Les artistes-musiciens, réunis à Ouagadougou, le samedi 30 août 2014, ont rendu hommage au regretté Amadou Ballaké, l’une des grandes figures de la musique burkinabè. La soirée a été ponctuée essentiellement de témoignages et de prestations musicales.
Amadou Ballaké, l’un des ténors de la musique burkinabè et ouest-africaine, s’en est allé à jamais. Ainsi, un vibrant hommage a été rendu ce samedi 30 août 2014, à celui qui reposera dorénavant au cimetière de Gounghin, dans la capitale du Burkina Faso. Pleurs, émotions et réconforts ont été les faits majeurs de cette cérémonie organisée par les artistes venus d’horizons divers.
À en croire l’artiste-musicien, Baz Bill, «Tonton Ballaké est l’un des grands baobabs de la musique burkinabè, mais aussi l’une des grandes voix de l’Afrique, nous ne pouvons que lui rendre hommage. Il a eu un parcours éloquent, acquis au prix du travail». Il a ensuite ajouté que le doyen s’est inscrit durant toute sa carrière dans la logique de la promotion de la musique burkinabè, en ce sens qu’il n’a jamais cédé à l’influence culturelle étrangère. Baz Bill a dit du «Tonton» qu’il était une personne ouverte, n’ayant jamais cessé de conseiller les jeunes artistes à revenir aux sources et à exercer dans le cercle de la musique burkinabè. «Notre doyen a fait preuve de dynamisme malgré l’amputation de sa jambe ; il a toujours marqué sa présence aux grands rendez-vous musicaux», a-t-il affirmé.
Dans le même ordre d’idée, Bamos Théo a laissé entendre que cet hommage rendu à Ballaké est mérité au regard de sa réputation, aussi bien nationale qu’internationale au plan musical. C’est aussi, pour lui, une occasion d’inciter les jeunes artistes à donner le meilleur d’eux-mêmes pour réussir leur carrière. Bamos Théo s’est réjoui, par ailleurs, de la solidarité qui existe entre les doyens de la musique nationale. «Pendant l’hospitalisation du vieux, ses compagnons d’âge artistes l’ont assisté jusqu’à ce qu’il tire sa révérence. C’est donc l’occasion pour nous jeunes, d’être davantage unis puisque, malgré nos différences conceptuelles, nous œuvrons pour la même cause qui est celle de l’épanouissement de la musique burkinabè», a-t-il continué.
Amadou Ballaké, «une armoire jamais égalée»
De l’avis de l’artiste-musicien Salambo, Ballaké était une personne très amusante au plan social et humain. «Ballaké était un artiste très cordial et qui faisait beaucoup d’humour, mais n’admettait pas cependant qu’on lui fasse du tort ; sa réaction était, alors directe et sans rancune». Il a également apprécié le parcours du regretté à sa juste valeur. «Au plan artistique, Ballaké est une armoire jamais égalée de la musique nationale et internationale. En effet, il a eu l’honneur d’évoluer avec Africando, grand orchestre africain, et a reçu deux disques d’or africains», a-t-il rajouté. Sur la question de l’accompagnement des artistes émérites, Salambo a exhorté les autorités à davantage fournir des efforts pour garantir une retraite décente aux artistes qui, quelquefois, sont marginalisés, car ils demeurent de grandes icônes de la culture de notre pays : «Georges Ouédraogo, Bamogo man, Amadou Ballaké et bien d’autres se sont battus corps et âme de leur vivant, pour porter haut le flambeau de la musique, voire de la culture burkinabè».
En larmes, à cause du «vide» laissé par la disparition de son père, Mlle Fatimata Traoré, fille aînée, est ravie de cette cérémonie. «Je suis très émue par ce vibrant hommage rendu à mon papa ; j’en suis reconnaissante et je tiens sincèrement à remercier tous les artistes ici présents et tous ceux qui l’ont d’une manière ou d’une autre soutenu». Elle a également manifesté la nostalgie de son père, celui qui s’est toujours soucié de l’avenir de ses enfants et les a éduqués dans le sens du respect des autres. Quant à Alima Traoré, quatrième fille du défunt, papa Ballaké a été exemplaire. «Un père plein d’humour, d’amour et très intelligent même s’il n’a pas été scolarisé ; il nous a conseillé de toujours écouter les anciens». Bien que disparu, le «tonton» restera gravé dans les mémoires des uns et des autres car, dit-on, «un grand homme ne meurt jamais».
Joanny SOW- Ourya SOURA
(Stagiaires)