L’Ortm vient de perdre l’un de ses pionniers, en la personne de Zoumana Yoro Traoré, qui fut l’animateur de plusieurs émissions “L’artiste et sa musique”, “L’Etoile du Mali” ou encore “Fréquence Point”. Il est décédé le dimanche 29 mars 2020 en France où il séjournait depuis 2002, suite à une longue maladie, à l’âge de 72 ans. Et son décès n’a rien à voir avec le Coronavirus ou Covid-19. A cause du confinement, Zoumana repose désormais en France. Et le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta, lui a rendu un vibrant hommage dans un communiqué officiel.
a grande famille de la presse vient de perdre un monument, sinon une bibliothèque de la culture malienne et surtout de la musique. Lui, c’est Zoumana Yoro Traoré, arraché à notre affection le dimanche 29 mars 2020 en France où il résidait depuis 2002. Il est décédé suite à une longue maladie, à quelques jours seulement de son 73ème anniversaire (il est né le 12 avril 1947). Cette disparition qui n’a d’ailleurs rien à voir avec la pandémie du Coronavirus ou Covid-19, a été accueillie à Paris tout comme à Bamako comme une grande perte. Ce qui explique l’hommage rendu par notre confrère de l’Ortm Sory Ibrahim Kéïta dans le Journal Télévisé de 20 h de lundi dernier.
Le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta, a été personnellement touché par le décès de Zoumana Yoro Traoré. C’est pourquoi, il a tenu à lui rendre un vibrant hommage dans un communiqué rendu puiblic. “C’est avec une grande tristesse que j’ai appris le décès de Zoumana Yoro Traoré, ancien animateur à la Radio-Télévision nationale du Mali.
Pionnier de la radio rurale, l’illustre disparu aura également été à l’avant-garde de la promotion de la culture malienne, en particulier de notre inépuisable folklore.
Par millions et grâce aux émissions-culte de cet homme de média aux talents innés, nous avons été, pendant deux décennies, en communion avec nos artistes. Zoumana Yoro Traoré mérite pleinement de la nation malienne. Il a fait aimer la musique du terroir à l’intérieur comme à l’extérieur de nos frontières. De chaque artiste du terroir, il fut un ardent défenseur.
A sa famille, à ses proches et à tous ses collaborateurs, j’adresse en mon nom propre et en le nom du Mali, mes sincères condoléances” dira le chef de l’Etat.
Malheureusement, la dépouille de Zoumana Yoro Traoré n’a pu être rapatriée à Bamako pour que la Nation puisse lui rendre un dernier hommage. Cela à cause de la situation que la France et beaucoup d’autres pays vivent actuellement, notamment avec les mesures prises pour lutter contre la pandémie du Coronavirus ou Covid-19. En d’autres termes, presque tous les aéroports dont celui de Modibo Kéïta Bamako-Sénou sont fermés. Finalement, les Maliens de la France ont fait l’essentiel pour accompagner notre regretté Zoumana Yoro à sa dernière demeure.
A Bamako, la famille du disparu était sous le choc. Au premier rang, sa sœur Sitan Traoré à l’Hippodrome qui avait pourtant mis tout en œuvre pour que Zoumana Yoro regagne le bercail. Malheureusement, Dieu en a décidé autrement ! Elle prie pour le repos de son âme.
Notons que Zoumana Yoro fut l’un des premiers animateurs de la Radio Mali en 1975 où il a animé plusieurs émissions, notamment “L’artiste et sa Musique”, “Fréquence Point” ou encore “Sumu”. Ce n’est pas tout. “Les Etoiles du Mali” et “Sambè Sambè”. A travers lui, beaucoup d’artistes se sont bien lancés dans la musique malienne à l’image de Naïny Diabaté.
Et aujourd’hui, ils sont devenus des références dans leur domaine. Et Zoumana Yoro a également contribué à la promotion du riche patrimoine culturel et au développement du monde rural.
C’est en septembre 2002 qu’il s’est rendu en France avec des artistes comme Yah Kouyaté et sa sœur Sadio Kouyaté afin de célébrer la fête de l’indépendance, sur invitation du Haut conseil des Maliens de France. Et finalement, Zoumana a décidé de rester à côté des artistes maliens vivant dans ce pays. Malgré les nombreuses démarches, il n’a pas voulu retourner au Mali.
En novembre 2007, Zoumana Yoro s’est confié à nous lors de notre séjour parisien. Dans cet entretien, il a tenu à remercier Chérif Gadjigo pour lui avoir offert une Mercedes 250 et une enveloppe de 10 millions de Fcfa afin qu’il puisse retourner au pays. “Chérif Gadjigo m’a donné une Mercedes 250 et la somme de 10 millions de Fcfa pour que je puisse retourner au Mali. C’est mon ami Amadou Diabaté de Bamako-Coura, antiquaire de son état, qu’il a envoyé pour me le dire. Cela fait tout juste deux semaines. J’étais vraiment content de ce geste. Sinon, je n’ai pas de lien particulier avec Chérif Gadjigo, mais c’est quelqu’un qui m’apprécie beaucoup.
Chérif ne veut plus que je reste en France. Il veut que je revienne au Mali pour servir mon pays. Tout dépendra du Bon Dieu car moi-même j’aimerais rentrer dans mon pays. Je ne sais ce qui me retient en France”. Parole de Zoumana Yoro Traoré.
