“Bâtonnier Sèye, tu as dignement et brillamment rempli ta part de combat dans ce monde ici-bas”
Pour le Bâtonnier de l’Ordre des avocats, Me Moustapha Cissé, la disparition de Me Magatte Assane Sèye est une perte énorme pour la grande famille judiciaire au Mali et en Afrique. “Ta disparition nous chagrine, nous rend triste. Notre peine est immense. Notre douleur si silencieuse est pourtant si vive ! Ta famille, tes parents, tes amis, tes confrères, te pleurent, ils sont inconsolables. Tu laisses un grand vide. Le Mali et l’Afrique perdent un de ses dignes et valeureux fils”. Parole du Bâtonnier lors des obsèques de l’un des valeureux fils du Mali, le vendredi 26 février 2021.
Le vendredi 26 février 2021, le Bâtonnier, Me Moustapha Cissé, a rendu un vibrant hommage à Me Magatte Assane Sèye, décédé le 20 février dernier aux Emirats Arabes Unis, des suites d’une maladie. La disparition de cet éminent avocat très respectueux est une grande perte pour la grande famille judiciaire.
“Aujourd’hui, c’est dans la tristesse que nous sommes réunis. Aujourd’hui, le Barreau du Mali est en deuil. Aujourd’hui, l’ensemble des Avocats du Mali pleure l’un des leurs, à savoir le Bâtonnier Magatte Assane Sèye, celui-là même qui aura été jusqu’à son dernier souffle, Avocat, au sens noble du terme. Me Magatte Assane Sèye s’en est allé !” dira Me Moustapha Cissé.
Selon lui, le non Sèye a toujours brillamment résonné dans la grande et belle famille judiciaire depuis le patriarche Assane Sèye, père de Me Magatte. “Oui, fils de Feu Me Assane Sèye, Me Magatte Sèye était aussi l’enfant béni de tout un collège d’anciens juges, amis de son père, devenus les premiers avocats au Barreau du Mali, comme cela était permis par les textes, à l’époque.
Le fils Magatte, celui à qui nous rendons hommage, a su maintenir haut le flambeau de cette belle fierté familiale par son parcours professionnel, empreint d’humilité et rigueur dans la responsabilité unanimement reconnue de nous tous, Avocats du Mali, et de tous les praticiens du droit. C’est, nous l’avons compris, en reconnaissance et pour l’accomplissement de l’œuvre de ses pères en faveur de l’édification d’une justice malienne forte et crédible, après les indépendances, que Me Magatte a consacré sa vie, son expérience et son expertise à la grandeur du Barreau dont il a toujours défendu l’intégrité, la cohésion, et l’influence, dans un contexte social et politique, souvent difficile !
Son riche parcours professionnel est une leçon de vie pour nous !
Affable, pédagogue, formateur et attentif aux problèmes sociaux de ses jeunes confrères, de ses clients et de ses amis, il avait une solution rassurante pour tous ceux qui franchissaient le seuil de son cabinet. C’est ainsi qu’il a su créer des relations de respect et de convivialité avec tous les acteurs du monde judiciaire ainsi que les acteurs institutionnels de notre pays. Ainsi, le Bâtonnier a su se faire un prénom par son amour du travail, son courage, son abnégation et sa persévérance. Il s’appelait Magatte Assane Sèye”. Dit le Bâtonnier Moustapha Cissé.
Pour le Bâtonnier, l’aura de Me Magatte Sèye dépassait les frontières du Mali puisqu’il était une référence dans notre espace sous-régional.
“Me Magatte était Avocat dans l’âme. Il ne faisait que ça et n’a pas dévié d’un seul iota, malgré les multiples opportunités pour d’autres challenges ou d’autres horizons qui s’offraient à lui.
Il a fait de la défense des plus pauvres et des plus faibles un trait particulier de la vision qu’il avait de la profession d’avocat.
L’homme avocat ou l’avocat homme qu’il a toujours été, est resté tel jusqu’à son rappel à Dieu. Me Magatte Sèye a ôté pour de bon la robe, cette belle robe qui lui allait à ravir et s’est couché à jamais.
Nous n’entendrons plus cette voix de stentor, cette voix si grave, cette voix si puissante, retenir dans nos salles d’audience, dans nos assemblées générales.
Nous n’aurons plus droit de profiter de cette bonhommie avec ses conseils avisés au service de ses jeunes confrères, orphelins, auxquels revient la lourde responsabilité de perpétuer son combat pour un Barreau du Mali fort, compétent et respecté.
Le Tout puissant en a décidé ainsi ! Humains que nous sommes, nous respectons sa volonté et prions pour le repos de son âme.
Ta disparition nous chagrine, nous rend triste. Notre peine est immense. Notre douleur si silencieuse est pourtant si vive ! Ta famille, tes parents, tes amis, tes confrères, te pleurent, ils sont inconsolables. Tu laisses un grand vide.
Le Mali et l’Afrique perdent un de leurs dignes et valeureux fils.
Bâtonnier Magatte Sèye, tu as dignement et brillamment rempli ta part de contrat dans ce monde ici-bas.
La volonté divine faite, nous ne pouvons que nous incliner et implorer le Maître de l’Univers pour le repos de ton âme en paix dans l’amour des siens”, a conclu le Bâtonnier Cissé.
Né il y a de cela 67 ans à Bamako, Me Magatte Sèye a effectué ses études primaires et fondamentales à San et à Bamako. Après son baccalauréat Série Philosophie-Lettres obtenu au Lycée Askia Mohamed, il s’envolera ensuite pour la France, précisément à l’Université de Pau et des Pays de l’Adour, pour des études de Droit.
Six années après, les efforts de Me Magatte Sèye seront couronnés de succès avec l’obtention d’un Doctorat de troisième cycle, option “Criminologie et Sciences Pénitentiaires”. La même année, il obtint le Certificat d’Aptitude à la Profession d’Avocat.
C’est en 1980 qu’il a prêté serment au Barreau du Mali. Ce fut le début d’une riche carrière professionnelle des plus réussies durant 40 ans.
Président et membre fondateur de l’Association des jeunes avocats du Mali (Ajam) de 1983 à 1984, membre du Conseil de l’Ordre des Avocats du Mali de 1985 à 1987, Secrétaire de l’Ordre de 1987 à 1990, Bâtonnier de l’Ordre des Avocats du Mali de 1991 à 1995.
El Hadj A.B. HAIDARA