Adam Thiam (directeur de la Communication de la Présidence du Mali), décédé le jeudi 18 mars 2021 à l’âge de 67 ans, à la suite de la pandémie Covid-19, a été inhumé le dimanche 21 mars 2021 au cimetière d’Hamdallaye. Il a été accompagné à sa dernière demeure par une foule nombreuse comprenant le Secrétaire général de la Présidence (représentant le président de la Transition Bah N’Daw), l’ancien président de la République Dioncounda Traoré, d’autres personnalités, des parents, amis, collègues dont beaucoup de journalistes, des connaissances et des anonymes.
Avant son inhumation, Adam Thiam a reçu un vibrant hommage à l’Institut islamique, à travers des prêches, une lecture de Coran, des bénédictions, des témoignages de son fils Jafar Thiam, du journaliste Sékou Tangara et de son ami, l’ancien ministre, Tiéblé Dramé.
Pour Jafar Thiam, Adam Thiam avait un cœur de lion. Sa disparition est une leçon pour dire qu’il est bon de bien profiter de la vie. Et d’après lui, son père en a bien profité. Pétri d’humilité, de bonté, de disponibilité, Adam Thiam était toujours optimiste et était un exemple de père, de mari, de frère qui se sacrifiait pour les autres.
Sékou Tangara fera un éloge à la dimension de l’homme. D’après lui, Adam Thiam était une école de journalisme professionnel, de journalisme traditionnel, que la mort n’a pas surpris car il l’avait préparée. “Adam était un brillant journaliste. Adam n’avait pas la plume, Adam était la plume. Adam avait des valeurs d’amitié, de fraternité”, a-t-il dit de l’homme.
Dans son oraison funèbre, Tiéblé Dramé a retracé son parcours avec Adam Thiam qui était son ami, parti plutôt que prévu. “Oui, cette mort a pris de court! D’où l’émotion suscitée tant au Mali qu’hors de nos frontières. Adam était mon ami. Nous avons été dans la même classe au Lycée de Badala. Nous nous sommes retrouvés à Londres vers la fin des années 1980. Il travaillait chez Accor, une ONG internationale présidée par Simone Veil, j’étais chercheur chez Amnesty international dont le secrétaire général était Ian Martin!
Notre proximité, celle de nos familles, notre complicité intellectuelle, datent de ces années londoniennes. Revenus en Afrique, lui à Dakar pour Oxfam, moi à Bamako après le succès de la révolution démocratique, nous avons posé ensemble les fondations du journal “Le Républicain” dont il est devenu, après une formation à Boston, Massassuchetts, l’éditorialiste respecté. Peu à peu, l’analyste politique s’est imposée.
Ses avis étaient sollicités au Mali et hors de nos frontières. Adam était d’abord un homme de terrain et un acteur majeur des ONGs internationales, véritables écoles d’engagement et d’humilité.
Pour en arriver là, il est passé par l’Université de Dakar, puis il est allé très tôt à la meilleure université du monde, celle du terrain, auprès des communautés à la base. Ce terrain qui commande et dont les conclusions, telles des sentences, imposent le respect”, a dit Tiéblé pour rendre hommage à son ami. Il a fait savoir qu’après ses études supérieures, Adam Thiam est aussitôt recruté par le Cipea (Centre internationale pour la promotion de l’élevage en Afrique) dont le chef de programme, Jeremy Swift, un passionné du Sahel, reste un ami du Mali.
D’après Tiéblé Dramé, Adam Thiam était un amoureux des musiques du terroir et des belles lettres. “Originaire d’une famille dont l’aïeul, Mamadou Thiam, est parti du Fouta Tooro (la vallée du fleuve Sénégal) à la suite des dernières campagnes d’émigration impulsées par Ahmadou Sékou, Roi et Émir El Moumines à Ségou, Adam Thiam a montré toute sa vie durant une sensibilité particulière aux musiques du terroir, le symbole de la dignité et du lien social”, a-t-il souligné.
