Ses collègues militaires se souviendront toujours de sa silhouette longiligne écumant les coins et recoins du Domaine militaire.
Le lieutenant-colonel Ibrahima Diagne est décédé en mission humanitaire et de paix, samedi dernier au Darfour, au Soudan. Il s”agit d”une très grande perte pour les forces armées nationales et singulièrement pour le Génie militaire dont il était l”une des chevilles ouvrières.
Affable, courtois, discipliné et gros travailleur, le sous-directeur du Génie service, le lieutenant-colonel Nana Traoré rencontré éprouve de la peine à parler d”un de ses anciens adjoints. Il ne tarit pas d”éloges pour le défunt. "Le lieutenant-colonel Diagne était un officier très humble et rigoureux dans le travail. Je n”ai pas vu, un militaire ou un civil se plaindre une seule fois de cet officier. Il avait une valeur humaine immense. Je n”ai connu de Diagne que des qualités", confie le lieutenant-colonel Nana Traoré.
Le directeur du Génie militaire, le colonel Dessouran Koné et son adjoint, le colonel Soumaré retiennent également du défunt, ses qualités humaines, de chef militaire et de technicien confirmé. L”ancien commandant de la compagnie des travaux du Génie et ancien chef de corps du 34è bataillon du Génie avait été promu le 22 septembre dernier au grade de lieutenant-colonel. Diagne n”aura pas le temps de jouir des prérogatives découlant de cette promotion. A cause de l”attaque lâche perpétrée par les rebelles contre un camp du Groupe d”interposition et de sécurité de l”Union africaine au Darfour, qui a provoqué la mort de dix soldats de la paix, dont notre compatriote.
Né le 1er mai 1955 à Kayes, Ibrahima Diagne avait été incorporé dans l”armée en 1979 comme engagé volontaire. Le soldat de 2è classe gravit très vite les échelons de la hiérarchie militaire et accède au grade caporal en 1981, puis de sergent en 1982 après l”obtention des certificats d”aptitudes techniques N°1 et 2. Détenteur d”un brevet de technicien en topographe obtenu en Algérie, le sergent-chef Diagne est admis au concours professionnel d”entrée à l”EMIA de Koulikoro en 1989. Il entreprend à sa sortie une riche carrière d”officier. Sous-lieutenant en 1991 (promotion feu commandant Mama Traoré, avec la première cuvée du Prytanée militaire de Kati), puis lieutenant deux ans plus tard, il étrenne ses trois barrettes de capitaine le premier octobre 1996 et les épaulettes de commandant cinq ans plus tard.
Il a effectué de nombreux stages de perfectionnement dans les différentes composantes des armes du génie, en Allemagne et en France. Au Soudan, l”ancien chef de la division conservation et gestion du domaine militaire, n”était pas à sa première mission d”observation. Il avait déjà été membre du groupe d”observateurs des Nations unies en Sierra Leone en mai 2003. C”est à quatre petites semaines de son retour au pays que Ibrahima Diagne a trouvé la mort.
Suite à cette attaque criminelle et injustifiée des rebelles, le gouvernement a publié un communiqué. "C”est avec consternation que gouvernement a appris l”attaque perpétrée par des rebelles contre un camp du Groupe d”interposition et de sécurité de l”Union africaine au Darfour qui a provoqué la mort de 10 soldats de la paix dont notre compatriote, le lieutenant colonel, Ibrahima Diagne", indique le texte.
"Le Gouvernement exprime son indignation face à cette attaque criminelle et injustifiée des rebelles qui survient au moment où la communauté internationale s”emploie à ramener la paix et la quiétude au Darfour, et condamne fermement cet acte odieux à l”encontre des troupes africaine", poursuit le communiqué.
Fidèle à son engagement à promouvoir la paix et la sécurité en Afrique, le gouvernement réitère sa détermination à appuyer toutes les initiatives de l”Union africaine et des Nations unies, en vue du retour de la paix au Soudan.
"Le gouvernement invite les autorités, soudanaises et l”Union africaine à faire toute la lumière sur ces actes crapuleux afin que leurs auteurs soient traduits devant la justice. Le gouvernement s”incline devant la mémoire du lieutenant-colonel Ibrahima Diagne et adresses ses condoléances les plus émues à sa famille", conclut le communiqué.
L”officier laisse derrière lui, trois veuves et des orphelins inconsolables.
Dors en paix, mon Colonel !
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