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Au Mali depuis 1995, assurément, Pierre Fo’o ne voulait plus le quitter. Lors de sa maladie, et alors que sa famille voulait le rapatrier, Dieu a décidé qu’il resterait ici. Après son décès, sa famille a encore voulu rapatrier son corps, avant de se résoudre à l’enterrer sur la terre qui l’avait adopté depuis plus de 20 ans. Ce fut la volonté affichée par sa sœur aînée, Mme Suzanne Fo’o Medjo, venue spécialement de Paris pour les obsèques de son cadet. «C’est lui-même qui voulait rester au Mali. Donc, nous avons décidé de respecter sa volonté et celle de Dieu. On voulait le rapatrier le 7 mai dernier, quand il allait mieux. Mais Dieu a décidé qu’il reste au Mali en lui ôtant la vie le 4. Il a passé plus de 20 ans au Mali et quand on voit tous les gens qui sont venus, on comprend que Pierre était ici chez lui. On ne pouvait pas l’amener», a-t-elle déclaré, très émue.
Auparavant, au cours de la messe, des amis du «Vieux père», Fakara Faïnké et Abdoul Karim Koné, ont apporté leurs témoignages. Ils ont tour à tour loué les nombreuses qualités d’homme de cœur de notre Rédacteur en Chef et l’ont présenté comme un homme toujours joyeux, sociable, qui ne se fâchait jamais.
Après ces témoignages, le cortège funèbre a pris la route du cimetière chrétien où il repose désormais dans sa dernière demeure. Dors en paix, Vieux père!
La Rédaction
La salle de rédaction de 22 Septembre baptisée Pierre Fo’o Medjo
Après l’hommage qui lui a été rendu hier à la Cathédrale de Bamako, suivi de son inhumation, le personnel de 22 Septembre s’est retrouvé à son siège, à Djélibougou, pour rendre à Pierre Fo’o Medjo un ultime hommage, en baptisant la salle de rédaction de son nom.
Ainsi, on se souviendra toujours de notre vieux reporter, de ses belles causeries, de sa très grande gentillesse, de son humilité, de l’amour qu’il avait pour son prochain. Pierre, le plus Malien des Camerounais, à notre connaissance, était à Bamako depuis 20 ans. Il aimait le Mali et les Maliens. Plusieurs fois sollicité par son fils aîné et sa sœur pour rentrer dignement au bercail, Pierre ne voulait pas le faire.
C’était vraiment le prototype d’une intégration réussie. La preuve, c’est qu’il avait plus d’amis au sein des Maliens que dans sa propre communauté. Le Dr Abdoulaye Djimdé ne dira pas le contraire, lui qui l’a longuement assisté durant sa longue maladie. Sa pharmacie était le grin de Pierre.
Fakara Faïnké du Républicain, Nouhoum Togo, ancien du ministère de la Défense et bien d’autres vous diront que Pierre était un homme bon. Lisez les témoignages qui suivent. Que Dieu ait Pitié de son âme!
La Rédaction
Dernier hommage à Pierre Fo’o Medjo
Confrères et amis se souviennent…
Mme Suzanne Fo’o Medjo, grand sœur de Pierre
«Pierre était bon depuis son enfance»
Pierre est mon petit frère, je suis l’aînée de la famille. Pierre est le cinquième enfant d’une famille de dix. Tout le monde a témoigné ici de sa bonté et de son humanisme, je peux vous assurer qu’il est comme ça depuis tout petit. Il n’a jamais eu de problème avec qui que ce soit. En famille, c’est avec lui que je m’entendais le mieux. C’est pour ça que je me sens perdue, j’ai l’impression d’être toute seule, malgré qu’il y a le reste de la famille qui est là. Il était brillant depuis la petite d’enfance. C’est d’ailleurs le plus brillant de nous tous. Moi, j’ai fait des études de médecine, mais il me dépassait de loin dans l’intelligence.
Docteur Djimdé, Pharmacien
«Pierre était comme un membre de ma famille»
Pierre, je lai connu depuis les années 1995. C’est un ami de longue date, on a traversé les ténèbres et la lumière. C’est d’ailleurs à cause de moi qu’il est resté à Niamakoro. Il me présentait à tous ses amis qui venaient lui rendre visite, depuis qu’il était pigiste au Journal Nouvel Horizon. Quand je suis parti en Europe en 2002, pour une formation, on est resté en contact permanent. Il n’y a jamais eu de discussion entre nous. Toute ma famille le connaissait. D’ailleurs, le jour de son décès, les enfants n’ont pas mangé, parce qu’il était comme un membre de ma famille. Tout ce que nous pouvons faire, c’est de prier Dieu pour qu’il l’accueille dans son paradis.