Adam Thiam était un Homme de lettres, admirateur d’Aimé Césaire (immense éveilleur des consciences de la figure universelle des Arts et des Lettres), du poète, philosophe et sage des Indes, Rabindranah Tagore ou d’Édouard Maunick, le grand poète des rives africaines de l’Océan Indien, de l’exaltation de la poésie patriotique du Palestinien Mahamoud Darwiche. “Pour comprendre la sensibilité esthétique et poétique de Adam Thiam, il faut se référer à son histoire familiale, notamment à la figure tutélaire du frère-aîné, Thierno Ahmed, disparu trop tôt qui, même mort, a continué d’exercer sur le cadet une fascination irrépressible. Thierno Ahmed, c’était une voix unique, le chantre de “Ma patrie, le Mali…terre d’accueil, d’hospitalité, d’humanité et de réconciliation”.
Tiéblé Dramé a révélé qu’Adam Thiam était un militant politique engagé en faveur la démocratie et des droits de l’homme au Mali. Et la petite communauté malienne vivant à Londres à la fin de 1990 début 1991 l’avait comme repère. Adam s’occupait des relations avec la presse britannique et organisait les rendez-vous des leaders du mouvement démocratique malien avec Amnesty international, l’International socialiste et aussi l’International Libéral qui avaient leurs sièges dans la capitale britannique. Maître Mountaga Tall peut en témoigner.
“Adam avait pris une part active dans les manifestations de Maliens devant la BBC pour amplifier le combat des démocrates de l’intérieur pour le multipartisme. Ce jour de décembre 1990 quand Kadiatou Sow Salaama, Drissa Diakité et Oumar Mariko étaient à la tête de l’historique manifestation «Demokarasi, I San bè, San bè» les Maliens de Londres ameutaient la presse britannique, la BBC en particulier pour donner de l’écho au combat des forces démocratiques de l’intérieur ! Contre la répression au Mali, les manifestants londoniens allumaient des bougies devant les portes de la célèbre radio. Dans cette lutte, nous recevions le soutien de panafricanistes ghanéens comme Nicholas Atempugré ou Napoléon Abdulaï, nouvel ambassadeur désigné du pays de l’Osagyefo au Mali!”, a-t-il dévoilé.
Pivot et ciment du clan Thiam, Adam Thiam, selon Tiéblé Dramé, était une passerelle humaine, regroupant, faisant se rencontrer et recevant chez lui les gens aux parcours les plus variés, souvent très contradictoires. “Il aimait les enfants. Pas seulement les siens. Pas seulement ceux de ses frères et sœurs. Il aimait les enfants des autres, ceux de ses amis, les miens en particulier! Le Mali était sa passion. Adam aimait son pays et son peuple. Des gens de toutes conditions étaient dans sa proximité. Il avait à cœur notre vieux pays tant ballotté, si malheureux. Il abhorrait l’injustice, l’incompétence et la médiocrité. Il a conseillé les présidents de la 3ème République et ceux des deux transitions, sans jamais perdre sa liberté de jugement, sans jamais perdre sa capacité de donner un avis dissident”, a dit Tiéblé pour parler d’Adam Thiam.Tiéblé Dramé a promis à Adam Thiam qu’ils n’abandonneront pas le combat pour le Mali et pour l’Afrique. “Nous ferons le Mali, nous ferons l’Afrique ! Qu’Allah t’accueille dans sa Sainte Demeure, là où sont reçus ceux qui aiment leur pays, ceux qui assistent leurs parents, ceux qui ont de la compassion pour les nécessiteux, ceux qui ont pitié des pauvres et du Mali. Que la terre du Mali que tu as tant chérie te soit légère!”, a-t-il conclu.
A signaler qu’Adam Thiam était collaborateur et éditorialiste de nombreux titres de presse dont “Jeune Afrique”, “Le Républicain”, “Africable TV”. Il était directeur de publication de l’Hebdomadaire “Tarik hebdo”. Il était Chevalier de l’Ordre national du Mali et de la Légion d’honneur. Dors en paix Adam !
Siaka DOUMBIA
THIAMBEL GUIMBAYARA :
Pour la mémoire du confrère Adam Thiam
Une triste nouvelle l’annonce de la disparition de notre chère Adam Thiam journaliste, analyste poète et homme de savoir.
