Harouna Maïga ou Harouna de Sarcelles était un homme constant, selon ses camarades qui n’ont pas tari d’éloges le jour de ses obsèques à Bamako. De même, dans la Commune de Sarcelles en France où il vivait, un hommage vibrant lui a été rendu par le Conseil communal, car Harouna Maïga y a joué un rôle important en tant qu’homme politique, mais aussi au sein de la Communauté musulmane de Sarcelles.
Le jour de ses obsèques plusieurs de ses camarades étaient de la cérémonie. Ils se sont réjouis du parcours militant et d’homme constant que leur camarade a été pendant toute sa vie, car il n’a jamais cessé de faire la navette entre Sarcelles et Bamako. Au nom des camardes de lutte et autres compagnons du défunt Harouna Maïga, l’honneur est revenu à Mahamane Touré de parler de ce défunt ami de longue date, puisqu’ils se sont connus depuis leur jeune âge à Bamako, puis en France.
Qui est Harouna Maïga ?
Né à Bamako le 24 septembre 1935, il est décédé le 27 septembre 2013 à Paris. C’est à l’âge de 78 ans qu’il tire sa révérence, laissant derrière lui une veuve et 7 enfants. Dès l’annonce de son décès, c’est la Commune de Sarcelles en France qui lui a rendu un hommage bien mérité, avant même ses obsèques à Bamako. L’équipe communale pense que c’est une grosse perte pour elle.
Quant aux parents du défunt, ils manquent de mots pour remercier la Commune de Sarcelles et ses habitants. «Harouna Maïga a joué un rôle important dans la Communauté musulmane de Sarcelles. Mieux, il a milité au sein du Parti socialiste français dans la section de Sarcelles avec Dominique Strass Khan, quand ce dernier était à la Mairie de Sarcelles», nous a fait savoir Mahamane Touré.
En effet, c’est en 1964 qu’il arrive en France comme Conseiller culturel à l’Ambassade de France, après le coup d’Etat de 1968. Il fut rappelé au pays, avant de repartir en France. Et c’est après qu’il va démissionner de son poste de Conseiller culturel en 1969, car après le coup d’Etat, il ne voulait pas travailler avec les militaires qui étaient au pouvoir. C’est ainsi qu’en 1972, il commence à militer au sein du Parti communiste de France. Un parti qu’il va quitter en 1976, parce que cette formation politique avait ordonné la destruction d’un foyer africain dans une Commune communiste. Toute chose qui est contraire aux convictions de Harouna Maïga.
Après sa démission, il va au Parti socialiste français. C’est là qu’il fait la rencontre de Dominique Strauss Khan à la Mairie de Sarcelles, où il va militer. Harouna Maïga s’est battu pour les Communautés malienne et africaine en France, mais il ne badinait pas avec l’éducation de ses enfants. Une éducation à la malienne, mais en respectant les lois du pays d’accueil. Toujours ferme et constant, Harouna Maïga, selon Mahamane Touré, suivait ses enfants de près. «Pendant les durs moments de l’Apartheid, il y avait des oranges qui venaient de l’Afrique du Sud, mais il interdisait à ses enfants d’acheter ces oranges, car pour lui, c’est le sang des Africains», révèle-t-il.
Dans la clandestinité, sous Moussa Traoré, et avec d’autres camarades, il faisait partie du Comité de défense des libertés démocratiques. Dans ce Comité, il y avait Moussa Tati Keïta, Mahamane Touré, Aliou Nouhoum Diallo, Ibrahim Traoré dit Archi, Adama Samassékou…
Harouna Maïga était aussi un médiateur lors des différends entre les communautés. Ce qui le conduit à être membre du Conseil des sages au sein duquel il avait pour mission de souder les Maliens, parce que la communauté malienne avait des problèmes. C’est ce qui a continué même avec la création de l’Adéma-Pasj quand il y a eu deux sections en France. Il était alors obligé de faire la médiation afin d’aboutir à un seul bureau. Toujours présent quand il le faut, militant à l’Adéma, il fait partie de ceux qui ont mis en place la première section de ce parti en France.
Homme politique, militant exemplaire et constant, Harouna Maïga est un produit de l’école malienne et de l’éducation malienne. En tant qu’élève, il a fait ses premiers pas à l’école régionale de Bagadadji (actuelle école de la République), avant d’aller faire le cycle secondaire à Sévaré d’où il sort instituteur. Il revient à Bamako pour servir à son école, avant d’être Conseiller culturel à l’Ambassade du Mali en France de 1964 à 1969.
Lors de ses obsèques à Bamako, le 3 octobre 2013, ses camarades ont indiqué ceci, à travers Mahamane Touré : «Il a été un camarade constant et exemplaire. Il a joué un grand rôle au sein de la Communauté musulmane de Sarcelles. C’est pourquoi l’hommage qui lui a été rendu dans cette Commune a enregistré deux fois plus de monde qu’à la levée du corps à Bamako. Nous sommes reconnaissants envers la Commune de Sarcelles, les populations et toutes les communautés pour cette marque de considération».
Tout comme Mahamane Touré, les enfants et la veuve de Maïga ont bien apprécié l’hommage de la Commune de Sarcelles. Ils ne l’ont pas caché lors des différentes cérémonies à Bamako, car à chaque occasion, ils revenaient sur les remerciements à l’endroit de cette Commune française. Dors en paix Harouna Maïga !
Kassim TRAORE