Les obsèques et cérémonies rituelles de Seydou Diakité à Warabougou : Les chasseurs, soma et doma rendent un dernier hommage à Waraba Tchatcho, icône des sciences occultes

Seydou Diakité dit waraba Tchatcho est décédé le vendredi 11 mai 2012. Il a été enterré chez lui à Yirimadio, le dimanche 13 mai 2012. C’est le plus populaire des chasseurs de notre pays. Korka Seydou Waraba Tchatcho a 22 enfants, il est décédé à l’âge de 77 ans, à la  suite d’une courte maladie.

Il y a 29 ans de cela il avait creusé sa propre tombe, payé son cercueil et son linceul. Plusieurs personnalités, politiques, militaires dont l’ex – chef de l’état Moussa Traoré ont pris part aux obsèques.  Les amis,  parents et connaissances n’ont cessé de revenir sur le parcours exceptionnel de Seydou Diakité dit Waraba Tchatcho. Les obsèques se sont déroulées en deux temps, il y a eu d’abord des témoignages et des messages forts de certaines personnes puis ceux des chasseurs et soma. C’est après l’arrivée de Moussa Traoré, l’ancien chef de l’Etat que tout a commencé. Il s’est présenté devant le cercueil avant de rendre un vibrant hommage à celui qui fut un de ses amis. Au nom de l’ex junte, Seydou Diakité dit diafrin Seydou, a pris la parole, pour remercier tous ceux qui ont fait le déplacement. Cela au nom du capitaine, Amadou Haya Sanogo. Il dit être présent aussi parce que Wara est un parent à lui-même. La seconde partie de la cérémonie, a été la plus longue. Elle fut consacrée à l’enterrement, chose qui revenait aux chasseurs. Tout le rituel a duré plus de 3 heures sous la musique des chasseurs.

Des coqs ont été sacrifiés pour accompagner la dépouille dans sa tombe. C’est en 1982 que Wara avait construit sa tombe, 20 ans plus tard il a acheté son cercueil et le linceul. Toute la journée, c’était des chants, danses des chasseurs dans la cour de l’illustre disparu.

Seydou Diakité est né un vendredi à Baco Djicoroni, un quartier de Bamako. Il est le fils de Siné Diakité et de Korka Sidibé. De son vivant, il avait prédit de mourir un vendredi. Effectivement, il a tiré sa révérence le vendredi 11 mai 2012. Korka Seydou, Seydou Diakité, Waraba Tchatcho, Yirimadio Lassidan, Mali fanga wara, Siné ka dangaguélé, wara pour les intimes, dort désormais chez lui-même à Warabougou comme il l’avait souhaité. Paix à son âme !

                                Kassim TRAORE

Les chasseurs se prononcent

Diafrin Seydou Diakité : ” C’est un vrai chasseur qui s’en est allé “

Ce que je retiens de Seydou, c’est son sens de la vérité et son franc – parler. Il était très sociable, très jovial. Il s’est toujours battu pour la cause des autres de nous tous d’ailleurs. Le décès de mon frère est une grande perte pour l’Etat malien d’abord, les chasseurs, ensuite  sa famille.  Mais une grande perte pour les cercles de Bougouni, Kolondiéba et Yanfolila, parce que nous sommes originaires de ces localités. Je suis très content de tous les chasseurs aujourd’hui, parce que toutes les associations sont présentes ici. Les chasseurs des forces de sécurité sont là, c’est largement suffisant pour Seydou. Je précise que moi-même je suis là en tant que coordinateur général du PC à Kati, c’est le capitaine, Amadou Haya Sanogo, qui m’a envoyé ici, c’est pourquoi je parle en son nom et au nom des forces de sécurité du pays.

Fodé Moussa Sidibé : ” C’est l’un des grands chasseurs et soma, qui s’en va comme ça “

Il faut dire que Wara était une référence, il était d’abord mon grand frère. Il faut dire que c’est l’un des derniers grands chasseurs, qui s’en va comme ça. Il a été grand chasseur, un homme très populaire, dynamique et toujours participatif. Il a participé à tout. Il y a rarement des situations concernant les chasseurs, où Wara ne s’est pas investit entièrement. Autre élément on est le plus souvent enclin à faire la différence entre chasseur et soma. Mais les deux se sont retrouvés en Wara seul.

En même temps qu’il a été grand chasseur, il a été grand soma. Ça c’est très rare, c’est quelque chose qu’on trouve rarement sur toute l’étendue du territoire malien. Ou on est grand soma, donc on n’est pas chasseur, ou on est chasseur, on n’est pas soma. Pour Wara c’est le contraire. Il a été les deux à la fois et en même temps. L’entente entre les chasseurs, Wara de son vivant s’est battu pour ça. Et grâce à lui beaucoup de situations conflictuelles entre les chasseurs ont trouvé des solutions idoines. Le départ de Wara est une grande perte pour toute la confrérie des chasseurs du Mali, mais également pour tout le Mali entier. La remarque que nous faisons, c’est l’absence de certains grands chasseurs, ça montre le manque d’entente. C’est pourquoi, Wara s’est battu. La cordialité entre les chasseurs n’est toujours pas une réalité effective. Ce sont les grands chasseurs, qu’on attendait, nous regrettons leur absence. Ils auraient été là, nous aurions dit  aujourd’hui que ce pourquoi  Wara s’est battu, a trouvé une solution. Mais malheureusement ce n’est pas le cas. L’appel que j’ai à lancer, c’est d’inviter  les chasseurs du Mali à s’unir, à s’entendre surtout dans la situation actuelle que nous vivons, à se préparer, à se tenir prêts pour la libération des villes, villages, fractions et quartiers, qui sont entre les mains des envahisseurs de notre pays.