Dans cet entretien exclusif, Zoumana précisait aussi : “Je n’ai pas de travail fixe en France. J’anime seulement les concerts que les gens organisent en France. C’est pour vous dire que je me contente seulement de ces concerts”.
S’agissant de son aventure en France, il nous a raconté : “C’est le 22 septembre 2002 que je suis parti en France. J’étais invité par le Haut conseil des Maliens de France pour célébrer la fête de l’Indépendance du Mali. J’étais avec deux artistes à savoir Yah et Sadio Kouyaté. Dès lors, je ne suis plus retourné au Mali. Moi-même, je ne sais pas pour quelle raison. Peut-être que c’était mon destin de passer un bon moment en France. Sinon, je n’ai pas de problème avec l’Ortm, contrairement à ce que beaucoup de gens pensent”.
En tout cas, Zoumana n’a plus revu son pays natal puisque son âme repose désormais en France.
Le Président d’honneur de l’Union Presse et Communication des Maliens de France, Bakary Traoré, a aussi rendu un hommage à Zou dès l’annonce du décès. “Pétri de talents d’animation très imbu de la culture malienne, Zoumana Yoro Traoré a été décoré le 4 août 2015 avec médaille “Etalon Or” de l’Etoile Européenne du dévouement civil et militaire par Mme Ahn Dao, la fille adoptive du président français, feu Jacques Chirac. C’était avec l’accompagnement de l’Association Mali Sini en France. Zoumana Yoro était également un président d’honneur de l’Union Presse et Communication des Maliens de France.
Sa sœur Awa Traoré et l’ensemble de sa famille remercient infiniment tout le personnel de la maison de retraite “Mosaya” et celle des “Petites Sœurs des Pauvres” de Paris où Zoumana a séjourné jusqu’à son hospitalisation.
Vu la situation de confinement général en France, des informations seront données pour les funérailles, dans le respect des règles sanitaires. Dors en paix, Tonton Zou ! Qu’Allah, le Tout Puissant te pardonne et t’accueille dans son parais !” dira Bakary Traoré.
El Hadj A.B. HAIDARA
Oussouf Diagola : “Cher aîné Zoumana Yoro Traoré dors en paix !”
es circonstances nous obligent souvent à sortir du silence imposé. Le décès du doyen Zoumana Yoro Traoré m’oblige ici à un hommage appuyé et une mise au point pour situer les choses, prévenir les on-dit, ne pas laisser les mauvaises langues injecter leur venin face à une douloureuse perte d’un homme célèbre, pionnier dans l’animation radio et télé au Mali.
Zoumana Yoro Traoré, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a ainsi donc tiré sa révérence après un long séjour en France où ces dernières années, il a lutté contre la maladie jusqu’au soir du 29 mars 2020.
Cher aîné, dors en paix! Le Seigneur t’accueillera dans ta dernière demeure!
Tu m’as toujours appelé N’dogo (très affectueusement ton cadet) et en retour je répondais, N’Koro ou Bazou dans le même élan affectif. C’est avec Mbaye Boubacar Diarra que j’ai fait ta connaissance à l’époque, lorsqu’il produisait Etoiles du Mali sur la télévision publique malienne dans les années 90. Quelques années plus tard, nous voilà, tous les deux à Paris. Moi à l’agence intergouvernementale de la francophonie (AIF à l’époque, devenue aujourd’hui OIF) et vous avec sous les bras un projet de production d’une série documentaires pour la télévision. Je n’en dis pas plus sur le titre, mais aujourd’hui l’Ortm fait l’une de ses meilleures audiences auprès de ses téléspectateurs et est fière de produire une de ses séries originales. Tu m’as confié, lors d’un déjeuner, que tu ne pouvais rentrer à Bamako sans le financement de ton projet. Mais l’administration fonctionnant dans son carcan, le destin, pourrait-on dire, a fait que ce financement tant espéré alla ailleurs que vers ta personne, j’allais dire modeste. Plus tard, après, tu me dis simplement : “Allah ka bo, ni a yé min kè o de kagni” (Dieu est grand, tout ce qu’il fait est bon”. C’était la sommité de la sagesse.
Mon fils Ibrahim, que tu as tant chéri en l’appelant “ne ka ballon tan na” (mon footballeur, parce que je lui permettais de jouer dans le salon contre l’avis de Madame) ses frères jumeaux (tu m’as souvent appelé le papa des jumeaux), leur mère que tu as toujours appelée “n’buramoussou”, nous tous te pleurons aujourd’hui. Eux pour les petits moments que tu venais passer à la maison, moi pour tout ce que tu fus pour moi, un tonton, un aîné, un confrère, un conseil… Je suis devenu celui à qui on demandait de tes nouvelles très souvent pour avoir été un de tes très proches. Tu as été digne dans les épreuves. Dieu seul sait combien tu en as subies.
Je sais que tu me laisseras remercier Chérif Gadjigo, Yaye Diallo, Bakiya, Mackenzie, Kadi Camara etc…Non je n’oublie pas Halima Tandjigora et Oumou Denise. A toutes celles et tous ceux qui t’ont assisté à Paris, laisse-moi leur dire Merci.
Repose en paix. “Tout ce que Dieu fait est bon !” m’as-tu toujours conseillé.