Le Grand Baobab, l’Erudit Chérif Abdoul Khadre de Tamba, a tiré sa révérence. A 104 ans, il était l’un derniers Mohicans de la famille chérifienne. Il a été accompagné ce vendredi après midi à sa dernière demeure par des disciplines consternés.
Chérif Abdoul Khadr AIDARA, le dernier Gardien du Temple de la famille chérifienne
En apprenant ce vendredi à 05 heures du matin, la disparition du Chérif de Tamba, l’Érudit Chérif AbdoulKhadre Aidara, j’étais affligé. Fils parmi les fils, assidu visiteur sous la tente mythique du Chérif, aux odeurs du thé à la menthe, des soupières d’oignon et viande à vapeur (appelées ‘’Banava’’, en langue hassania), il était pour nous, ses enfants, ses neveux, ses petits-fils et ses nombreux disciples, le dernier Gardien du Temple d’une famille, le Porte-étendard d’une Lumière qui nous a autant guidés dans nos actes quotidiens d’être humain. Chérif Abdoul Khadre AIDARA, Descendant du Saint Homme et célèbre guide religieux de la Khadriya, Cheikh Mohamed Vadel, Petit-fils du Prophète Mohamed (PSL), venait de son Hodd Chargui (foyer islamique de Mauritanie et terre des Saints Hommes, appelés autrement Awliyas). Il entama sa vie de notable religieux dans la région de Kayes (République du Mali), avant de prendre le fil de l’eau, muni de sa bouilloire et sa natte de prière pour s’installer à Tambacounda. Sans doute, l’environnement rigoriste de la région orientale (cette partie du Sénégal) et les ressemblances linguistiques et culturelles des habitations de l’Est de la Mauritanie, de Kayes au Mali, y ont beaucoup contribué. En prenant ses quartiers à proximité du ravin marigot de MedinaCoura, sa silhouette devenait d’année en année si familière aux habitants de la ville et au delà jusqu’aux pays environnants. On avait fini de le surnommer le Chérif au turban imposant et fascinant dans la région de TambaCounda. Chérif Abdoul Khadre AIDARA était une personnalité religieuse emblématique. Adulée et aussi crainte pour son turban qui charriait autant de fantasmes aux allures fétichistes, le Chérif était une légende. Ses disciples disséminés un peu partout dans la sous-région lui vouaient respect et admiration. Beaucoup lui prêtaient des dons inouïs de résoudre des choses impossibles. On sollicitait beaucoup ses prières pour aller de l’avant pour changer son vécu quotidien. Tout le monde s’abreuvait sous sa tente, devenue le refuge en continu des orphelins, des opprimés et des SDF( Sans domiciles fixes). Cherif Abdoul Khadre était un protecteur. Il couvait au même degré ses fils, sa famille proche et ses disciples. Le Patriarche Chérif Abdoul Khadre, ne laissait personne indiffèrent, quand il arpentait les rues et les artères de la ville de Tambacounda. Il fascinait son univers du fait de sa prestance vestimentaire et de ses pouvoirs secrets éblouissants qu’il détenait par dévers lui. Il veillait bien sur sa famille. Il était le Cherif de toutes les obédiences confessionnelles. Tout le monde passait prendre ses prières. Du gouverneur de la région, au Commandent de l’état major militaire de la Zone Est, en passant par les chefs de services régionaux et anonymes, le Chérif était d’une disponibilité et écoute extrêmes. C’était aussi la grandeur de sa sainteté au service de la communauté, qui l’affectionnait.
Nous étions si proches. La proximité était sincère et forte. Après qu’il eut été d’avec mon défunt Père Chérif Hassane AÏDARA. Ils portaient à deux le parapluie de la famille chérifienne dans la région orientale. On les confondait souvent. Durant ma tendre adolescence jusqu’à dans l’exercice de mon métier de journaliste, il veillait sur nous comme un Bon Père et prenait souvent de nos nouvelles. Cherif Abdoul Khadre était notre fierté. De Tamba, au Hodd Chargui (Mauritanie) en passant par le Mali, la Gambie et la Guinée, son nom était si évocateur. Il a rempli sa mission de fort belle manière et nous laisse un vide. À 104 ans et, à jamais. Le jour de sa disparition, est aussi anodin. Une forte et longue pluie s’est abattue dans la ville de Tamba et l’a accompagné dans sa dernière demeure. À mes frères, Nabouya, Cheikh, Tourade, Bahayda, Malainine, mes Sœurs Khadessa, Neujatt, Sarata, Diawel, Mouna, Rougui, les neveux, nièces et petits-fils, nous avons perdu un Papa, un Protecteur, un Veilleur. Repose en Paix le Patriarche. Pour toujours…
Par Ismael AIDARA, Directeur Éditorial de Confidentiel Afrique