Kontoron Seydou Diarra : “Waraba Tchatchio nous a laissé un lourd héritage”

C’est un homme honnête, il participait aux activités de nous tous, il le faisait sans arrière pensée, je peux même dire, qu’il le faisait par dépassement. En tout cas  la solidarité n’était pas un slogan creux pour lui. C’est une grande perte pour notre pays, parce qu’il n’était pas n’import qui. Il était chasseur et soma, cela n’est pas donné à n’importe qui. Il nous a laissé un lourd héritage, nous ferons tout pour le supporter, et très bien le supporter, il y va de notre avenir ”

Daouda Yattara : “le maître est parti sans nous aviser”

Wara était notre maître, nous lui devons beaucoup de choses, parce que ce sont eux qui nous ont encouragé à être ce que nous sommes aujourd’hui. Nous ne pouvons que nous incliner devant sa tombe, lui dire merci pour tout ce qu’il a fait pour les chasseurs, soma, le Mali, sa famille et tout ceux qui l’ont connu de loin ou de près. Le maître ne devrait pas partir sans nous aviser, parce qu’il le savait.

Sékouba Kouyaté Donsoba : “Son nom est collé à l’histoire du Mali”

Wara est l’homme des grands souvenirs de ce pays. Très petit on entendait parler de Waraba Tchatchio. C’était un grand chasseur.  Un chasseur c’est avant tout de se connaître, de connaitre sa culture et d’aimer son pays. Tout le monde sait que Wara aimait son pays, pas pour de l’argent. Il a tué tellement d’hippopotames afin que des populations puissent retrouver la quiétude et la paix. Parce qu’avant les militaires, il y avait des chasseurs qui sécurisaient nos villages et villes. C’est pour vous dire qu’il est né homme, il est décédé homme. Tout petit, nous l’avons connu comme chasseur, son décès est comme un grand arbre qui s’est couché, une bibliothèque qui brûle. C’est un grand soma qui est parti.

Je parle des animaux qu’il a tués, je parle aussi des gens qu’il a eu à soigner, des gens qu’il a aidés socialement, des chasseurs qu’il a unis. C’est de cela que je parle, parce qu’un chasseur c’est avant tout le social, la solidarité. C’est pourquoi, nous sommes attristés, nous demandons à ses fils de s’entendre, de se donner la main, pour être comme leur père. Je demande de l’entente entre les chasseurs, la discipline, parce que la confrérie des chasseurs est une armée. Il faut de la discipline, il faut que les débutants respectent leurs maîtres, c’est pourquoi Wara s’est battu, il faut que les chasseurs cessent de trop parler maintenant et de poser des actes concrets, parce qu’il y a trop de paroles sans effet.

Ousmane Soumano : ” J’ai été son premier commandant  d’unité à San “

Ce que je peux dire de Seydou Diakité, c’est que l’on prie, ou pas, il faut aimer Dieu. Il a aimé Dieu. Ces hommes et femmes qui sont là en masse ne viennent de nulle part. J’ai été son premier commandant d’unité de la gendarmerie  à San, il ne connaît pas le mensonge, il ne sait pas trahir. Regarde son domaine, dans la gendarmerie personne ne possède une telle superficie, c’est parce qu’il a bien fait. Il a été prévoyant. Mais, il s’est bien comporté avec les gens dans l’entente et dans le travail bien fait. C’est un bon travailleur, il a aimé son pays. Bien qu’il ait quitté la gendarmerie, il a gardé des bonnes relations avec tout le monde. Tous ceux qui ont travaillé avec lui, savent qui il est. Nous ne pouvons que prier pour lui, que son âme repose en paix.

N’Faly Dramé : “Il a été un camarade exemplaire dans la gendarmerie”

Nous étions à San ensemble, nous avons fait le stage. Nos lits étaient côté à côté, nous avons étudié ensemble. Et nous avons  travaillé ensemble dans l’armée jusqu’à notre retraite. On se fréquente mutuellement. C’est ainsi que nous avons créé l’association de la promotion 1963 de la gendarmerie. Seydou Diakité était membre. Il participait aux réunions, même en cas d’empêchement il nous envoyait sa cotisation. C’est un homme honnête. Si nous venons chez lui les matins, on trouve que les gens l’attendaient.

C’est nous seuls, qui pouvions le réveiller, on tape à la porte de sa chambre. S’il ouvre, ou si on rentre on le tire par les pieds, pour lui demander de se réveiller.  Il nous disait : c’est vous seuls, qui pouvez me faire cela, je vais me réveiller. Donnez- moi le temps de prendre une douche. Vraiment c’était l’entente, la complicité, la joie, la solidarité. Seydou a été un camarade sans pareil, nous ne pouvons pas en dire assez.

     Rassemblés par Kassim TRAORE

Commentaires via Facebook :