Décès du doyen Kaba : «Dors du sommeil du juste» cher aîné

C’est en 1975 que nos chemins se sont croisés. Que dis -je ? C’est moi qui t’ai approché alors que j’étais étudiant à l’EN Sup de Bamako, et me préparais pour le concours d’entrée au CESTI de Dakar. Tu étais pour moi une référence en matière de journalisme. Tes conseils avisés m’ont permis de passer avec succès à ce concours.

Deux ans après, en stage à l’Essor, j’ai été désigné pour le reportage de l’inauguration de la grande mosquée de Bamako. En ta qualité de rédacteur en chef, tu as “revu” mon papier, c’était le départ des premières leçons de déontologie et d’éthique apprises à tes côtés. Plus tard, tu m’as désigné pour te remplacer en qualité de correspondant de l’agence Reuters lors de tes déplacements hors de Bamako. A ton retour de voyage, tu passais mes dépêches au peigne fin sans complaisance. C’est là que j’ai constaté ton sens très élevé de la rigueur, de la concision, bref du professionnalisme.

Je voudrais passer sous silence les antagonismes que tu as subis au cours de ta riche carrière,   mais l’histoire témoignera un jour des pires moments passés à tes côtés lors des événements de mars 1991.  Ainsi, ton émouvante déclaration, au sujet de la très délicate position des journalistes d’Etat placés entre le marteau et l’enclume, aura permis de calmer les émeutiers qui voulaient s’attaquer à la RTM.

Je voudrais également rappeler, ici, qu’en 1989 proposé pour être le Directeur Général de la RTM, malgré l’irresponsable enquête menée sur toi, truffée de mensonges et de diffamations, tu fus désigné à ce poste. Ta première décision a été de me remettre dans mes fonctions de rédacteur en chef de la Télévision, corrigeant, courageusement, une injustice qui m’avait été faite moins d’un an avant.

C’est en reconnaissance de tels gestes que de nombreux agents de la RTM se sont mobilisés pour protester contre ta relève injuste et inappropriée, alors que tous tes actes militaient pour un redressement de la chaîne nationale.

Je me remémore les incompréhensions qui ont entouré tes propos courageux lors des journées historiques de l’information et de la communication,  je cite “Aussi bien on ne peut être un ingénieur ou un médecin sans une formation adéquate, on ne saurait prétendre être journaliste sans une bonne formation “. Quoi de plus normal de la part de l’un des premiers journalises maliens formés à l’école de Lille, avec comme condisciple le très  réputé Hervé Bourges, qui a formé tant de générations de journalistes africains, notamment à l’Institut français de presse (IFP) de Paris, où se déroulait en partie la 3ème année du CESTI et de l’ESIJY de Yaoundé (Cameroun).

Après ta brillante carrière comme diplomate au Caire, où tu as initié et réalisé des projets de coopération inédits avec ce pays, tu es rentré au Mali pour faire valoir tes droits à la retraite.

Mais peu de temps avant ton départ en France, pour un contrôle médical, tu as aménagé dans ton domicile un bureau couplé à une bibliothèque pour te consacrer à l’écriture de tes mémoires. Hélas ! Dieu le tout-puissant en a décidé autrement, mais ton parcours servira d’exemple pour nous et les générations futures.

Dors en paix, El Haj Mamadou Kaba.

Djibril MBODJ

*Journaliste ORTM

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