Pas de case qui sera épargnée : pour le reste, c’est seulement quand et comment, en quelles mains et dans quelles dispositions. On y coupe pas et c’était valable pour Thierno Diallo – familier des lecteurs du Républicain dans les années 1990-, disparu hier, dans sa cinquantaine. Son mal, il l’avait traîné pendant plusieurs mois et l’ami privilégié que j’ai été peut dire, sans exagération, que Thierno savait comment tout cela finirait mais qu’à la sourde douleur des processus terminaux, il a su opposer la hauteur stoïque des gens d’exception.
Comme s’il n’était pas concerné, il m’avait souvent parlé du « moment » avant d’être bloqué par ma lâche esquive des échanges de cette nature. Et voilà, tout est fini : la fine silhouette du Peul authentique, l’humour subtil du dévoreur de bouquin, les éclairages de l’analyste hors pair. Il reste aujourd’hui le deuil de la famille, le regret des amis, la solitude de la veuve.
Mais la vie étant plus forte que la mort, tous les droits reprendront. Et de Thierno Diallo, en plus de sa brillante progéniture, survivront peut-être deux manuscrits à ,coûte que coûte, éditer : d’abord un manuscrit d’histoire intéressant en ce qu’il est une froide réfutation des thèses du Fouta durant la guerre contre le Macina et ensuite un recueil de poèmes mystiques peuls d’une rare profondeur et d’une sonorité sans pareil. Allez, adieu l’artiste qui, de son humour macabre est en train de répondre: « pas pour longtemps ».
Adam Thiam