In memoriam : Ce que je garde d’Oumar Konta !

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« Je garderai d’Oumar le souvenir très fort d’un homme bon et intègre, engagé pour les causes nobles qu’il défendait et une voix magnifique qui avait encore tout son potentiel et qui ne méritait qu’à être encore mieux exploitée et connue », déclare Balla Mamou Kéïta, Administrateur de l’espace Culturel Beyray, un centre créé par le jeune artiste Oumar Konta, décédé le 29 mars dernier, des suites d’une courte maladie.  

Je suis sous le choc. Je suis consterné par le départ prématuré et soudain d’Oumar Konta, artiste musicien et compositeur. Oumar était un ami, un collaborateur, un frère depuis notre première rencontre à l’espace culturel beyray en janvier 2012. Il m’avait approché pour me proposer le poste de Coordinateur de son espace. Une offre que j’ai acceptée aussitôt.

Durant cinq ans, j’ai travaillé avec Oumar sur différents projets réalisés au Mali et en Belgique. J’ai vu un homme avec trois chapeaux, l’artiste musicien, l’entrepreneur et le social.

D’abord, Oumar en tant qu’artiste a reçu une formation en musique à l’Institut National des Arts. Il fut un élève, un apprenant avec Salif KEITA pendant au moins quatre ans. Après, il créa son propre groupe dénommé « MaliKan » la voix du Mali composé de jeunes musiciens de sa génération. Pendant longtemps, il animait les espaces de loisir de la capitale avant de retrouver le chemin de l’Europe en 2009 pour montrer son talent et savoir-faire artistique. Il travaillait avec Bocana Maïga dans l’orchestre “Tugaguna”.  Un jeune avec un tel parcours est fait pour aller loin et être un flambeau de la musique malienne, africaine et voire mondiale. Une grande tournée d’Oumar et son groupe était prévue fin juin et juillet 2016 en Belgique, en France et en Suède.

Oumar était un entrepreneur. Voilà un homme qui, en plus de son talent, a pensé à la mise en place d’un espace culturel, appelé “Beyray” qui veut dire savoir en Sonraï. Un espace qu’il a créé en 2011. En mars, nous avons fait son inauguration officielle en présence des autorités communales de Kalaban-Coro. Cet espace a pour vocation la création, la formation, l’expression, la diffusion et la promotion des artistes quelque soit la discipline artistique. L’espace a réalisé des projets thématiques sur les domaines des arts plastiques, du cinéma, de la musique, de la photo, de l’éducation et de la recherche. Cette année 2016, nous avons un projet de photos « Tous des réfugiés », un regard croisé sur les déplacés de Syrie et ceux du Mali. Un projet d’Oratorio autour de l’Ishango Milele qui est la promotion d’un patrimoine à valeur culturelle et scientifique inestimable.

Enfin, Oumar était un socialiste. Son talent et sa philosophie sociale étaient tout autre. Il se battait gratuitement pour la cause des autres, aussi bien individuellement que collectivement. Des concerts gratuits dans les orphelinats de Bamako,  les centres de détention de Bruxelles, les écoles de Bamako, la création d’un collectif pour soutenir les élèves déplacés venus du nord Mali,   l’hébergement gratuit des familles déplacées du nord dans son espace. Il était l’ambassadeur de l’Association Malienne de Lutte contre le Glaucome au Mali. Dans ses relations interpersonnelles, Oumar était irréprochable.

Je garderai d’Oumar le souvenir très fort, d’un homme bon et intègre, très engagé pour les causes nobles qu’il défendait et une voix magnifique qui avait encore tout son potentiel et qui ne méritait qu’à être encore mieux exploitée et connue

Ses mélodies resteront pour toujours gravées dans la mémoire du public local, national et international.

Balla Mamou KEITA* Administrateur de l’espace Culturel Beyray*

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