La nouvelle est tombée comme un couperet, la mort l’étrange destin de tout homme mais il y a des moments où la grande faucheuse à honte de son action.
Emporté à une période symbolique de notre histoire contemporaine en poste au service de la nation malienne de tous les combats aux côtés de l’Etat par confiance ce n’est pas donner à tout le monde.
Le choix de la confiance de servir sa patrie son Etat, sa nation le rapport sur le Centre entre autres réflexions des articles d’analyses des études, des réflexions sur la marche du pays par ces temps de crise depuis 2012.
L’homme jusqu’au bout est resté fidèle à une vocation celle de servir son pays aux côtés d’Alpha Oumar Konaré, de Dioncounda Traoré, d’Ibrahim Boubacar Kéita et de Bah N’Daw.
Le service de la nation est un sacerdoce.
Dors en paix mon Grand.
Je m’incline devant la mémoire du Grand frère celui qui m’a toujours appelé mon petit frère vient me voir à la maison chaque fois que tu es de passage à Bamako.
Le destin en a décidé autrement cette visite de courtoisie n’aura jamais lieu mais pas en tout cas ici dans ce bas monde c’est la volonté du Tout Puissant.
Toutes mes condoléances à sa famille, aux parents, amis et connaissances.
La grande famille de la presse malienne.
Journaliste
Directeur de publication
La Voix du Mali en France
HOMMAGE DE SéKOU TANGARA à ADAM THIAM AU NOM DE LA FAMILLE DE LA PRESSE :
“Adam était une école pour la génération de journalistes à laquelle nous appartenons”
Lorsque les aînés et les responsables des faitières m’ont informé que je devais prendre la parole ce matin en leur nom, je me suis tout de suite dit : De quoi je me mêle ! Moi qui regrette aujourd’hui n’avoir pas eu comme eux le privilège d’avoir connu Adam Thiam aussi tôt, de ne pas l’avoir comme eux pratiqué au «Républicain», à “Tarik Hebdo”, Arawane Express ou Benbéré. Oui, notre regret, c’est de n’être pas allé à son école aussi tôt, de n’avoir pas assez profité de ces échanges avec lui qui pouvaient tous se résumer en des cours de pratique de presse écrite, radio ou télé.
Adam Thiam était une école pour la génération de journalistes à laquelle nous appartenons. Une école aux antipodes des méthodologies professorales ou magistrales, basée sur des exemples simples et concrets.
Un soir de l’année 2005 après la diffusion d’une interview avec un homme politique que nous pensions avoir mis en difficulté, avec des questions très embarrassantes, Adam Thiam nous appela et nous fit savoir que nous sommes passés à côté de l’objectif et qu’une interview n’est jamais un duel. C’est plutôt un accouchement, renchérit-il, le journaliste est la matrone. Il doit aider au lieu de vouloir systématiquement coincer. Et depuis ce jour, nous avons notre définition du genre journalistique qu’est l’interview. Beaucoup d’autres jeunes journalistes ici présents se rappellent les séances de débriefing sans complaisance avec Adam Thiam.
La mort ne surprend pas le sage. Il est toujours prêt à partir, disait Massa Makan Diabaté.Et selon une autre assertion toujours malienne “c’est pour anticiper sur la soif qu’on envisage de creuser un puits”.
Cher ami, cher grand frère Adam,
Les nombreux messages venus de partout depuis l’annonce de ton rappel à Dieu prouvent avec éloquence que la mort ne t’a pas surpris, que tu as consacré ton existence à la préparer, à l’anticiper.
La grande famille de la presse malienne et au-delà reconnait unanimement les valeurs de probité, de dignité et surtout d’humilité que tu as su incarner pendant les trente dernières années en tant que journaliste et récemment en tant que responsable de la Cellule de communication de la Présidence de la République.
Ismaël Aïdara, ton ami de Confidentiel Afrique écrivait hier depuis Dakar que tu faisais du journalisme traditionnel, dogmatique, que tu étais le moine inoxydable du journalisme africain contemporain, un passage obligé.
