Médecine du sport au Mali et en Afrique : Orpheline du Docteur Mamadou Bouaré qui a tiré sa révérence

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Même s’il est dit dans le Saint Coran que «Chaque âme goûtera à la mort»  (Sourate 3, verset 185), la disparition précoce de certains proches nous surprendra toujours. Comme par exemple celle de Dr. Mamadou Karamoko Bouaré (57 ans), arraché à notre affection le 12 avril 2016 par un arrêt cardiaque. La mort était si gênée de l’affronter qu’elle a préféré le prendre par surprise. Parce que Bouaré était un homme bon ! «Allahou Akbar !

Nous nous sommes vus la semaine passée dans son bureau. Il m’a même demandé de lui prendre le prix de quelque chose en Tunisie» ! Telle fut la première réaction d’un ami en apprenant le décès de notre ami et aîné, Docteur Mamadou Karamoko Bouaré des suites d’un AVC.  «Il a commencé à construire sa nouvelle école, il y a une semaine», avait-il ajouté, incrédule. Comme si le farouche Ange de la mort pouvait se préoccuper de nos projets et du vide qu’on va laisser s’il arrache ce que le Tout-Puissant nous a confié de plus précieux : l’ÂME !

Comme cet ami, tout le monde a été presque surpris du décès brutal de Dr. Bouaré qui, quelques heures avant, avait rigolé au téléphone avec certains d’entre eux. Malgré son poids, l’homme était débordant de santé, de joie… Et ce n’est pas quelqu’un qui se négligeait sur le plan de sa santé. En bon praticien, il nous a toujours donné des conseils précieux pour mieux se porter, malgré notre surpoids. Quelles que soient sa bonne santé, sa bonté, sa place capitale dans sa famille et dans sa communauté, ses compétences…l’Homme n’a qu’un seul rendez-vous avec la mort. Et il est inexorable ! Sinon, Dieu sait que ce n’était pas le moment de nous priver de la compagnie de Bouaré, un père de famille chaleureux, fidèle dans l’amitié, dévoué et disponible dans la collaboration… Ce ne sont pas son épouse Maïmouna Sylla dite Maï ou Dr. Seydou Sow qui nous contrediront. Ni tous ceux qui ont côtoyé cet illustre défunt, comme le ministre Hamèye Founé Mahalmadane !

Il fut un entrepreneur et un manager sportif qui a toujours su imposer le respect et la considération des autres en se tenant en dehors des conflits d’intérêt. Mamadou Bouaré était le promoteur des Ecoles supérieures de la santé, installées en Commune I du District de Bamako. Conseiller municipal de la Commune II, premier vice-président de l’AS Réal de Bamako et expert de la médecine sportive à la Confédération africaine de football (Caf), «Bouaréba» fut un homme populaire qui n’a jamais joué au populisme… Pendant son bref passage sur cette terre (57 ans), il s’est illustré par sa foi d’apprendre pour être parmi les meilleurs, sa passion pour ce qu’il fait, sa compétence et surtout son sens de l’humeur. Aussi, le vide qu’il laisse dans sa famille, le cercle de ses amis, la famille du sport et de la médecine sportive est immense.

Après son doctorat en médecine générale obtenu à l’Ecole nationale de médecine et de pharmacie (ENMP) de Bamako, il s’était spécialisé en médecine sportive, après avoir suivi plusieurs formations au Sénégal et en France. Grand passionné du football, il était vice-président de l’AS Réal de Bamako. Comme pour la plupart des natifs de Bozola de sa génération,  «Les Scorpions» représentaient son club de cœur. Expert de la Caf (médecine du sport), Dr. Bouaré fut aussi membre du Comité exécutif de la Fédération malienne de football (Fémafoot) en qualité de président de la «Commission médecine sportive» sous les présidents Salif Kéita alias Domingo (2005-2009), puis du regretté Hammadoun Kola Cissé (2009-2013). Durant les quinze dernières années, Bouaré avait donc suivi les clubs et équipes nationales du Mali dans leurs déplacements à l’extérieur. Et son expertise a été toujours bien appréciée, voire salvatrice dans certains cas d’urgence pour nos footballeurs et leurs encadreurs.

