Après leur inhumation dans l’après-midi du lundi 22 novembre 2010 à la Mecque, l’armée malienne a rendu, le jeudi 25 novembre, un vibrant hommage au Général Amadou Baba Touré, Conseiller spécial du président ATT chargé des questions sécuritaires et au Colonel Lamine Diabira, Directeur du Centre d’études stratégiques (CES) décédés dans un accident de la route entre Médine et la Mecque, le samedi 20 novembre. La cérémonie militaire funèbre s’est déroulée, le jeudi 25 novembre, sur la place d’armes du génie militaire en présence du président de la République, Amadou Toumani Touré.
Après la marche funèbre par les promotions (4e pour Ba Touré et 5e pour Diabira) des deux illustres disparus, la lecture des oraisons funèbres, la sonnerie aux morts, les honneurs militaires ont été rendus à travers un défilé des troupes devant les symboles de commandement du général Amadou Baba Touré et du colonel Lamine Diabira.
Amadou Baba Touré, une riche et brillante carrière militaire
Né le 29 novembre 1947 à Kati, fils de Moussa Touré et de Binta Bah, le général Amadou Baba Touré fut incorporé dans les Forces Armées maliennes le 10 novembre 1969 comme engagé volontaire et affecté à la compagnie de commandement et de service (CCS) de Kati. Un an plus tard, il intègre l’Ecole militaire interarmes (EMIA). Nommé sous -lieutenant le 1er octobre 1972, au terme de sa formation d’officier, il est affecté au Groupement d’artillerie mixte de Kati (GAM). Ainsi s’ouvrit pour le jeune officier une riche et brillante carrière militaire. Tout au long de sa carrière, il a gravi les échelons de la hiérarchie et occupé diverses responsabilités. Commandant de batterie à Tessalit en1974, l’officier plein d’élan, d’enthousiasme et bien apprécié de ses chefs, s’est vu nommer commandant de cercle de Douentza en 1978. Après avoir exercé trois ans dans l’administration, il réintègre le métier des armes et fut désigné en décembre 1981 pour encadrer la 1ère promotion du Certificat interarmes à Koulikoro. Promu au grade de capitaine en mars 1981, il est affecté à Gao comme commandant de la 3ème Batterie de BM-21. De juillet 1982 à mars 1983, il effectua un stage de chef de groupement d’artillerie en ex-URSS. Il est promu au grade de commandant en octobre 1986 et effectue en 1988 son cours d’Etat-Major aux Etats-Unis d’Amérique. Il est nommé directeur général de la Sécurité d’Etat après les évènements de mars 1991 et étrenne ses galons de lieutenant-colonel sept mois plus tard. Amadou Baba Touré est ensuite nommé en 1992, comme représentant du Mali au sein de l’Accord de non agression en matière de défense à Abidjan. Promu au grade de colonel en octobre 1997, il est nommé gouverneur de la Région de Gao en 2005. Selon le secrétaire général du ministère de la Défense et des Anciens combattants, le général de division Youssouf Bamba (qui a lu son oraison funèbre), cette opportunité, lui a permis de mettre en exergue ses énormes talents d’organisateur, de conciliateur et ses capacités d’ouverture et d’écoute dans la recherche de la stabilité et de la cohésion sociale dans la région en forgeant l’admiration et la confiance de toutes les couches sociales dans un contexte particulièrement délicat. Devenu général de brigade, en décembre 2007, il est nommé conseiller spécial du président de la République. Une fonction qu’il a exercée jusqu’à sa disparition. Le général Amadou Baba Touré est Officier de l’Ordre national et titulaire de la médaille du mérite militaire et de la médaille commémorative de campagne.
Lamine Diabira, un Officier supérieur d’un niveau exceptionnel
Un des chefs du colonel Diabira, disait de lui : " officier supérieur d’un niveau exceptionnel, le chef d’escadron Lamine Diabira s’est révélé un excellent instructeur et officier d’Etat-major, fonctions qu’il affectionne. Rigoureux et persévérant dans l’effort, il est en permanence en quête d’excellents résultats. Il est adepte des recherches en profondeur et a horreur de l’à peu près ". Quelqu’un disait de lui que c’est " Officier très intelligent, d’un esprit vif et fécond dans la recherche des idées et le traitement des thèmes, il s’est toujours montré efficace et soucieux de mieux faire. Son initiative créatrice et son désir constant de confronter les idées sont admirables ". Bref le colonel Lamine Diabira possédait ce don de travail exceptionnel et cette capacité à diriger et à contrôler. C’est pour dire qu’il a consacré son talent et sa vie à son travail, à sa famille et à ses amis.
Le colonel Lamine Diabira est né en 1950 à Samankidy, cercle de Kayes, il est le fils de Gayi et de Maïmouna Tounkara. C’est après avoir décroché son baccalauréat en sciences exactes au Lycée Badala, que Diabira s’engage dans l’armée en octobre 1972. Il entre à l’Ecole militaire interarmes de Kati (EMIA) et en sort major de sa promotion à l’issue de la formation d’officier en 1975. Le jeune sous-lieutenant Diabira est affecté au 1er Escadron de reconnaissance de Kati, en décembre 1975. Ses immenses qualités d’instructeur le conduiront à être constamment sollicité pour l’encadrement des formations. Il finit d’ailleurs par devenir instructeur permanent à l’EMIA de Kati. Il est nommé Lieutenant en 1977, capitaine en 1982, commandant en 1987, lieutenant-colonel en 1996 et colonel en 2000. Il était inscrit, suivant le Décret N°536/P-RM du 27 septembre 2010 au tableau d’avancement au grade de général de brigade à compter du 1er octobre 2010. Lamine Diabira a occupé successivement les fonctions respectives de commandant du 5ème Escadron de reconnaissance de Tombouctou et commandant 1er Escadron chars de Kati en 1980 , directeur de formation à Koulikoro en 1981, chef du Bureau d’instruction de l’Etat-major Armée de terre en 1983 , Instructeur aux cours de perfectionnement des officiers en 1984, Officier d’Etat-major à l’Etat-major général en 1986 , gouverneur de la Région de Tombouctou en 1987 ; Membre du Comité de réconciliation nationale et ministre de l’Administration territoriale en 1991, Chef de la division emploi à l’Etat-major général des Armées en 1996 et enfin, directeur du centre d’études stratégiques au ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale. Il a été élevé au rang d’Officier de l’ordre. Pour parfaire ses connaissances et dans le cadre de la formation continue de l’officier il a suivi plusieurs stages à l’extérieur notamment en Allemagne en 1977 pour des cours de spécialisation à l’Ecole d’Etat-major des Etats-Unis de 1984 à 1986 ; un stage de 3ème cycle à l’Institut des relations internationales et stratégiques de Paris en 2006. Pour le Chef d’Etat major de l’Armée de Terre, le général de brigade Mamadou Adama Diallo, le Colonel Diabira était doué d’une puissance de travail remarquable, passionnément épris de son métier, il était un collaborateur précieux, d’un dévouement à toute épreuve.
Soumaila GUINDO