L’ancien ministre et diplomate, le Général de Division Kafougouna Koné, décédé le vendredi 10 mars dernier, a été accompagné à sa dernière demeure le dimanche 12 mars dernier. Profondément attristée, la nation malienne lui a rendu un dernier hommage en reconnaissance de ses loyaux services rendus à la patrie.
Parents, collaborateurs, simples citoyens, officiels, les Maliens se sont massivement mobilisés le dimanche 12 mars dernier sur la place d’armes du 34ème Bataillon du Génie militaire. Parmi les personnalités, le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, chef suprême des armées, l’ancien président de la transition, Pr. Dioncounda Traoré, les présidents des autres institutions, les membres du gouvernement, plusieurs anciens ministres, des hauts gradés de l’armée malienne, tous présents pour rendre un dernier homme au Général de Division, ancien ministre et diplomate Kafougouna Koné. Qui a été arraché à l’affection des siens le vendredi 10 mars aux environs de 3 heures du matin à son domicile à Faladiè en Commune VI du District de Bamako à l’âge de 73 ans. Une lourde perte pour la nation malienne qui pleure ainsi la mort d’un de ses rares Généraux qui, parmi tant d’autres, a su se faire distinguer par ses faits d’armes. L’histoire retiendra qu’il n’aura pas été un Général de bureau comme beaucoup le sont aujourd’hui. Et le Général de Brigade Amadou Sagafourou Guèye, grand Chancelier des ordres nationaux, faisant lecture de l’oraison funèbre, a bien su le rappeler en des termes justes dans un ton emprunt d’une grande éloquence.
« Oui l’enfant de Fourou, la mémoire de ce militaire sanglé dans sa tenue de combat, torse bombé avec un impeccable salut militaire, restera à jamais gravée dans l’esprit de ses concitoyens… C’était en 1985, on parlait de la guerre de Lagachère …fin stratège, brillant meneur d’hommes, il avait réussi, de la mare de Soum à Bénéna, à restaurer la fierté du Malien », s’est-il souvenu.
Engagé volontaire dans l’armée en 1966, issu de la 3ème promotion ‘’Mamadou Cissoko’’ de l’Ecole militaire Kati, le Général Tiékoro Doumbia, un des promotionnaires du défunt, se rappelle qu’il était le seul parmi sa promotion à choisir le corps de la compagnie des parachutistes.
« L’homme était souriant avec tout le monde, mais il disparaissait dès que des discussions commencent. A cause de sa hardiesse, nous l’avions surnommé ‘’Vladmir Illich Lénine’’ mais comme cela était un peu long, nous l’appelions tout simplement ‘’Vlad’’ ou cousin puisqu’il était aussi sociable avec tout le monde », se souvient le Général Tiékoro Doumbia, l’un de ses compagnons de première heure.
De son passage à l’EMIA (Ecole Militaire Inter armes de Koulikoro) en 1969 d’où il est sorti sous-lieutenant, Kafougouna Koné fut promu successivement aux grades de Lieutenant en 1971, de Capitaine en 1976, de Commandant en 1981, de Lieutenant-colonel en 1985, de Colonel en 1991 et de Général de Brigade en 1996.
Quelques années avant, il avait joué un rôle déterminant dans les évènements de mars 1991 marquant l’avènement de la démocratie et de la 3ème République. Militaire de grande valeur, l’homme a aussi exercé des fonctions de diplomate en 1992 où il fut nommé ambassadeur extraordinaire plénipotentiaire du Mali en Chine couvrant le Vietnam, la Nouvelle Zélande, la Thaïlande entre autres. Avant d’être nommé Délégué Général aux Elections en 2000. Puis ministre de l’Administration Territoriale en 2002, poste qu’il occupa jusqu’au coup d’Etat du 22 mars 2012 qui a renversé le pouvoir de son fidèle ami et compagnon de longue date, Amadou Toumani Touré (ATT). D’ailleurs, beaucoup de Maliens pensaient que ce dernier rentrerait de son exil sénégalais pour assister aux obsèques. Mais rien n’y fit !
« Patriote jusqu’à la moelle des os, la défense des intérêts de la patrie primait sur tout pour lui. Ses faits d’armes et sa grandeur d’âme étaient sans commune mesure avec sa modeste taille », rappelle Amadou Koné, l’un des membres de la famille du défunt.
Et le grand Chancelier des autres nationaux, Général Amadou Sagafourou Guèye de conclure avec une citation de Paul Anderson : « Par la mort, notre vie est perdue, mais ceci nous survivra. La mémoire ne tombe pas en poussière et jusqu’à la fin du monde, protégé de l’oubli, le nom des héros vivra ».
Le Général Kafougouna Koné repose désormais au cimetière de Niamakoro en Commune VI du District de Bamako où il a été inhumé à côté de sa défunte mère.
Lassina NIANGALY