Dans toutes ses responsabilités, Mamadou Bouaré a su combler les attentes, parce qu’il était de ces praticiens à cheval sur le «Serment d’Hippocrate». Un poste (présidence de la Commission médecine sportive de la Fémafoot) auquel il n’a jamais tenté de s’accrocher au prix de son honneur et de sa dignité. Une responsabilité qu’il a mise à profit pour former et lancer le bain de jeunes médecins du sport au Mali. «Personnellement, j’ai pu observer les qualités professionnelles de cet homme affable lors des Can 2010 en Angola et 2012, au Gabon/Guinée Équatoriale», témoigne notre confrère Issa Seydou Doumbia dit «Sacré».

Réputé, adulé, admiré et respecté

«Il était gentil, généreux et sans rancune. Après un malentendu entre nous lors d’un voyage, lui et moi, grâce au président Kola, nous sommes devenus des amis. Et nous ne cessions de nous chahuter. À chaque fois qu’il me demandait : alors M. Le Journaleux, comment vas-tu ?, je lui répondais toujours : Docteur, je vais… en marchant, car j’ai le Sefalé», raconte ce proche du défunt président de la Femafoot, Hammadoun Kolado Cissé dit Kola. En bon médecin, rappelle Sacré, «il pensait à la céphalée. Pour la première fois, il a sorti de son sac un produit pharmaceutique qu’il m’a tendu. J’ai souri en lui indiquant que mon mal de tête est plutôt le CFA-lé (manque de sous). Eclats de rire. C’était ça mon aîné Bouaréba».

«Un grand Docteur vient de nous quitter, laissant une famille du sport et de la santé orpheline. Les auditeurs de «Sports et musiques» ont eu les précieux conseils de ce guide, il y a juste deux semaines sur les bons comportements des sportifs en cette canicule… il intervenait aussi dans «Sports et musiques» deux fois par mois, dans la rubrique médecine du Sport. Le sport pleure son Docteur, Bozola pleure son Docteur. L’école de santé pleure son promoteur», assure notre confrère Idrissa Diakité, animateur de l’émission dominicale, «Sport et Musique» sur la Radio-Mali.

Personnellement, nous avons côtoyé Docteur Bouaré pendant la Can 2013 en Afrique du Sud. Et nous gardons de lui les souvenirs d’un homme courtois, jovial, généreux, franc, loyal… passionné de football. Un serviteur du foot malien à travers la Fédération et l’AS Réal de Bamako. Une immense perte pour notre sport-roi, surtout pour la Grande famille des Scorpions. Bouaré avait un talent immense non seulement comme manager d’entreprise, de sport et d’hommes, mais aussi comme humoriste. Il avait cette fascinante capacité à détendre l’ambiance, quelles que soient les tensions du moment. L’homme n’était jamais à court d’histoires et d’anecdotes aussi croustillantes les unes que les autres. Inutile alors de vous dire que sa compagnie était très recherchée, car très agréable.

De tous les témoignages, ce que nous retenons comme unanime, c’est que la mort de Mamadou Bouaré «est une grande perte pour la médecine sportive au Mali et en Afrique, car il était aussi expert de la Caf». Bouaré, nous sommes déjà nostalgiques de ta contagieuse joie de vivre, de ta bonté du cœur et de ton humanisme. Aujourd’hui, ce sont sans doute les Anges du Paradis qui sont les plus heureux d’avoir à leurs côtés un «ambianceur» hors-pair, un grand homme de cœur et à la compétence immense. Grand Bouaré, repose en paix dans la Grâce éternelle d’Allah !

Moussa BOLLY

 

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