Fakara Faïnké, journaliste au Républicain
«Pierre était un frère pour moi»
Dire que je connaissais Pierre est une lapalissade. Pierre, pour moi, c’était un frère. Depuis son arrivée au Mali, je fais partie de ses meilleurs amis. On s’appelait tout le temps. On partageait vraiment beaucoup de choses intimes. Il m’a toujours considéré comme un frère. Quant on se rencontrait, c’était des débats. Je le taxais de dictateur et lui me taxait de faux démocrate. On a fait des voyages ensemble. Une fois, nous avons accompagné le Ministre Ahmed Diane Semega pour l’inauguration d’un pont à Kéniéba. Sur le chemin du retour, en bon conseiller, j’ai dit à tout le monde de mettre les ceintures de sécurité. A notre arrivée dans un village, on nous a signalé un feu qui brûlait le charbon à l’arrière de notre véhicule. Dans la précipitation, on a tous voulu sauter de la voiture. Tout le monde a réussi à sortir, sauf moi. Je n’arrivais pas à détacher ma ceinture de sécurité. C’est Pierre qui m’a libéré. Avec son humour habituel, il a dit «vous avez vu ce vieux-là, celui-là même qui nous a dit de mettre les ceintures, il a oublié de détacher la sienne». A ma grande surprise, Pierre a fait un article sur ça. Il était bon. Pierre était un homme gentil. Que la terre lui soit légère et que sa rédaction garde des liens avec sa famille. Je sais que Chahana Takiou en est capable.
Abdoul Karim Koné, Responsable à la Communication de la SOMAGEP –SA
«Pierre était un ami, un parfait panafricaniste»
J’ai connu Pierre dans les années 2000 – 2001, lorsque j’étais jeune stagiaire au journal L’Indépendant. On a travaillé ensemble jusque dans les années 2008 – 2009, quand j’ai quitté la boîte. Pierre était un homme digne de la profession de journaliste, car il portait en lui les qualités qui font un grand journaliste, le courage, le carnet d’adresses et la fidélité pour rendre ce qui est récolté sur le terrain. C’était quelqu’un qui rendait avec une fidélité exemplaire les informations. Il avait aussi beaucoup d’humour. Il avait cette habitude agréable de venir me demander si j’étais lourd, c’est-à-dire si je pouvais me payer à manger. A chaque fois que je lui répondais non, il me disait, viens, je te prends en charge. Cela s’est répété plusieurs fois. Comme vous pouvez le constater la vie du journaliste n’est pas toujours rose et Pierre le savait bien. C’est pourquoi il a toujours soutenu ses proches dans les moments difficiles. La rubrique des faits divers dont il était chargé à L’Indépendant lui a valu un carnet d’adresses vraiment conséquent, ce qui lui permettait de nous secourir quand on se faisait arrêter par la police, pour des problèmes de vignette et autres. Il vivait les problèmes du Mali comme tout bon Malien, il avait réussi son intégration, par sa bonté et son professionnalisme. Il a été un ami pour moi et un parfait panafricaniste. A sa famille, je présente toutes mes condoléances. Dors en paix, cher ami.
Alexis Kalambry:
«La profession perd quelqu’un qui avait su se faire Malien avec les Maliens»
J’ai vraiment connu Pierre, depuis au moins une quinzaine d’année, dans son parcours lorsqu’il est arrivé à L’Indépendant. On oubliait qu’il n’était pas d’ici. Pierre avait partagé nos joies et nos peines, nos espérances et nos regrets. Il était donc de notre devoir de l’accompagner à sa dernière demeure pour témoigner notre sympathie à sa famille venue de si loin et à sa compagne. Je retiens son humanisme, sa simplicité et son humilité. Il était disponible, courtois et toujours jovial. La profession perd quelqu’un de valeureux, un modèle qui avait su accomplir sa tâche, qui avait su se fondre dans la masse, qui avait su se faire Malien avec les Maliens.
