Décédé le lundi 30 mars dernier : Notre confrère Baba Daga inhumé hier au cimetière de Baco-Djicoroni

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Le président de la République, Ibrahim Boubacar Keita décorant, hier, Baba Daga à titre posthume Officier de l’Ordre National

La cérémonie s’est déroulée en présence de plusieurs personnalités dont le  Président de la République, Ibrahima Boubacar Kéïta, le Premier ministre, Modibo Kéïta, le chef de file de l’opposition, l’honorable Soumaïla Cissé, ainsi que de nombreux chefs d’institution, collègues, amis et parents de l’illustre disparu. Baba Daga a été décoré à titre posthume au rang d’Officier de l’Ordre National du Mali par le Président de la République.

 

Djibril M’Bodge, son compagnon  de plus de 40 ans, lui rend un hommage mémorable

Bissimilahi Rahamani Rahim

Djibril Mbodj

Dieu soit loué. Le natif de Niafounké, Balobo, en ce jour fatidique du 30 mars 2015, à la veille de ton 62ème anniversaire jour pour jour, ta course vient de s’achever  brutalement. Ainsi en a décidé le bon Dieu, le très  miséricordieux. Cette course, que tu as commencée par  de brillantes études primaires et secondaires à Niafounké,  puis au lycée Askia Mohamed, nous la poursuivîmes  ensemble à l’Ecole Normale Supérieure de Bamako en 1974. Mais, nous n’étions pas destinés au métier  d’enseignant et, ensemble, avons décidé de passer le concours du CESTI, de l’Université de Dakar au Sénégal.

Reçus en 1975, en 1978, le diplôme supérieur de journalisme en poche: spécialité Audiovisuelle de la 4ème promotion de cette prestigieuse école de journalisme d’alors, nous sommes recrutés le même jour à la fonction publique en juillet 1978 pour servir à la RTM.

Baba, en raison de tes qualités personnelles, tu as été rapidement désigné rédacteur en chef de la radio. Puis, tu fus nommé directeur des informations, ensuite, directeur général adjoint de la radio. A la création de la télévision nationale, c’est encore toi, formé à la tâche à l’Institut français de presse de Paris XI, puis à la faculté de l’Audiovisuelle de l’Université de Montréal, c’est toi, dis- je, avec doigté, qui présentas le premier journal télévisé. C’était le soir du 22 septembre 1983. J’en étais le chef d’édition.

Ensemble, nous avons fait grandir le bébé pour le laisser dans les mains de nos successeurs.

Pendant plus de dix ans, tu travaillas avec intelligence  pour faire de la télévision nationale du Mali une référence dans la sous-région. Nous avions, à l’époque, cette pensée d’Einstein à l’esprit : “ N’essayez pas d’être un homme à succès … Essayez plutôt d’être un homme qui a de la valeur “.

Baba, tu avais de la valeur. C’est pourquoi, après l’ORTM, tu as pris les rênes du CESPA (Centre des Services de Production Audiovisuelle). Là aussi, pendant une année, tu as su donner un sens à ce service dont l’intérêt est de plus en plus perçu favorablement par les autorités dans le cadre de la communication pour le  développement.

Comme appelé par le destin, car ton destin est lié à celui de l’ORTM, te voilà de retour à Bozola comme président  directeur général en 2012. Ta connaissance de la boîte,  ton sens de la rigueur au travail, ton professionnalisme t’ont beaucoup aidé à maintenir la barre afin que l’ORTM  continue de jouer pleinement son rôle. Ce ne fut pas  toujours facile, Baba. Ce qui m’amène vers cette pensée  du Dr Dialla Konaté dans son essai intitulé ” La déplorable tentation de la confrontation “, Il écrit ceci: ” la tolérance, la courtoisie, le respect de soi et d’autrui ont largement reculé dans notre pays. On cherche à affronter l’autre, quelques fois à l’humilier sans raisons ni objectifs identifiables”.  Baba, ton chemin fut parsemé d’embûches. Avec courage et abnégation, tu les as surmontées grâce à Dieu car le mérite était là. C’est pourquoi, tu as été de longues années durant Conseiller technique au département des finances, puis à la Primature où tu as donné le meilleur de toi-même.  Certes, avec l’ardeur au travail que l’on te connait et avec le franc-parler qui est le tien, tu as laissé une bonne impression auprès de collaborateurs de ces différents ministères.  Dans quelques instants, nous allons te porter sous terre. Puisses-tu germer en termes de souffle qui puisse inspirer qualitativement le travail de tous nos cadets de la presse pour un Mali de paix et de concorde entre tous les fils de ce pays. DAG, tu étais un homme de foi sincère car la crainte de Dieu Tout Puissant guidait tous tes actes. Et il est dit “ Bienheureux qui craint Dieu “, Il me revient à l’esprit, lors des obsèques de cet autre confrère, tu nous confiais  au directeur de l’ORTM et à moi, avec le détachement et  l’humour qui te caractérisaient de penser à mettre en boîte  les images d’archives des anciens de la maison pour le  moment venu. Voilà pour toi le moment venu. Saches que  tu n’es plus là où tu étais mais tu es partout là où je SUIS.

Mais, Baba, le moment est venu trop tôt pour toi. A la fin  de cette année, nous devrions faire valoir nos droits à la retraite. Tu as choisi de décrocher. Alors, je te dis au  revoir après plus de 40 ans d’amitié et je prends  l’engagement d’être aux côtés de tes deux enfants et de ton épouse pour le restant de mes jours.