Pour Ousmane Ndiaye de TV 5, cet autre jeune frère qui te considère comme un mentor, tu étais d’une tradition de journalisme qui se perd, un journalisme littéraire fait de solides références et d’une érudition impressionnante.
Et plus près de nous ici, pour Mame Diarra Diop de Mikado dont tu as guidé les premiers pas dans la presse au Mali, tu étais cette plume acérée, piquante, décryptant ce monde fou, ce monde où tu as conseillé des politiques d’Addis-Abeba à Bamako en passant par Niamey. Et enfin pour Sory Ibrahim Kéïta de l’Ortm, tu n’avais pas la plume Adam, mais c’était toi la plume. Qui n’a pas un jour été touché par tes sorties, De quoi je me mêle ou la Chronique de vendredi ?
Qui ne s’est pas un jour senti directement interpellé par tes éditos sur les menaces qui planent sur la République, la laïcité et le caractère indivisible du Mali ?
L’histoire retiendra cher Adam que tu fus des premiers à avoir alerté sur les risques de déplacement de la courbe de l’insécurité du Nord au centre du pays. Tu ne t’es pas contenté des éditos, tu as même exprimé tes inquiétudes dans un ouvrage “Centre du Mali : Enjeux et dangers d’une crise négligée”.
Qui n’a pas en mémoire Janjo ou ces hommages à titre posthume que tu étais prompt à rendre. Aujourd’hui tu rejoins Siramory Diabaté, Kassé Mady Diabaté Bako Dagnon que tu as eu à magnifier par ta plume mélodieuse. Et dans l’article consacré à l’artiste Ousmane Sacko tu as chuté avec cette affirmation : “On ne pouvait pas lui ôter la vie après l’avoir écouté chanter”.
En cette journée très lourde, cher aîné, il y a bien lieu de s’interroger s’il aurait fallu te rappeler après t’avoir lu ou entendu. Mais c’est à Dieu que nous appartenons, c’est à lui que nous retournons. Nous allons tant bien que mal surpasser ces moments d’émotion en nous rappelant les valeurs d’amitié, de fraternité et de confraternité que tu as su promouvoir, notamment à travers des rencontres, deux, trois dimanches, le mois, autour du Thieb de Djénéba. A tes enfants, Racky, Jafar, Thierno et Aye nous pouvons témoigner, au nom de la presse malienne, que leur père fut un brillant journaliste qui a su créer et imposer son style. Cher Adam, je voudrais terminer mon propos par deux rappels, le premier avec ces vers de Saint Augustin : “Je vis toujours !
La mort n’est rien, je suis seulement passé, dans la pièce à côté.
Je suis moi. Vous êtes-vous.
Ce que j’étais pour vous, je le suis toujours.
Donnez-moi le nom que vous m’avez toujours donné, parlez-moi comme vous l’avez toujours fait. N’employez pas un ton différent, ne prenez pas un air solennel ou triste.
Continuez à rire de ce qui nous faisait rire ensemble.”
Le deuxième rappel, Adam, c’est cet ultime SMS que tu as envoyé à nous tous par l’entremise de Serge Daniel, dimanche dernier, à seulement cinq minutes de l’émission que tu as parrainée. Tu écrivais : “Je vais vous regarder de là où je suis”. Une mise en garde donc du grand frère fouettard qu’il sera désormais impossible d’ignorer.
Va en paix, Adam Thiam !”
Dr. IBRAHIM MAÏGA :
“Adam, adieu !”
J’ai connu Adam Thiam en 1995. A l’époque j’étais journaliste au “Républicain”, le journal de son ami Tiébilé. Adam était à l’extérieur du pays, envoyait très souvent des contributions d’une grande richesse aussi bien dans les contenus que dans les procédés narratifs. Les textes de Adam étaient attendus. Ils avaient la priorité, dès qu’ils “tombaient” sur le fax, la technologie de pointe du moment. Pendant très longtemps, je pensais que Adam était une femme.
Je suis sorti des ténèbres quand, un soir, à la veille d’un bouclage du journal qui était hebdomadaire, je décrochais le téléphone qui sonnait avec insistance. Je décrochais et au bout du fil, j’entendis un monsieur, avec une grande civilité, me dire : “Bonsoir, je suis Adam Thiam, je suis à Dakar et je vais vous envoyer un article sur la visite du président Chirac”.
