C’est avec un cœur meurtri que j’ai appris, à l’instar de tous ceux qui connaissaient les défunts Général Amadou Baba Touré et le Colonel Lamine Diabira, leur décès.
Je tiens ici, par ce témoignage, à présenter mes condoléances les plus attristées aux familles, aux amis et aux collaborateurs des deux illustres disparus. Je formule également mes vœux de prompt rétablissement au ministre Bassary Touré.
Le Colonel Lamine Diabira, paix à son âme, nous a donné l’occasion d’apprécier ses grandes qualités humaines et, surtout, sa volonté inébranlable à bien servir son pays dans la justice et l’équité. Ses réalisations à la très délicate fonction de Gouverneur de la Région de Tombouctou, pour désenclaver la région, ont largement contribué à l’amélioration de la qualité de vie de ses habitants. Son courage et sa volonté à éviter les amalgames ont bien permis à la Cité Mystérieuse de garder sa légendaire cohésion sociale, rudement éprouvée par les évènements de l’époque. La bonne qualité de ses travaux militaires, reconnus par tous et même au-delà de notre pays, prouve à suffisance que le Mali vient de perdre l’un de ses valeureux fils.
Quant au Général Amadou Baba Touré, que nous appelions tous Bah Touré, je fais partie de ceux qui ont eu à pratiquer l’homme, à bénéficier de sa grande expérience et de son précieux soutien.
Bah Touré était un homme, c’est-à-dire qu’il avait des qualités et des défauts, comme nous tous. Dans sa longue et difficile carrière administrative, l’homme avait, certes, commis des erreurs, comme tous ceux qui prennent avec courage leurs responsabilités. Mais qui, aujourd’hui, peut remettre en cause son patriotisme, son sens de l’Etat, son dynamisme et ses grandes qualités humaines?
Au service de notre pays, Bah Touré a eu à occuper plusieurs fonctions très délicates, avec la détermination et le courage qu’on lui connaissait. Les difficultés socio-économiques qu’a connues notre pays ont amené le Président de la République à le nommer aux fonctions de Gouverneur de la Région de Gao, à un moment où cette région traversait une crise sociale et sécuritaire très profonde.
Tous les observateurs honnêtes peuvent convenir du fait que Bah Touré s’est impliqué, avec courage et abnégation, pour la résolution juste du conflit qui menaçait la fragile paix sociale. Certes, il a été amené à prendre des décisions difficiles et impopulaires, mais c’est cela le service de l’Etat. Tenir et faire face aux problèmes, sans chercher à contenter tout le monde. Satisfaire l’intérêt général, tout en privilégiant la primauté de l’Etat, qui doit rester le protecteur de tous.
La ville de Gao parle aujourd’hui pour Bah Touré. Ses réalisations témoignent pour la postérité de l’œuvre accomplie par l’illustre disparu. Ceux qui n’étaient pas d’accord avec lui doivent aujourd’hui face à la réalité, et se résoudre à reconnaitre que Bah Touré était un bon serviteur de l’Etat, qui ne reculait devant aucune difficulté pour s’assumer. Tout mettre en œuvre pour le triomphe d’un Etat fort, juste, respectueux et respecté de tous, quitte à froisser certains intérêts et privilèges personnels, c’est cela le rôle des administrateurs. C’est aussi là l’une des sources fréquentes de leurs déboires personnels.
Qu’Allah le Tout puissant leur accorde Son pardon et les accueille dans Son paradis éternel. Les individus passent, les Etats demeurent, mais seul Dieu est éternel. Alors chacun doit méditer ceci: ils sont déjà arrivés au bout de ce voyage de la vie, dont la destination nous attend tous.
A l’arrivée, ceux qui, comme eux, ont eu à occuper des hautes responsabilités devront tous pouvoir se dire: «Nous avons, selon nos capacités, correctement accompli notre tâche vis-à-vis de notre pays et vis-à-vis de notre Créateur».
Lamine Diabira et Bah Touré, en bon serviteurs de l’Etat vous avez vécu, en bons musulmans vous avez quitté la vie. Au moment où vous nous devancez dans cette vie de l’Au-delà, nous formulons tous des vœux pour qu’Allah le Tout Puissant vous réserve une place de choix dans son paradis éternel.
Alhamdou Ag Ilyène