Que Dieu t’accueille dans son paradis.

Dors en paix DAG.

Djibril BODJE

 

31 mars 2015 : Adieu frangin !

Diomansi Bomboté

Un ange s’en est allé, j’espère vers les verts pâturages célestes. Nul homme ici-bas, chez nous comme ailleurs partout dans le monde, hier, aujourd’hui, demain, ne saura faire l’unanimité. Je ne crois pas que Baba Daga qui nous a quittés lundi tôt le petit matin, ait jamais eu la prétention d’être un homme à l’abri de tout soupçon. Il est cependant remarquable que tous les témoignages que j’ai recueillis autour de lui soient unanimes à reconnaître une dimension d’homme incarnant des vertus exemplaires telles que la franchise, la courtoisie, et une constante volonté de fidélité dans l’amitié.

Justement parce que nul n’est parfait, il était difficile de mettre en avant le sens de la délicatesse de l’homme. Ses certitudes, surtout sur le plan professionnel, étaient défendues avec brutalité à travers un franc-parler unanimement reconnu, très caustique.

J’ai connu Baba quand j’enseignais au CESTI de Dakar. Malgré son allure fluette, il pouvait être visible au sein de ses camarades, par ses interpellations redoutables. Hier, alors qu’il était un jeune chérubin, frêle, plein de malice, baguenaudant dans les couloirs du CESTI, j’avais pour lui une profonde affection que, pour des raisons de déontologie pédagogique, il me fallait enfouir sous une carapace artificielle.

Son apparente désinvolture, soutenue par un esprit espiègle et taquin, laissait transparaître une intelligence alerte et vive. Sa gaieté audacieuse et coquine laissait supposer une philosophie de la vie qui s’apparente à la mienne : ” être sérieux sans se prendre au sérieux “.

Ni le temps et les distances, ni les vicissitudes de l’existence n’ont pu altérer cette douce et discrète affection qui n’a jamais cessé de couver en moi pour lui et pour bien d’autres étudiants du CESTI d’ailleurs, prolongement naturel et définitif de mon univers mental, intellectuel et sentimental.

Des fois, oui, mon cher Baba, franchement, j’ai trouvé que tu en gardais sous la plume et que tu aurais pu exploiter avec plus de ténacité ta facilité intellectuelle naturelle. Sans doute, as-tu toujours privilégié la dimension ludique du travail à son côté stakhanoviste. Pourtant, ils sont nombreux les témoignages dont la sincérité ne saurait être mise en doute, soulignant tes talents de professionnel intransigeant.

Plus d’un acteur de l’actualité, qu’il soit politique ou simple cadre, a eu à redouter ton sarcasme, tes persiflages et tes railleries subtilement distillés lors d’interviews et de débats que tu as eu l’occasion de diriger.

 

A l’ORTM, à la Primature, au Ministère de la Communication, au CESPA et dans bien d’autres services, j’ai eu droit à d’émouvants éloges sur ton sens de la convivialité, ce côté humain qui pourtant ne t’a jamais empêché de conserver un franc-parler que tu savais si bien enrober de douceur et de gentillesse.

 

Ton côté fantasque aux yeux de certains cachait une forte personnalité qui avait la tête ancrée sur les épaules, comme me l’a fait remarquer l’ancien directeur de l’AMAP, M. Souleymane Drabo. D’autres te percevaient sous le trait d’un rebelle indomptable. Ce n’est certainement pas l’avis d’Oumar Gilbert Maiga, abattu par la douleur de ta mort, qui s’est beaucoup appesanti sur ta dimension humaine sous-tendue par une philosophie de la vie dégageant une grande générosité. Ne lui as-tu pas confié : ” dans la vie, on ne peut pas tout avoir. Dieu seul sait ce qu’il nous réserve. Il y a une justice divine et un jour, la vérité triomphera “.

L’ancien Premier Ministre, Ahmed Mohamed Ag Hamani, dont tu fus l’un des conseillers, visiblement envahi par la douleur de ta disparition, m’a confié :  «Baba est avant tout un jeune frère avant même que nos chemins ne se croisent au service de l’Etat. Il était engagé. Il a été un journaliste de talent, d’une fidélité irréprochable, très respectueux, courtois et poli envers tous».

Lui emboitant le pas, Baba Djourté, jadis ton tandem à la présentation du journal télévisé, insiste, la gorge nouée, sur ta passion pour ta profession : ” il vivait ses textes avec une profonde conviction “. Djibril Mbodge, un autre compagnon à la télévision, aurait certainement dit la même chose.

 

Avec ton sourire mâtiné parfois de dérision, alors que tu venais de m’accueillir au CESPA, tu m’as lâché cette phrase que je n’oublie pas : ” Koro, je ne m’en fais pas. Je sais qu’on ne peut pas plaire à tout le monde mais l’essentiel, sans se mentir à soi-même, c’est d’être quitte avec sa conscience “.

Fifi, ton épouse, et vos deux jeunes enfants, Samba ton grand frère et copain, et d’autres parmi votre entourage familial et amical, peuvent être fiers de l’héritage multidimensionnel que tu leur auras légué.

 

Baba, puisse la ” vérité divine ” t’être clémente.

 

Par Diomansi BOMBOTE

diomansi@yahoo.fr

 

 

 

 

 

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4 COMMENTAIRES

  1. Une petite rectification s’impose cependant. C’est au Lycée de Badala que Baba Daga a passé son bac en 1975

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