Nous étions en 1995. Le président Chirac, au lieu d’une visite dans les pays de la sous-région, avait préféré invité les chefs d’Etat à le rejoindre plutôt à Dakar. Le président Konaré a refusé de se rendre à cette “convocation”. Il s’opposait, à sa façon, à la continuité des rapports entre la France et ses anciennes colonies. Le fait à l’époque a eu un large écho. Pour notre journal, la proposition de Adam était du pain béni car nous venions d’avoir un envoyé spécial de facto. C’était un grand honneur pour moi et je me suis empressé de lui donner le signal qu’il sollicitait. Je rendis compte au directeur de la rédaction et naturellement le papier a été notre “Une” du lendemain.
Dans un jeu de mots d’une grande subtilité, Adam avait lui-même trouvé le titre. “Calculs risqués ou risques calculés ?”, s’interrogeait-il. Quelques temps après, il vint nous rendre visite à la rédaction lors d’un de ses passages à Bamako. Et depuis, ce lien n’a jamais été rompu. Il devait beaucoup à l’humanité d’un grand frère qui a toujours pris ses cadets en sympathie. Au-delà du cadre rugueux des salles de rédaction, Adam, féru de scrabble, connaissait les épouses, les enfants, les parents. Sa maison était ouverte ; son épouse Djénéba d’une gaité constante était d’une grande attention. Son professionnalise reconnu dans l’univers de la presse en faisait un modèle. Ce modèle était d’autant plus affiché qu’il s’adossait à une densité intellectuelle qui impressionne, une culture phosphorescente. Adam s’en va libre. Adieu !
A seulement 67 ans. Quel parcours! Des études de lettres au lycée de Badalabougou, à Bamako; des études de sciences humaines à Dakar; la London of Hygiene School; Cambridge, Massachusetts, Harvard. Et ensuite, l’école de la vie. D’abord, celle au sein des organisations non gouvernementales, celle des institutions internationales, notamment à l’Unité Africaine et auprès du gouvernement du Mali…
Pour nous, c’est le parcours du journaliste qui retient notre attention avec cette écriture si simple et si profonde, cette écriture à la portée de tous.
Adam était aussi une voix; cette voix qui vous percute et vous maintient en haleine. Je ne l’ai sans doute pas trop connu dans toutes ses dimensions, mais il faut simplement reconnaître en cet homme des qualités devenues aujourd’hui des denrées rares: la pondération, la générosité, le partage, l’altérité et le respect. Ta connaissance du Coran t’a déjà aidé à accepter la transcendance, donc tu vivras dans la félicité. Adieu encore.
L’HOMMAGE D’ISMAËL AÏDARA :
“Adam, ta plume restera immortelle !”
Le monde de la presse africaine est en deuil. Une de ses figures les plus emblématiques vient de tirer sa révérence. Il s’agit du brillant journaliste malien et analyste politique émérite Adam Thiam. Il nous a quittés. Sans bruit. Dans la grandeur et la générosité de son cœur et de cette lourde encyclopédie ambulante de faire du bon journalisme en Afrique, au-delà de son si cher Mali natal.
Adam Thiam est une institution médiatique labellisée. Evoquer seulement son nom dans les chaumières de Bamako et dans plusieurs capitales du continent africain suffisait pour s’apercevoir de ce brillant sujet, d’un esprit altruiste anti-salomonien et trop attaché au journalisme dogmatique. Adam était d’une générosité extrême. Il la savait partager avec son univers proche, peu lointain et lointain. Un cœur d’or qui ne trichait pas. Notre relation confraternelle était frappée du sceau de la chaleur humaine et du respect mutuel. Dans nos pérégrinations à travers l’Afrique, l’Europe et l’Asie, d’homme de presse, Adam, l’orthodoxie en bandoulière, avait ce don inouï de reconnaître le talent caché ou qui sautait à l’œil de ses confrères.
