Mort de l’écrivain Moussa Konaté

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Moussa Konaté. © BALTEL/LAMACHERE AURELIE/SIPA
Moussa Konaté. © BALTEL/LAMACHERE AURELIE/SIPA

L’écrivain et intellectuel malien, auteur de “L’Afrique noire est-elle maudite ?”, s’est éteint samedi à son domicile de Limoges, où il vivait depuis 1999.

 

L’écrivain Moussa Konaté s’est éteint samedi, à l’âge de 62 ans. Il s’agirait d’une mort naturelle, selon son frère Ousmane Konaté, joint au Mali. Moussa Konaté, né en 1951 à Kita, était une grande figure du paysage intellectuel malien et l’auteur de romans policiers, qui, derrière les aventures savoureuses de son héros récurrent, le commissaire Habib, donnaient à découvrir le Mali : Bamako dansL”Assassin du Banconi, le pays dogon dans L’empreinte du renard,notamment. Il était aussi le directeur malien du festival Étonnants voyageurs, qui s’est tenu à partir de 2001 et pendant dix ans à Bamako, rassemblant des écrivains africains qui allaient connaître de belles carrières, comme Alain Mabanckou, pour n’en citer qu’un. Il se désolait parfois d’être au milieu des écrivains de son pays l’arbre qui cache la forêt, tant son nom faisait de lui un ambassadeur de la littérature malienne, au détriment, disait-il, de ses compatriotes vivant au pays.

Moussa Konaté s’était découvert tout enfant une passion pour le livre via la lecture de Tintin et entra très vite en littérature. Après avoir été professeur de littérature, il fonda une compagnie de théâtre à Bamako qui lui valut d’obtenir une résidence au Festival des francophonies de Limoges dès 1990. Il quitte son pays pour la première fois à cette occasion mais ne se trouve pas dépaysé : “Je savais tout de la France depuis l’école, par mes lectures et par les films.”

 

 

Liberté courageuse

Au Mali, il s’est illustré comme une voix importante du combat contre la dictature de Moussa Traoré dans des livres comme Mali, ils ont assassiné l’espoir, resté dans les mémoires pour sa liberté courageuse. Tout en vivant en France, il conservait un lien très fort avec son pays, où il avait fondé à Bamako les éditions du Figuier et publié de nombreux ouvrages à destination de la jeunesse.

 

 

Souffrant depuis quelques mois, il était aussi traversé par une mélancolie que la situation de son pays natal a probablement aggravée, freinant son activité d’écrivain. Dans son dernier essai au titre provocateur, L’Afrique noire est-elle maudite ?, l’auteur avait sans indulgence interrogé les maux de son continent d’origine, mais aussi rendu hommage à la société malienne, tout en pointant l’importance de sa nécessaire évolution en dénonçant les lourdeurs imposées par la famille, qu’il nommait “le pacte social”. Il y avait dans le regard de Moussa Konaté un fond de tristesse, mais surtout une intelligence d’une grande finesse, une immense lucidité et une bonté profonde. Pour mesurer sa belle ouverture aux autres, il suffisait de voir son sourire illuminer son visage.

 

Par VALÉRIE MARIN LA MESLÉE

Source: lepoint.fr

Commentaires via Facebook :

8 COMMENTAIRES

  1. A toi mon AMI. Notre rencontre en 1998 à Bamako et notre brève collaboration au sein de l’imprimerie des Editions Le Figuier m’avait ravi. Hélas, tu es parti tôt disparu en laissant derrière toi quantités de publications, pièces de théâtre, d’essais et de titres dont le courageux Mali, ils ont assassiné l’espoir.
    Moussa, de notre dernière entrevue au Salon du Livre à Paris en 2011, je garderais au plus profond de moi ton sourire que je t’ai toujours connu malgré le chaos que traverse le continent Africain et ton pays, le Mali, je sais que cette situation te pesait beaucoup.
    Repose désormais en PAIX.
    jmarie weber

  2. paix a son ame, il fut mon professeur de lettres au lycee sankore, un grand homme de lettres, on avait lhabitude de l’appeler le pere goriot, le roman de balzac qui connait comme sa poche et qu;il aimait beaucoup.

  3. Bel hommage au grand qui s’en est allé! Que la terre lui soit légère. Mes condoléances à sa famille éplorée.

  4. Je suis profondément touché par la lecture du titre!
    Que son âme repose en paix.

    Il a fait beaucoup pour la littérature malienne.
    Son nom restera dans le grand livre.
    Amine.

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