Le confrère avait fait fonctionner son stylo à bille et le clavier au compte de diverses grandes rédactions de la place avant de ceindre l’écharpe tricolore de maire de la commune rurale de Ouélessebougou
Fraîchement émoulu de la faculté des sciences politiques et juridiques, Yaya Samaké était piqué par le virus du journalisme. Affable et doué du sens élevé du devoir, il était de tous les grands rendez-vous. Les couloirs du Centre international de conférence, du Palais de la culture Amadou Hampâté Ba et d’autres lieux des grand-messes politiques notamment n’avaient aucun secret pour lui. Ce reporter au coup d’œil excellent, à la plume alerte, affectionnait beaucoup le terrain, paraissait posséder le don d’ubiquité. A peine rentrer d’un voyage qu’il était à nouveau sur pied de guerre, se dépensant sans compter pour satisfaire la curiosité d’un lectorat exigeant dont l’envie de lui lire le poussait sans le dire à faire mieux et plus.
Comme ses illustres devanciers, il avait connu les joies et les peines du métier : le plaisir d’être utile qui cache mal l’absence d’une vie de famille. Sa force à travailler en équipe, à donner le meilleur de lui-même en toute circonstance et en tout lieu, l’avait poussé à troquer son stylo à bille, qu’il avait fait fonctionner au compte des grandes rédactions de la place, contre l’écharpe tricolore de maire de la commune rurale de Ouélessebougou.
Cette commune qu’il avait tant portée dans son cœur l’a vu s’éteindre dans la fleur de l’âge la semaine dernière au terme d’une longue maladie. Dors en paix immortel ! Immortel par tes écrits et ton grand estime pour une profession que tu avais quittée momentanément pour encore servir les humains. Le destin cruel nous a sevrés de ton retour.
Georges François Traoré