En 2000, il me fit la remarque en marge d’une conférence internationale à Bamako. “Je lis beaucoup tes articles mais surtout des enquêtes exclusives”. D’un avenant débordant, sa main dans la mienne, pour une première rencontre, l’icône Adam Thiam m’avait déjà mis dans son cœur et son carnet d’adresses si riche.
Quelques minutes après, bien réseauté, il balança tout de go avec beaucoup d’humour: “On m’a dit que tu as bossé à La Lettre du Continent sous Antoine Glaser. Ça se savait peu. Seuls les initiés tuyautés étaient au parfum des visiteurs assidus de la Rue Montmartre ou des Grands Boulevards (2e arrondissement parisien où est établi le siège de cette publication confidentielle. “Tu sais, je complimente rarement mes confrères, pour éviter qu’ils prennent la grosse tête”.
Adam était un moine dans l’exercice du métier de journaliste et était d’un coefficient d’intelligence élevé. Nos chemins se croisent en 2006 grâce au gigantesque projet de création d’un journal panafricain “Les Afriques” où je m’occupais des Grandes Enquêtes dans la région ouest-africaine. Adam avait été approché par une autre icône de la presse africaine, le Sénégalais Cherif El Valide Sèye, rappelé à Dieu en 2014. Cherif El Valide, qui a écrit les plus belles pages du célèbre quotidien Sud Quotidien, une publication de référence. Adam y pigera à cadence séquentielle sous un pseudo. Nous formions une belle équipe avec des journalistes de renom tels qu’Adama Wade, Dominique Flaux, Cherif El Valide Sèye, Walid Kefi.
À la même période, Adam était la plume chouchoutée au Sahel du magazine Jeune Afrique avec Chérif Ouazani. Adam était devenu une institution, nous le rappelions plus haut. Dans l’aréopage des hommes de médias en Afrique, il était une voix autorisée. Presque un passage obligé des confrères qui prenaient de ses nouvelles en séjour en terre malienne. Nous étions proches. La chaleur de nos rapports s’est intensifiée dans l’ombre du président nigérien Issoufou Mahamadou. Nous partagions cet engagement constant et historique à accompagner le président Issoufou avant sa prise du pouvoir et durant ses deux mandatures. Il faisait partie des invités de marque de l’homme fort de Niamey, lequel prenait bien soin de lui. Mais, surtout, la fertilité croisée de nos échanges sur des questions de géopolitique du Sahel. En 2015, alors que je me trouvais à l’hôtel Gaweye de Niamey, la garde rapprochée du palais est venue le chercher. Direction : Dandaji, le village d’Issoufou (région de Tahoua). Il y passa quelques jours avant de me retrouver à l’hôtel. Il savait bien mes rapports avec certains dignitaires du régime d’Issoufou. Ses amis l’étaient aussi pour moi.
De Dakar à Addis-Abeba, Adam faisait partie des journalistes les plus connectés. Notre estime réciproque prenait de la voilure au fil des années. Au détour d’un bon riz au poisson sénégalais dans un des quartiers du centre-ville de Niamey, sur mon invitation, on refaisait le monde et parlions beaucoup des défis et de l’avenir du journalisme africain. Petite confidence : Dans les tuyaux, nous avions caressé l’ambition de créer un magazine panafricain de première main Afrique 24 Heures calqué au format et contenus exclusifs sur un modèle économique bâti sur des abonnements cryptés.
Hélas, les contraintes professionnelles du moment nous éloigneront de ce projet futuriste, tant rêvé par des amis décideurs communs. Le ministre Igor Diarra me le rappelait il y a quelques mois en ces termes : «Mon vœu le plus cher est que tous les grands noms de la presse ouest-africaine se retrouvent autour d’un grand journal pour l’Afrique». Adam lisait tout et du tout. Mais avait du respect pour les brillants journalistes. Faire du bon journalisme et bien écrire, c’était du Adam. Tout craché. Il me le rendait bien.
Sa mort nous a endeuillés. Une triste nouvelle. Comme on dit : le destin est impénétrable. Adam était un ami et confident de toujours. Confidentiel Afrique est une partie de lui. Nous le savions.
