Décédée le samedi à l’hôpital Mère Enfant de Kayes à plus de 100 ans et conduite à sa dernière demeure le lendemain, dimanche 07 janvier, à Samé Plantation, Siraboula Macalou a été plus qu’une grand-mère paternelle mais une maman pour moi.
Maa, comme tes enfants et petits-enfants t’appelaient affectueusement, aujourd’hui, mercredi 14 février, marque le 40e jour de ton rappel par Dieu, le créateur de la Terre et des Cieux. C’est avec beaucoup de peine que je te vois partir sans pouvoir rien faire pour te retenir.
Siraboula Macalou, à présent, je n’arrive pas à t’oublier et ma peine devient chaque jour plus grande. Inutile donc de rappeler que c’est avec beaucoup de peine et de difficultés que je me suis mis à table pour te rendre hommage à travers ces quelques lignes. J’ai d’ailleurs essayé à plusieurs reprises. En vain. Pourtant, Dieu seul sait qu’il est facile pour moi d’écrire.
Alphonse Lamartine dans ses Méditations poétiques n’a pas tort quand il affirmait dans son poème Le Lac que quand « Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé ». Jean D’Ormesson ajoute : « Il y a quelque chose de plus fort que la mort, c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants. » Maa, j’ai du mal à te conjuguer au passé un mois et dix jours après ton départ.
Toi qui, malgré le poids de l’âge, s’était toujours battue pour tes enfants, tes petits-enfants et tes arrières petits-enfants. Durant toute ta vie, tu n’as cessé de nous prouver que l’amour pouvait défier toutes les lois de la vieillesse.
Née à Nèfala dans la commune de Sadiola, il y a plus de 100 ans, Grand-mère est partie très tôt en laissant ses enfants, petits-enfants et arrières petits-enfants inconsolables. Macalou, comme les autres l’appelaient affectueusement, est sans aucun doute l’absente la plus présente dans la famille SISSOKO et alliées.
Pour ma part, Siraboula Macalou a été plus qu’une grand-mère, mais une maman, au point qu’on m’appelait Maa Ka Dra (Dra, le fils de Maman). Maa, dont je pleure encore le départ dans le royaume des justes, occupe une très grande place dans ma vie pour m’avoir élevé en inculquant des valeurs comme la connaissance de soi, l’amour du prochain, l’honneur, la dignité, la reconnaissance du mérite, le respect de l’autre et des engagements pour ne citer que celles-ci. C’est cette brave Dame, qui, jusqu’à sa mort, n’a parlé que le malinké, m’a protégé contre les affres de la vie en me cajolant et en me couvant.
Quand je tombais malade, tu étais la première personne à le savoir puisque je dormais dans ta chambre. Je ne sais pas le nombre de fois, la nuit tombée, où Maa est partie me chercher au parc à bétail de Papa, situé à la lisière du village. Je ne sais pas le nombre de fois où, cette Dame, d’à peine 1m70, a bravé les intempéries pour aller me chercher soit au champ soit au village ou même sur le chemin de l’école. Des souvenirs intarissables, je peux en citer des milliers d’autres.
À chaque fois, tu me grondais d’une voix douce et bienveillante en me déconseillant de ne jamais le reprendre. Insouciant et naïf, je le reprenais à la première occasion. Et elle, très affable, était prête à venir de nouveau à mon secours.
Une femme généreuse
Maa me connaissait mieux que mes propres parents et supportait tous mes caprices. Ce qui fait que, même marié, une fois au village, je dormais avec ma femme dans ta chambre. D’ailleurs, j’ai dormi dans ta chambre quand je suis parti au village pour ton enterrement. Après avoir passé trois nuits à la maison, Papa m’a posé la question : où est-ce que tu passes la nuit ? J’ai répondu : dans la chambre de Maa. Et lui interloqué d’insister : tu dis où ? Et moi de répondre : oui, dans la chambre de Maa. Ce sera ainsi jusqu’à la fin de ma vie.
Une fois à Samé Plantation, je dormirai dans ta chambre comme de ton vivant. C’est la seule façon pour moi de sentir ta présence et d’être à tes côtés. À présent, sans pour autant t’oublier, il me reste de sauvegarder les valeurs que tu m’a toujours inculquées.
Le jour de ton enterrement, plusieurs personnes ont témoigné de ta générosité, ton amour du prochain. Comme la mère Thérèsa, tu as aimé les fils des autres plus que tes propres enfants. En tout cas, c’est ce qui ressort de tous les témoignages.
Quarante jours après ton départ, j’ai une pensée pieuse et émue pour tous tes enfants (Sallé, Magna, Boua, Dalla), particulièrement mon pour père, ton premier fils, Balla comme tu l’appelais affectueusement. Tu étais plus qu’une maman pour lui. Il commençait sa journée dans ta chambre, même s’il devait sortir tôt le matin, et ne partait jamais se coucher sans venir te voir et échanger avec toi.
J’ai aussi une pensée émue pour tous tes petits-enfants et tes proches partout à travers le monde. Siraboula Macalou, tu rejoins ainsi ton mari, Bakou SISSOKO, décédé 48 ans plus tôt, et tes coépouses dans le royaume des Justes.
Comme le disait George Sand : « Tout est beau et serein dans la mort du juste. Son départ cause des larmes, mais son souvenir laisse l‘espérance et la consolation sur la terre ». Je t’envoie un adieu suprême et je souhaite du fond du cœur que ton âme repose dans la paix éternelle comme elle a vécu dans le bien sur la terre ! Qu’Allah que tu as toujours honoré, t’accueille en son Saint Paradis ! Amin.
Ton petit-fils Abdrahamane SISSOKO
Paix à son âme. Que la terre lui soit légère. 100 ans c’est pas mal, c’est même excellent et exceptionnel. Que le Bon Dieu nous accorde pareille longétivité à ceux qu’elle a laissé derrière et à nous tous.
Une belle plume, paix à son âme
On oublie pas les bonnes personnes, elles nous accompagnent tout au long de notre séjour ici bas.Tiens bon Maa ka Dra !