Décédé à Paris des suites de coronavirus, la dépouille du leader charismatique de l’URD, chef de file de l’opposition, attendue demain, sera portée en terre vendredi.
Terre il était, terre il y retournera. La nation entière s’apprête à lui rendre un dernier hommage. A la dimension d’un homme qui avait consacré l’essentiel de sa vie à la politique et qui jouissait d’une large notoriété et d’un grand prestige dans son pays et au delà. Maniant à l’envie un style simple, direct, dépouillé de tout artifice, au risque de bousculer certaines idées préconçues, sa compagnie et ses conseils étaient recherchés. Comme par le passé, lorsque candidat en 2002 son parti l’Adema l’abandonnait au milieu du gué au profit de l’indépendant Amadou Toumani Touré qui du reste avait mouillé le maillot. Certes, Alpha Oumar Konaré, président sortant était guidé par une autre considération comme il l’avait brillamment résumé dans un discours testament: « le coureur de relai, une fois joué sa partition, ne peut pas se désintéresser du reste de la course… J’ai un candidat, il est faible… Je ne dirai pas son mon, de crainte qu’il ne soit canardé».
A l’échec aux portes de la présidence de la République succédait la protestation. Celle-ci en politique joue un rôle plus important. Et réciproquement la désertion joue un rôle d’autant important que le nombre de partis politiques soit plus élevé. Soumaïla Cissé portait sur fonts baptismaux l’Union pour la République et la démocratie (URD) en 2003, conférait à sa formation une force de frappe par le biais aussi de fusion-absorption de petits partis.
L’ingénieur-informaticien, sorti de l’Ecole polytechnique universitaire de Montpellier, s’était investi corps et âme à élargir sa base électorale en partant à la pêche de nouveaux adhérents. Succès en demi-teinte. Ses efforts s’étaient en partie fracassés contre certaines réticences à mordre l’hameçon. Ses propos du style « les Maliens consomment trop de sucre » ou encore « le pain est un luxe pour les Maliens » en réaction à la valse des étiquettes alimentaient les causeries dans les grins, salons feutrés. En dépit de ses dénégations, le ver était déjà dans le fruit. Et, il n’avait quitté son rang de second à la présidentielle.
Les dieux sont jaloux !
L’ex-otage avait bénéficié durant sa captivité longue de six mois d’un élan de solidarité qui ne l’avait plus abandonné ces derniers temps. Un sondage lui donnait largement favori de la prochaine élection présidentielle de juillet, même si aucune date pour l’instant n’est avancée. Mais les dieux sont jaloux. Soumaïla Cissé tirait sa révérence le 25 décembre dernier dans un hôpital parisien à l’âge de 71 ans des suites de Covid 19. Il est décédé cinq jours après avoir fêté son anniversaire et deux mois après deux anciens présidents de la République, Amadou Toumani Touré et Moussa Traoré.
Sa dépouille est attendue demain. Le lendemain, vendredi, les obsèques auront lieu à 10 h au Palais de la culture Amadou Hampaté Bah, d’après un communiqué de son parti.
Georges François Traoré