Nos sages diront, ici, que montrer le front c’est tôt ou tard montrer la nuque. Ailleurs cette belle sagesse bamanan est ainsi rendue : « tous les jours vont à la mort, mais c’est le dernier qui y arrive ». Vérité de tous les instants, vérité de partout mais vérité plus subie qu’acceptée. Car, Malraux a raison : « la vie ne vaut rien mais rien ne vaut la vie ».
Surtout celle si brutalement interrompue du frangin affable, souriant et respectueux que fut Abdou Coulibaly, arraché à sa cinquante-unième année, à son corps d’athlète, à sa famille et à tous ceux qui l’aimaient à juste raison.
Et qui sont venus massivement, samedi, l’accompagner à sa dernière demeure, beaucoup parmi eux choqués par le brutal enchaînement des choses. Cruels sont le deuil de sa famille et la douleur de Yayi la fille chérie qui affrontait les dernières épreuves du Def au moment où « papa » faisait ses adieux à la vie. Rien, pour sa famille, ne remplacera Abdou.
Mais tant de monde à des obsèques rendues grandioses non pas grâce au protocole d’Etat mais au caractère du défunt lui-même procure quelque consolation. Et mieux que cette présence de qualité, les hommages rendus à l’homme qualifié d’homme de foi, de droiture et d’honneur témoignent de la douleur de sa perte mais aussi de la fierté de l’avoir connu. Salut frangin, nous passerons tous par là.
Adam Thiam