Adam était à la quête de l’info stratégique et pas à la portée du public. Nous parlions très souvent de mes enquêtes exclusives aussi bien quand j’étais au journal Les Afriques qu’à Confidentiel Afrique.
Mon dernier passage à Bamako, il m’a fait l’honneur de passer à table autour d’un plat copieux du To à la sauce d’arachide dans une convivialité familiale aux côtés de sa gentille épouse, sa fille Racky et de son éternel ami et confident, Amadou Dia.
Je n’oublie pas son fils Jafar. Confidentiel Afrique présente ses sincères condoléances à toute sa famille, ses proches et à la presse malienne.
I HAIDARA
Directeur éditorial de Confidentiel Afrique
XX
DRAMANE ALIOU KONé, journaliste :
“Adam Thiam faisait du journalisme de l’élégance”
Il ne m’est pas facile de parler d’Adam. Je ne suis pas dans l’hypocrisie de bien parler des morts, mais je dois reconnaître qu’il fait partie de ceux qui ont donné à
notre presse ses lettres de noblesse. C’était un style, une subtilité et une intelligence pour traiter des sujets parfois controversés sans passion et avec beaucoup de retenue. Il ne versait jamais dans la vulgarité, l’excès et le populisme. Il faisait du journalisme de l’élégance.
Du point personnel, il m’a quotidiennement conseillé à continuer à écrire. Il me rappelait toujours son admiration pour ma constance et critiquait mes opinions sans m’offenser. C’était des discussions tous les matins jusqu’à son hospitalisation. Je perds mon “censeur” et une référence. On espère pouvoir perpétuer ses œuvres et sa philosophie comme il souhaitait car “on est les premiers ambassadeurs du Mali”, aimait-il nous rappeler. Vas en paix, Adam !
N’DEYE SISSOKO, journalisteN’DèYE SISSOKO, journaliste :
“Mon Chef Adam Thiam vas et dors en paix”
llah Akbar!
Tout ce que Dieu fait est bon.
Mon Chef Adam Thiam vas et dors en paix.
Jamais il n’y a aura eu autant de connexion entre un chef hiérarchique et moi, qu’avec toi. Tu savais écouter, comprendre, soulager, avec un calme olympien.
Tu étais un repère dans la profession, un repère dans les relations humaines, un coach pour les jeunes générations.
Je t’admirais pour ta facilité à trouver les mots qu’il faut, quand il faut et où il faut. Tu avais une capacité sans égale à rédiger les grandes lignes d’un discours en quelques minutes pour ne pas dire en quelques secondes, quelque que soient les sujets. Je t’ai souvent demandé : “C’est très bien rédigé Adam, d’où tires-tu ton inspiration ?” avec une petite moue dont toi seul avais le secret, tu prenais le temps de dire en souriant : “je ne sais pas N’dèye, ça vient et j’écris …” tu étais incroyable !
Tu m’as toujours encouragée à mieux faire et plus, tu avais confiance en moi, en mes capacités. J’ai beaucoup appris à tes côtés. Je ne peux que te dire, Merci Adam !
Merci de ton soutien dans les moments difficiles comme dans les bons.
Je prie ce soir pour le repos éternel de ton âme. Je présente mes condoléances les plus attristées à ta famille.
Qu’Allah, le Tout Puissant, le Miséricordieux t’accorde le paradis éternel. Nous prions pour toi.
Dors en paix Adam.
Eh RBS ! Tu vas me tuer
kenedougou, je prie pour que le tout puissant ALLAH TE DONNE UNE TRES LONGUE ET HEUREUSE VIE!!!
JE PRIE POUR LE COUSIN AUSSI. ALLAH KA KE’ SILAME’ YE’!!!
ℑ⊗𝕌ℜℕ𝔄ℒ𝕀$Ŧℜ⊗ℒℒ𝔄Ŧℒ𝔄ℕŦ𝕀$Ŧ€
∁𝔄ℜℕ𝔄⋁𝔄ℒ_⊗∁∁𝕀𝓓€ℕŦ𝔄ℒ
INA LILAHI WA INA ILEYHI RAJI OUNE!
ALLAHOUMA AGHVIR LEHOU WA ARHAM HOU!
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