la radio Kayira. Avant de témoigner de sa reconnaissance aux autorités, artistes, particuliers et anonymes qui ont compati en la douleur de la famille, Théophane Traoré a expliqué que l’altruisme était la principale qualité de Michel et son principal défaut était la recherche de la perfection. Dors en paix l’artiste !
Youssouf DOUMBIA