Avec plein de projets en tête notamment pour la promotion de la culture, le spécialiste de la culture dogon, historien et ethnologue, vient d’être arraché à l’affection de tous. Pour Boubacar Sidibé, réalisateur à l’ORTM, le cinéma malien perd ainsi «un gros travailleur». À l’Association pour la sauvegarde et la promotion de la culture dogon (Guinna Dogon), dont il était le secrétaire général, comme à la Chaîne nationale «ORTM», on regrette une perte immense pour la culture malienne.
«Nous venons d’Allah et à Allah nous retournons. Pr. Babou Tembély vient de rendre l’âme. Que la terre lui soit légère. En ce mardi 12 août 2014 vers 13 h, lorsque je reçois ce message dans ma boîte, je fus effondré. Il est vrai que tout homme est appelé à mourir, mais la mort de Babou, nous ne l’attendions pas de sitôt. Surtout qu’il y a quelques semaines, j’ai partagé un moment avec lui. Mais les vieilles personnes nous enseignent que la maladie et l’âme ne sont pas du même côté».
En effet, après des semaines de combat contre la maladie, le spécialiste de la culture dogon, historien et ethnologue et membre influent du comité directoire de l’Association pour la sauvegarde et la promotion de la culture dogon (Guina Dogon), Pr. Babou Tembély, est décédé ce lundi 11 août 2014. L’annonce de la nouvelle a fait l’effet d’un coup de tonnerre tant dans la presse que dans le monde des arts et de la culture. Dans les rédactions de l’ORTM, où la nouvelle est parvenue, c’était la stupéfaction et la tristesse.
Cinéaste professionnel, Babou Tembély, l’était. En témoigne la présence à ses obsèques du réalisateur Boubacar Sidibé de l’Office de radiodiffusion télévision du Mali et de plusieurs professionnels du 7ème art. Artiste, il l’a été aussi. Militant de la Fédération des artistes du Mali (Fédama), Babou aura consacré sa vie à la culture. Jusqu’à sa mort, le professeur siégeait au bureau national de l’association Guinna Dogon, dont il était le secrétaire général. Son dynamisme et son dévouement en faveur de la culture ont impulsé une nouvelle dynamique au pays dogon et la prise en compte des intérêts des artistes dans les prises de décisions politiques. À son enterrement, mercredi matin, le monde des arts et de la culture s’est fortement mobilisé.
Un grand «bosseur»
Travailleur, humain, dynamique, engagé, ses plus proches collaborateurs et amis ne tarissent pas d’éloges sur lui. Interrogée par nos soins, l’icône du cinéma africain, Boubacar Sidibé, retient de lui «un homme très respectueux» après avoir travaillé avec lui sur beaucoup de projets culturels, notamment le film «Les Rois de Ségou». Pour le réalisateur, Babou Tembély était un très bon collaborateur pour sa structure. Son dynamisme et son dénouement au travail, dit-il, ne faisaient l’ombre d’aucun doute. «Il a joué un rôle de premier choix dans le film ‘Les Rois de Ségou’», explique M. Sidibé.
«Il a animé à travers le monde des conférences sur le peuple dogon et l’histoire du peuplement du pays dogon, voire du mandé. Babou Tembély était aussi un grand spécialiste de masques dogon et comptait publier depuis quelques années ses manuscrits sur son immense connaissance du pays dogon. Sa mort constitue pour moi et pour le Mali une énorme perte», nous confie Makanfing Konaté de l’ORTM.
Lors des rencontres artistiques et culturelles, Babou a su cultiver avec les autres le sens des rapports humains. Et Alpha Maïga, qui a travaillé avec lui, en témoigne : «Je retiens de lui un homme qui aimait profondément la culture, pour laquelle il avait une sensibilité particulière. Ce qui était remarquable chez lui, c’était aussi son dévouement et sa passion pour la littérature».
Homme de conviction
Pour Makanfing Konaté, «Babou était un fédérateur». À l’en croire, Pr. Babou Tembély s’est battu pour la promotion de la culture et n’a jamais ménagé son engagement à défendre les droits des artistes. D’autant qu’il avait une obsession : «que l’artiste puisse vivre de son art», a déclaré Alpha Maïga. «Sur le plan humain, je retiens de lui un collaborateur sociable, sans rancœur, et très attaché aux rapports humains. Lors de son enterrement, j’ai vu de nombreux stagiaires qui ont tenu à être présents à ses obsèques. Ceci témoigne du fait qu’il avait su cultiver avec les autres une relation fondée sur les valeurs sociales. Il va beaucoup nous manquer», regrette Boubacar Sidibé. Et d’ajouter qu’il était un homme humble, courtois et engagé. «Il avait un idéal, celui d’œuvrer pour la promotion de la culture du Mali sous toutes ses formes. Aujourd’hui, nous pleurons une grosse perte», affirme-t-il.
Babou Tembély s’en est donc allé. Mais pour la presse et la culture maliennes, il restera parmi nous car «les morts ne sont jamais morts».
Bréhima Sogoba
Dors en paix Doyen. AMBA U YABUKAN !
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