La cérémonie était dirigée par le Grand chancelier des Ordres nationaux, le colonel Djingarey Touré. Les artistes, par la voix de M’baye Boubacar Diarra, secrétaire général de l’Union des associations d’artistes et des producteurs du Mali (Uaaprem), ont tenu à rendre un vibrant hommage à la grande cantatrice. Il a rappelé que c’est Bako Dagnon qui a été à l’origine du Téléthon organisé par l’Uaaprem pour apporter une aide aux populations sous occupation au Nord du Mali. Selon MBaye Boubacar Diarra, cette quête a rapporté 24 millions de Fcfa, plus des pagnes de Batexi, envoyés au Nord grâce à la collaboration de la Croix-Rouge malienne. Il a également noté que c’est Bako Dagnon qui a été l’initiatrice des compositions de l’Ensemble instrumental, en collaboration avec de nombreux artistes, consacrées à la réconciliation. Parmi les combats de l’artiste, MBaye Boubacar Diarra a retenu la signature du décret sur les droits d’auteur et les droits voisins des droits d’auteur.
Pour le ministre de la Culture, de l’Artisanat et du Tourisme, N’Diaye Ramatoulaye Diallo, Bako Dagnon a été une bibliothèque vivante qui s’est aventurée à connaître les secrets de l’histoire du Mali et du Manding, et surtout une bibliothèque qui n’est pas restée figée à attendre que les nécessiteux du savoir que nous sommes, allions à elle. «Par sa musique, ses prises de parole, elle nous inondait de son savoir, nous disait qui nous étions et nous rappelait qui nous avons été. En saluant la mémoire de l’artiste, je dois aussi saluer la grande disponibilité de la citoyenne. Engagée pour son pays, Bako Dagnon ne s’est jamais encombrée de prétexte pour être à l’écart des questions brûlantes du Mali», a déclaré N’Diaye Ramatoulaye Diallo.
Dans l’oraison funèbre du colonel Djingarey Touré, il a, au nom du président de la République, rendu hommage à Bako Dagnon, rappelant son parcours. Née vers 1953 à Golobladji dans le cercle de Kita, la chanteuse Bako Dagnon est la fille d’une griotte animatrice des cérémonies sociales. En 1974 et durant plus de 10 ans, elle s’illustre dans l’Ensemble instrumental du Mali, avec qui elle a réalisé de nombreuses tournées, notamment en Corée et en Chine.
Mémoire vivante d’une culture ancestrale, Bako Dagnon est sans nul doute l’un des secrets les mieux gardés de la musique malienne. Bibliothèque vivante et garante de l’héritage mandingue, cette griotte s’est fait remarquer par son amour à prodiguer des conseils aux plus grands dont, entre autres, Salif Keïta, Oumou Sangaré, feu Ali Farka Touré. Auteure de 5 albums, tous enregistrés sur place à Bamako, Bako Dagnon se fait discrètement entendre au-delà des frontières sur l’Electro Bamako en 2001 ; sur des titres comme Tiga Monyonko, Kémé Bourama, Touramagan, Naré Maghan avec l’album Mandekalu en 2004, Titati en 2007 et Sidiba en 2009.
Chevalier de l’Ordre national du Mali depuis le 14 janvier 2009, l’artiste a marqué la scène musicale jusqu’à ce que la mort l’arrache à l’affection de tous, ce jour 7 juillet 2015, à l’hôpital du Point G, à l’âge de 62 ans. Repose en paix, Bako !
Diango COULIBALY
Que la terre soit legere pour elle et que le tout puissant Dieu, l'accueille dans son paradis.
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