Le Mali en deuil : Aïssata Cissé rejoint le monde des immortels

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La nouvelle est tombée comme un couperet sur la tête des Maliens ce jeudi 30 avril 2020. Aissata Cissé, ancienne présentatrice de l’ORTM est décédée dans la nuit de mercredi à jeudi 30 avril 2020.  Au-delà de l’ORTM, c’est le Mali tout entier qui est en deuil.

 

Depuis 2017, elle n’a pas fait d’apparition publique à une cérémonie  officielle, Mme Aissata Cissé, cette voix suave qui obligeait les  auditeurs de radio-Mali des années 59 à s’intéresser au journal parlé n’est plus. La doyenne de la presse publique a rejoint le monde des immortels avec tout son savoir acquis pendant 45 années de vie professionnelles laissant la presse malienne dans sa globalité inconsolable.  Au Mali, elle faisait partie de ce cercle fermé de ses journalistes maliens à donner l’envie à embrasser le métier de journaliste.

La référence, la conseillère, l’inégalable, Aissata, vos qualités dans le domaine de l’audiovisuel, depuis Radio Soudan jusqu’à l’Office de radiodiffusion télévision du Mali (ORTM) en passant par Radio Mali, ne sont cachées à personne. Vous vous êtes dédiée à la tâche. Oui nous n’en doutons point, votre professionnalisme a dépassé les frontières du Mali  et même traversé les grands océans.

Vous avez fait partie de ceux qui ont fait la Radio-Mali. Arrivée très jeune à Radio Soudan en 1959, la Nyéleni a vécu tous les changements de la seule chaîne publique du Mali (Radio Soudan, Radio Mali, Radiodiffusion télévision du Mali et Office de Radiodiffusion télévision du Mali). Malgré la retraite, Mme Aïssata Cissé animait quelques années après sa retraite avec Boncana Maïga, une émission coproduite par l’ORTM et Mæstro Sound.

La dame à la voix captivante, s’est spécialisée dans la séduction des auditeurs surtout quand elle présentait le journal parlé à la radio nationale ou à la télé. Pour de nombreux fans des émissions de l’ORTM, Aïssata  ne peut être comparée à personne.  Unique dans sa présentation. « C’est surtout sa voix qui me poussait à écouter la radio même si j’avais pas envie », témoignait un auditeur de Radio Mali.

Avec 45 ans au service de la nation, Aïssata Cissé, selon les témoignages de ses anciens collaborateurs, a été un des piliers sinon la cheville ouvrière de Bozola. « Si ce n’est pas le travail, le courage, mais surtout l’ambition de vaincre, il est rare de rencontrer dans le milieu de la presse des femmes tenir pendant tout ce temps », concède un des anciens collaborateurs.

On se rappelle qu’au cours de la cérémonie organisée le 19 avril 2007 qui a consacré le départ des anciens de l’ORTM, le directeur général de l’ORTM, Sidiki N’Fa Konaté, a lâché : « Aïssata est une véritable bibliothèque ambulante et le témoin vivant de l’histoire des médias au Mali ». Pour lui, Aïssata est « cette battante qui a ouvert la voie à la promotion de la femme dans les médias ».

Celle qui aimait dire que le  « journaliste se fixera alors les barrières à ne pas franchir. Autrement dit, il s’interdira de prendre fait et cause pour une partie ou l’autre. Il s’interdira surtout le mensonge et proscrira toute velléité d’envenimer la situation. Un véritable sacerdoce dans le dévouement constant à la patrie, viatique du bon journaliste », a été toujours au rendez-vous.  Ses efforts ne pouvaient  rester sans être récompensés. Les autorités ont aussi reconnu sa valeur en la décorant. Les autorités de la Radio nationale ont tenu à immortaliser la citoyenne qui continue à être très active. La salle de rédaction du journal parlé porte son nom. Quoique retraitée, Aïssata n’a rien perdu de son talent. On le croirait toujours à ses vingt ans. De nombreux jeunes journalistes gagneraient à aller à son école.

Djibril Diallo

 

 

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