Décès de Kassé Mady Diabaté : La voix d’or du Mali s’en est allé à 69 ans

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Feu Kassé Mady Diabaté

Surnommé ” la voix d’or du Mali “, l’emblématique griot, Kassé Mady Diabaté, a tiré sa révérence à l’âge de 69 ans, le 24 mai 2018, des suites d’une longue maladie qui l’avait fait interner à la clinique Pasteur de Bamako. Le Mali perd l’une des figures emblématiques de la musique africaine. Kassé Mady, l’artiste griot reconnu au-delà des frontières a bercé le Mali et l’Afrique de sa voix mélodieuse pendant plusieurs décennies.
La triste nouvelle est tombée dans la nuit du jeudi 24 mai 2018 endeuillant le monde de la culture malienne, africaine, voire mondiale. Le samedi 26 mai dernier, sur le terrain de football de Sébénicoro, à quelques encablures de sa demeure, les obsèques nationales de l’illustre disparu ont mobilisé aux côtés du Chef de l’Etat, Ibrahim Boubacar Kéïta et du Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga, des présidents d’Institutions de la République, des ministres, des ambassadeurs de pays amis, des membres de la grande famille des griots et des artistes du Mali, les parents, amis et voisins de quartier du défunt.
Au cours de cette grandiose cérémonie riche en émotions, le président de la République Ibrahim Boubacar Kéïta a élevé Kassé Mady Diabaté au rang de Commandeur de l’Ordre national du Mali à titre posthume. Feu Kassé Mady Diabaté repose désormais au cimetière de Sébénicoro, son quartier.
Kassé Mady est né en 1949 à Kéla, village situé à 8 kilomètres de Kangaba “la ville où tout est esprit”, considéré comme le berceau de la civilisation du Mandé. Fils d’un cultivateur et d’une ménagère, il fut soumis dès le plus jeune âge aux durs travaux agricoles. Il se revoit ainsi coupant l’herbe pour les chevaux, trompant sa solitude par des chants improvisés accompagnés du son du ngoni. Dans sa voix, beaucoup retrouvaient les accents magnifiques de son arrière-grand-père, Bintoufana Diabaté dont le surnom était déjà “Kassé Mady”. Le jeune garçon sera souvent convié à animer des cérémonies de mariage, de baptême et de circoncision dans les communes environnantes.
Cette voix remarquable finira, à l’époque, par attirer l’attention d’un sous-préfet, Kibiri Demba Diallo, qui décide de monter un orchestre dont Kassé Mady est la vedette : l’orchestre de Kangaba. En 1973, Kassé rejoindra Las Maravillas du Mali, groupe créé sur le modelé des Charangas cubaines dont tous les musiciens ont été formés au conservatoire Alejandro Garcia Caturla de La Havane, à l’initiative du président du Mali indépendant, Modibo Kéïta. De cet orchestre sortira le National Badema, figure emblématique de cette période de rénovation du patrimoine musical mandingue.
Kassé Mady restera 16 ans en son sein, rémunéré comme fonctionnaire. Puis en 1989, il enregistre un premier album solo, intitulé Fodé, suivi d’un second, Kéla, et un grand classique du répertoire Kulandjan dans sa version traditionnelle. En 2000, Kassé Mady participera à une autre version de Kulandjan, thème central et titre d’un album de rencontre entre le Bluesman américain Taj Mahal et Toumani Diabaté, son complice de tous les temps. Puis en 2003, ce sera Kassi Kasse, son 3e album Solo.
La voix de Kassé Mady est donc restée présente sur les ondes, toujours associée aux évènements les plus prestigieux. Avec Manden Djeli Kan, il réalise un rêve : s’entourer de meilleurs ! “Ils ont tous répondu à mon appel. Certains m’ont même contacté de Guinée de alors que je ne les avais pas sollicités”, disait-il avec fierté. Une de ses chansons évoque les seins des jeunes filles (Sinanon Saran) une autre se prosterne devant la toute-puissance de Dieu (Allah Doundé). Ainsi les distances entre un passé lointain et l’époque actuelle, les préoccupations spirituelles et les faits de tous les jours, sont-elles effacées comme par enchantement car si l’inspiration remonte au Mali glorieux des épopées, les arrangements, eux, cultivent avec bonheur une subtile connivence entre le style pop et instruments traditionnels (Kininba). Par son ampleur, sa beauté, sa voix, Kassé Mady survole ce grand ensemble, nouvel acte d’une vaste reconnaissance de la musique malienne.
Dors en paix Kassé Mady !
Youssouf KONE

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