Au cours des obsèques nationales, le pays tout entier a salué la mémoire de l”intrépide combattant de la liberté et de la démocratie que fut l”illustre disparu.
L”émotion était grande hier après-midi sur l”esplanade du Centre international de conférence où ont eu lieu des funérailles nationales organisées à la mémoire du ministre de l”Éducation nationale Mamadou Lamine Traoré, décédé samedi dernier. Le président de la République Amadou Toumani Touré a présidé la cérémonie en présence du Premier ministre Ousmane Issoufi Maïga, de nombreux membres du gouvernement, des représentants du corps diplomatique, des organisations internationales, des responsables des organisations religieuses.
Tout a commencé par une émouvante marche funèbre de soldats portant le corps. La séquence a arraché des larmes à de nombreuses personnes dans l”assistance. Ensuite le Pr Mamadou Lamine Traoré sera fait commandeur de l”ordre national du Mali par le chef de l”État Amadou Toumani Touré.
Son camarade de parti, le Pr Mamadou Kassa Traoré lui a rendu un hommage appuyé au nom des militants du Miria, la formation politique qu”il dirigeait. Il a salué en Mamadou Lamine Traoré un "militant indomptable, un patriote convaincu, un homme entier" qui a résisté aux dérives de notre "société en proie à la crise de foi en rien".
A sa suite, Younoussi Touré, le président de l”URD qui s”est exprimé au nom de l”ensemble des partis politiques, a souligné l”affliction de la classe politique par la disparition cet "militant du Mouvement démocratique". Pour Younoussi Touré, l”ancien ministre de l”Éducation nationale était un "homme de conviction, un esprit brillant, un homme politique avisé" qui est resté fidèle aux "valeurs comme le travail bien fait, la primauté à l”intérêt général sur l”intérêt personnel".
Pour sa part, le Premier ministre Ousmane Issoufi Maïga, qui a prononcé l”oraison funèbre, a indiqué qu”"avec la disparition du Pr Mamadou Lamine Traoré, le Mali, le monde de l”éducation et la classe politique perdent un homme de culture, un combattant intrépide de la liberté et de la démocratie".
Le chef du gouvernement a ensuite révélé que l”homme qui vient d”être arraché à l”affection de toute la nation, est né le 2 janvier 1947 à Bamako où il fit ses études primaires et secondaires à l”école Mamadou Konaté (ex école rurale de Bamako) et au lycée Terrasson de Fougères (actuel lycée Askia Mohamed). Mamadou Lamine Traoré a ensuite décroché une maîtrise en philosophie antique avant d”achever son parcours universitaire à l”université de la Sorbonne Paris IV où il obtint un doctorat de philosophie sur la thématique : "Vers une pensée originelle africaine".
Sa carrière professionnelle l”a conduit aux lycées de Markala et Sankoré, ainsi qu”à l”École normale supérieure et à la Faculté des lettres, arts et sciences humaines (Flash) de l”université de Bamako. Mamadou Lamine Traoré était aussi un militant syndical qui a assuré de hautes responsabilités au SNEC et à la FEN. Le syndicaliste avait également une casquette d”homme politique. "Le combat politique l”a souvent emmené en prison", a souligné Ousmane Issoufi Maïga avant de rappeler que l”homme fut l”une des figures emblématiques du combat pour la démocratie, ayant conduit à l”avènement du 26 mars 1991. "C”est à ce titre que Mamadou Lamine Traoré a eu à siéger au Comité de transition pour le salut du peule (CTSP)", a précisé le chef du gouvernement.
Pour Ousmane Issoufi Maïga, l”illustre disparu fut "un grand philosophe, mais un philosophe de l”action" qui a exercé des fonctions dans les hautes sphères de l”État. Ministre d”État chargé de l”Administration territoriale et de la Sécurité, puis chargé de l”Administration et de la Décentralisation dans le premier gouvernement de la 3è République, il a fait son entrée à nouveau au gouvernement en 2002 avec cette fois-ci "la lourde charge de l”Éducation nationale". Mamadou Lamine Traoré, a ajouté le Premier ministre, était un "intrépide combattant de la liberté, un pourfendeur de l”arbitraire sous toutes ses formes", qui "n”a jamais reculé devant une difficulté, fut-ce au prix de son impopularité".
En rendant au défunt l”hommage de la "nation reconnaissante pour ce qu”il a fait et ce qu”il a été", le Premier ministre a formulé le vœu que son exemple puisse inspirer la jeunesse afin que triomphent les idées pour lesquelles il s”est battu durant toute sa vie. "Professeur, l”heure de nous quitter est arrivée. Nous te confions à Dieu le Tout-Puissant, le clément et miséricordieux. Qu”Allah t”accorde son pardon. Qu”il t”accueille dans son paradis pour le repos éternel", s”est adressé Ousmane Issoufi Maïga à la dépouille mortelle de son ministre de l”Éducation nationale tout en lui exprimant "la douloureuse et profonde sympathie du président de la République, du gouvernement et du peuple tout entier".
B. TOURÉ
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