Le fondateur et directeur de publication du journal Nouvelle Libération et fondateur de la Radio Rempart FM, Makan Koné, est décédé, le lundi 13 décembre, à l’âge de 50 ans, des suites d’une maladie. Avec lui disparaissait un journaliste à la plume accomplie.
En t’annonçant le samedi 11 décembre à 17 h 41 mn que j’allais voyager sur Sélingué pour une dizaine de jours, je n’aurais jamais imaginé que cela était notre dernier échange, même si je te savais malade depuis quelques jours. D’ailleurs, tu m’as assuré que tu suivras le traitement prescrit par les médecins. C’est donc rassuré que je suis venu à Sélingué le lendemain dimanche.
Mais, c’était sans connaître la grande faucheuse. Laquelle est venue t’arracher à notre affection le lendemain, lundi 13 décembre. Makan Koné, ta disparition brutale et prématurée nous laisse sans voix.
Plongés dans la tristesse et la stupéfaction, nous avons longtemps refusé de croire que tu étais parti à jamais. Mais hélas ! Le Tout- Puissant vient de nous montrer une fois de plus que nous ne sommes que de simples mortels !
Président, c’est comme ça que nous t’appelons affectueusement et nous ne t’avons d’ailleurs jamais appelé par ton nom, ta mort nous laisse sans voix. Elle nous rappelle le passage de ce célèbre poème de Victor Hugo, À Villequier. « Nous ne voyons jamais qu’un seul côté des choses ; L’autre plonge dans la nuit d’un mystère effrayant. L’homme subit le joug sans connaître les causes. Tout ce qu’il voit est court, inutile et fuyant ».
Notre collaboration a commencé en septembre 2016, grâce à Issiaka SISSOKO, ton plus proche collaborateur. D’abord à Nouvelle Libération, dont tu étais le fondateur et directeur de publication, puis après la création de Radio Rempart en 2020. Une radio dont tu voulais nous confier la direction.
Nos occupations ne nous ont pas permis d’occuper le poste. Toute chose qui n’a pas affecté notre relation, bien au contraire. C’est d’ailleurs à juste titre que tu nous as confié l’émission Débat Politique, l’une des émissions phares de la radio.
Il est vrai que la sincérité des hommages posthumes est difficile à établir comme l’écrivait cet autre As de la plume, le regretté doyen Adam Thiam, mais pour avoir été parmi tes derniers collaborateurs, nous nous devons de faire cette confession : nos relations ont été empreintes de cordialité et il n’y a jamais eu de chicane entre nous.
Nous témoignons que le président Makan Koné était une personne affable et profondément humaine. Très généreux et toujours enclin à aider son prochain ; le secrétaire général du Forum des éditeurs africains (TAEF) était d’un commerce agréable.
Avec son franc-parler, le président ne dissimulait jamais ses sentiments. Il n’hésitait pas à dire à quelqu’un ce qu’il pensait de lui. S’il n’était pas content, le président ne s’encombrait pas de diplomatie pour le faire savoir. C’était ça le président Makan Koné.
Sur le plan professionnel, nous avons beaucoup appris à ses côtés. Doté d’un riche carnet d’adresses, Makan Koné était l’un des journalistes les plus informés du pays. Il était le premier à parler de l’éventuelle venue de la société paramilitaire russe, Wagner, au Mali. Le président avait une plume accomplie qu’il n’hésitait pas à tremper dans la plaie.
Ardant combattant de la liberté de la presse, Makan Koné, ancien président de la Maison de la presse, a, durant toute sa vie, œuvré pour le rayonnement de la profession. C’est d’ailleurs sous son mandat que la Maison de la Presse a noué un partenariat avec l’ESJ-Lille, une des meilleures formations jusqu’ici jamais organisée au profit de journaliste au Mali.
Avec Makan Koné disparaissait une grande plume et une des grandes personnalités de la presse malienne et africaine. Il laisse dernière lui une veuve, 06 enfants et de nombreux collaborateurs et confrères inconsolables. Ta disparition laisse le journal Le Wagadu, que tu appréciais, orphelin.
Merci président pour toutes ces années de collaboration et pour tes nombreux encouragements ! Nous promettons de maintenir le flambeau que tu as allumé en donnant le meilleur de nous-mêmes, à chaque fois que nous sommes sollicités.
À sa famille biologique et professionnelle, nous leur adressons nos condoléances les plus attristées. Adieu Président ! Va en paix, président, tu n’as pas vécu inutilement. Que la terre te soit légère ! Amen !
Abdrahamane SISSOKO