Ibrahima Coulibaly dit IC:
«C’était quelqu’un de très sociable»
Pierre était devenu pour tout le monde un grand frère. Il avait beaucoup de sympathie pour moi. Chaque fois que je le voyais, je le taquinais et c’était des amabilités entre nous. Je lui demandais s’il était Pierre le faux ou le vrai. Il riait et me disait «toi-même tu le sais». Professionnellement, il était sans reproche. Sa rubrique était tout le temps animée. C’était quelqu’un de très sociable. Je n’ai jamais vu ou entendu quelqu’un dire un jour qu’il avait des problèmes avec Pierre. Il était Camerounais, mais, en 20 années de présence sur notre sol, il avait adopté tous nos comportements. Nous prions pour que son âme repose en paix!
Sidibé Lassana, Responsable Médias à l’Agence Spirit Mccan
«Pierre était un homme serviable»
Pierre, je l’ai connu il y a maintenant 4 à 5 ans. C’était un homme serviable, qui avait beaucoup d’humour. On ne s’ennuyait jamais avec lui. Il était très disponible. A chaque fois que je l’appelais, après ses reportages chez nous, pour lui dire que je n’avais pas vu son papier, il me répondait tout simplement «ah c’est vrai, mais t’inquiètes pas, c’est pour la prochaine». Il était toujours prêt à aider l’autre. Personnellement, je ne savais pas qu’il était Camerounais, c’est tout récemment que je l’ai su. C’est une grande perte, non seulement pour 22 Septembre, mais aussi pour le Mali et pour toute l’Afrique. A sa famille, je présente toute mes condoléances. Que son âme repose en paix.
Sory Haidara, Directeur de Publication de La Nouvelle Patrie
«Pierre était un grand frère avant d’être un confrère»
Pierre était un grand frère avant d’être un confrère. Dans cette confraternité, il a été fabuleux. Un homme d’un commerce fort agréable. Pierre était notre Pierre à nous tous. S’il était pauvre, peut être que c’est de fortune, mais il était très riche de tout ce qu’il savait, de tout ce qu’il savait donner aux autres en termes d’humanisme. C’était quelqu’un qui avait une grande personnalité. Tous ceux qui l’on connu peuvent en témoigner. Que son âme repose en paix.
Dramane Aliou Koné, Président du Comité de Pilotage de la Maison de la Presse
«Pierre était quelqu’un d’aimable»
Moi, je ne suis pas un démagogue. Pierre était quelqu’un d’aimable, de très agréable à vivre, de commerce extrêmement agréable, qui n’a jamais rencontré d’obstacles. Il s’entendait avec toutes les personnes, de tous les âges. Pierre était épris de paix, de justice, et surtout de passion pour ce métier de journaliste. Je ne suis pas un démagogue, je ne lui jette pas des fleurs parce qu’il est parti. S’il était mauvais, j’allais le dire. Pour moi, il était un Malien, un panafricaniste fait. Puisse Dieu l’accueillir dans son Paradis. Mes condoléances à sa famille.
Témoignages recueillis par Yaya Samaké et Mohamed N. Kéita, Photos Youssouf Diallo
RIP brother Pierre!
Haaa notre Pierre à nous tous. Je lisais chaque fois cet homme, un artiste et un communicateur dans l’âme. Il m’a à plusieurs reprises donner des sourires en le lisant. Il connaissait sont travail et il l’a fait à mon avis avec droiture, détermination et de façon désintéressé. Toujours dans sa logique et constant dans ses idées. Il était pour moi un Malien de faite, il en avait le sang et l’âme, c’est pour cela qu’il resté d’où il en réalité, même s’il est né au Cameroun. “Papa Pierre” vous allez plus manquer à vos fidèles lecteurs comme moi, car je sens votre absence comme celle d’un proche cher. Vous avez entamé un voyage, un long voyage. Vous êtes allé dans une autre vie où vous semblez être plus utile à eux. Vous nous laissez inconsolable. Il y a un temps pour rendre service à nous ici bas, il aura un temps un repos après tout pour tout le monde. Repose en paix cher Papa, 😥 😥 😥 😥 😥 😥
RIP!
Votre amour pour le Mali doit être pris et servi d’exemples. Merci pour votre travail et attachement. Vous avez toujours été chez vous Pierre et c’est a le Maliba. J’espère que ceux et celles qui veulent se dettacher du Mali, le diviser et le rendre un pays de clans pourront se rendre a l’évidence que le Mali c’est l’Afrique. Chacun et chacune sera toujours chez lui ou elle au Maliba.
Mes sincères condoléances a votre famille, proches et collegues.
Que votre ame repose en paix.
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