Le célèbre chanteur et instrumentaliste guinéen, Mory Kanté, décédé le 22 mai dernier des suites de maladies chroniques à l’âge de 70 ans, a été accompagné à sa dernière demeure le mardi 26 mai dernier à Conakry.
Pour cause de pandémie de coronavirus, un hommage national digne de son rang n’a pas pu être rendu à Mory Kanté. Ils étaient seulement quelques 200 personnes aux obsèques du chanteur, notamment des membres de sa famille, des amis et des personnalités politiques, nous apprennent les medias guinéens. Né d’un père guinéen et d’une mère malienne, Mory Kanté aura marqué les esprits à travers sa musique.
Mory Kanté, surnommé le “griot électrique”, a contribué à populariser la musique africaine et guinéenne à travers le monde. Né le 29 mars 1950 dans une impressionnante fratrie de 38 enfants en Guinée, Mory Kanté part chez sa tante, à Bamako au Mali, pour parfaire son éducation à l’âge de 7 ans. D’abord étudiant à l’Institut des Arts de Bamako, il préfère finalement la musique et intègre en 1971 le Super Rail Band de Bamako dont le chanteur était Salif Keita. C’est à ce moment que le chanteur s’essaye à différentes sonorités. Il avait été formé dès son plus jeune âge à être un djéli et à conter en musique les épopées sans fin des familles. En 1960, il vit à Bamako et reçoit les influences de la rumba zaïroise, de la salsa cubaine, mais aussi de la pop rock anglo-saxonne. Il joue du balafon, de la guitare et de la kora. Et puis, d’Abidjan à Los Angeles, il n’aura de cesse de métisser sa musique traditionnelle et électrique. Son groupe, composé de 16 musiciens et 7 danseurs, comprend d’ailleurs 8 nationalités.
Dans les années 80, il décide de partir pour Paris et, après avoir connu le succès sur le continent africain, il s’ouvre au monde avec son titre Yéké Yéké, grâce auquel il connaît un succès planétaire. En 1988, il reçoit la Victoire de la musique du meilleur album francophone.
Dans les années 2000, après un certain désamour d’un public lassé, il s’était un temps orienté vers une musique plus acoustique, au sein d’un orchestre où prédominaient les cordes. Au début des années 2010, dans La Guinéenne, son premier disque depuis huit ans, enregistré au pays, il choisissait la formule du grand orchestre, celle de l’âge d’or de la musique ouest-africaine dans les années postindépendance, avec une suite de mélodies mandingues entonnées sur des grooves occidentaux, aux accents funk, reggae, zouk.
A en croire la presse guinéenne, le ministre de la Culture aurait promis des obsèques nationales en la mémoire de l’illustre disparu après la pandémie de coronavirus. Youssouf KONE