Mort du président guinéen Lansana Conté, au pouvoir depuis 24 ans

0

CONAKRY — Le président guinéen Lansana Conté est mort lundi soir, des suites d’une longue maladie, a annoncé tôt mardi matin le président de l’Assemblée nationale de Guinée, Aboubacar Somparé, à la télévision nationale, aux côtés du Premier ministre et du chef des armées.

Le deuxième président de Guinée, depuis l’indépendance du pays en 1958, dirigeait d’une main de fer, depuis son coup d’Etat en 1984, fomenté une semaine tout juste après la mort du premier président, Ahmed Sékou Touré.

Nul ne connaît la date exacte de sa naissance, mais son âge est évalué à environ 74 ans. Il serait décédé des suites de complications cardiaques et du diabète, mais aucune information n’a été communiquée.

Les rumeurs concernant sa disparition revenaient régulièrement sur le devant de l’actualité, depuis plusieurs années, en particulier depuis début décembre, après sa traditionnelle apparition sur la télévision nationale, pour la fête de la Tabaski, l’Aïd el-Kébir en Afrique de l’Ouest, où il semblait très amaigri.

ôôJ’ai la lourde tâche d’informer le peuple de Guinée de la mort du général Lansana Conté, après une longue maladie", a déclaré Aboubacar Somparé. Je présente mes condoléances à celui qui, durant toutes ces années, a caché ses souffrances physiques, pour apporter le bonheur en Guinée."

Le transfert du pouvoir sera difficile, dans cette ancienne colonie française, qui a connu de nombreux coups d’Etat depuis son indépendance. Conformément à la Constitution guinéenne, le président de l’Assemblée nationale devient président par interim. Il a deux mois pour organiser une nouvelle élection.

Aboubacar Somparé a appelé la Cour suprême guinéenne à constater la vacance du pouvoir et à faire respecter la loi, tandis que le Premier ministre Ahmed Tidiane Souare a demandé à l’armée, dans son apparition télévisée aux côtés d’Aboubacar Somparé et du chef des armées, de sécuriser les frontières du pays. Ce qui laisse penser que le risque d’un coup d’Etat militaire serait écarté.

La France et l’Union européenne avaient affirmé jeudi ôômaintenir et souhaiter poursuivre un dialogue constructif avec les autorités guinéennes, dans le cadre du dialogue politique prévu par l’article 96 de l’accord de Cotonou", tout en constatant que des manifestations avaient ôôagité" la Guinée en novembre et que la situation demeurait ôôencore fragile", pouvait-on lire sur le site internet du Quai d’Orsay.

Le Premier ministre Tidiane Souaré avait récemment fait part de son intention de relancer le processus électoral législatif de 2009, qui aurait ainsi pu avoir lieu à compter du 31 mai 2009. Pour la France, il était alors ôôessentiel que ces élections puissent être libres et transparentes".

La Guinée a été le théâtre d’émeutes et de mutineries répétées ces deux dernières années. La mainmise de Lansana Conté sur le pouvoir dépendait en grande partie de la loyauté de l’armée. Le gouvernement a cédé, en mai dernier, aux demandes d’augmentation de solde des militaires, qui menaçaient de recourir à la violence.

En 24 ans de pouvoir autoritaire, les Guinéens se sont enhardis à défier de plus en plus ouvertement le régime, en particulier les deux dernières années, participant en masse aux grèves lancées par les syndicats, contestant de plus en plus un régime corrompu et réclamant la démission du dictateur.

Le dictateur avait donc décrété la loi martiale au printemps 2007. Il avait alors envoyé les chars sur les manifestants, entraînant la mort de dizaines de personnes.

Située en Afrique de l’ouest, la Guinée est un pays riche en minerais, fer, or et diamants. C’est le plus gros producteur mondial de bauxite, une matière première qui entre dans la composition de l’aluminium. La Guinée fournit la moitié de la production mondiale de bauxite, mais elle reste pourtant l’un des pays les plus pauvres d’Afrique.

Source: La Presse Canadienne

Commentaires via Facebook :