C’est une foule éplorée de parents, d’amis et de connaissances et surtout du monde de la communication et de l’information, du Guide spirituel de la Communauté des soufis du Mali, Cheikh Soufi Bilal Diallo, qui a accompagné hier lundi 20 juillet 2015 Benogo Dao, précédemment journaliste au “Groupe Renouveau” en sa dernière demeure. Le frère, l’ami, le compagnon, le confrère repose désormais pour l’éternité au cimetière de Magnambougou.
On n’entendra plus son rire contagieux, ses piques frappées au coin du bon sens. Sont orphelins tous ceux à qui il rendait discrètement service. Benogo Dao, né le 11 août 1975 à Kati, a, en effet, emprunté le train de l’infini le dimanche 19 juillet dans la fraîcheur de la pluie bénite de la veille. Il nous laisse dans la plus grande nostalgie, mais surtout sa veuve Aminata Sanogo et son fils Zana, inconsolables.
Après ses primaires à l’école fondamentale de Somasso, où il avait suivi son père, retraité de l’armée, le diplôme d’études fondamentales (DEF) au second cycle à Bla II, il a fréquenté le lycée Abdoul Karim Camara dit Cabral (LAKCC) de Ségou où il décrochera le baccalauréat en série sciences humaines (SH). On était en 1998.
Pour ses études supérieures, il optera pour la Faculté des sciences juridiques et politiques (ex-ENA). Nanti du diplôme de droit public de la FSJP, Benogo Dao, pour contourner le chômage, va tâter du journalisme. Il sera successivement reporter à “Mali-Demain”, “Le Populaire”, à l’Opinion… avant de poser ses valises au “Groupe Renouveau”, éditeur, entre autres publications, de “L’Indicateur du Renouveau”.
Et comme “entrer dans le komo existe, mais en sortir n’existe pas”, la transition sera définitive pour lui. Bien que déterminé au départ à intégrer coûte que coûte le corps des magistrats, il finira par jeter son dévolu sur le monde de la presse. Il était tellement d’un bon commerce, droit dans ses bottes et honnête que des organisateurs n’hésitaient pas à lui confier le volet médiatisation de leurs événements.
Benogo Dao a certes couvert beaucoup de sessions de Cour d’assises, qui semblaient son point de prédilection, mais il s’exerçait aussi avec beaucoup d’application sur d’autres terrains comme le reportage, le portrait, le commentaire sportif, l’interview, la revue de la presse sur “Renouveau FM”.
Ben, nous te savions malade depuis plus d’un an, nous savions que tu livrais un duel épique contre une leucémie myéloïde chronique (LMC), mais la mort, parfois inattendue, est toujours inexorable.
Peu connue, la LMC qui t’a emporté Ben est une variété de cancer du sang, caractérisée par la production excessive des globules blancs dans la moelle osseuse (organe qui produit le sang). Elle est due à une anomalie génétique acquise. Tu te battais pour que sa prise en charge soit une réalité au Mali eu égard à la cherté des soins.
C’est vrai que la cause réelle de cette maladie n’est pas connue, mais tu savais que sans traitement, elle peut évoluer vers des complications graves avec un risque vital. La LMC est très rare chez les enfants, mais sa fréquence, écrivais-tu récemment, augmente avec l’âge. Au Mali, tu savais bien qu’elle représente le deuxième cancer du sang le plus fréquent.
Merci pour le combat. Nous nous souviendrons à jamais de ta contribution positive dans la construction d’un Mali démocratique, égalitaire, laïc où chaque citoyen exerce pleinement ses droits et obéit à ses devoirs et obligations.
Finalement, nous cessons de pleurer de t’avoir perdu trop tôt en nous consolant du bonheur de t’avoir connu.
Dors en paix frère, confrère et ami !
La Rédaction
DISPARITION PREMATUREE DE BENOGO DAO
Un concert d’éloges
Les confrères de Benogo Dao retiennent de lui l’image d’un homme affable, désintéressé et patriote.
Oumar Konaté (Prétoire) : “Ben n’a pas fait du métier un fonds de commerce”
J’ai connu Ben en 2006 dès lors nous nous sommes entretenu des très bonnes relations amicales. Récemment à la veille de la fête on était au CICB. Personne ne s’attendait à sa mort brutale. Nous l’avons connu en tant que collaborateur francs qui connait notre métier, difficile de l’exercé. Mais Ben a su faire ça avec foi. La preuve, pendant dix ans il y a eu beaucoup de choses. Ben n’est pas voulu faire ce métier un fonds de commerce. Il mettait de l’avant sa croyance. Aujourd’hui nous regrettons sa disparition.
Yaya Samaké (22-Septembre) : “Nous nous sommes connus en fin 2006”
Nous nous sommes connus quand je faisais mes premiers pas dans la presse en fin 2006. Je garde en lui un homme de très humble, un travailleur, dévoué pour cette profession. Ce qui m’a marqué surtout sa sympathie et son respect envers les jeunes. Que le tout puissant lui accueil dans son paradis.
Soufi Bilal (guide spirituel) : “Nous sommes éprouvés aujourd’hui par le décès de notre frère Benogo Dao”
Telle est la vie. Nous sommes éprouvés aujourd’hui par le départ de notre frère Ben Dao. Celui qui s’est beaucoup battu pour notre communauté et la population malienne. Il va nous manquer, mais ses écritures nous restent des souvenirs, notamment le point de droit. Ses bienfaits soit des bonheurs dans sa tombe. Par la grâce de Dieu en voyant tous ses collaborateurs à son cheveu, la déontologie est très respectée chez lui. Il n’était pas quelqu’un qui attentait à la dignité des personnes, c’est très important dans la vie d’un journaliste. Implorez Dieu pour le repos de son âme !
Boubacar Traoré (Djekafo) : “Il était très jovial”
J’ai un sentiment de tristesse. Ben Dao était très jovial et sociable. Que la terre lui soit légère, que la famille qui reste derrière lui puisse être développée, épanouie. Notre amitié date de 2003. On était devenu de complice dans un sens positif.
Abdoulaye Guindo (Procès-verbal) : “Je suis dépassé par l’œuvre sociale manifestée de la presse”
Je suis animé par un sentiment de tristesse. Je suis un journaliste très proche de Ben. On s’attendait très bien. Il m’appelait très souvent. Je me rappelle lors de sa dernière hospitalisation j’ai fait plus de trois jours à ses côtés. Je lui faisais des visites régulières à l’hôpital. Que faire contre la volonté de Dieu. Il nous revient de prier pour lui pour le repos de son âme en paix.
Lanfia Sinaba : “Chaque fois qu’on perd quelqu’un de cher, c’est la tristesse”
Chaque fois qu’on perd quelqu’un de cher, c’est la tristesse. Benogo et moi c’est un peu particulier. Il est l’un des tout premiers confères que j’ai connus dans le monde de la presse en 2006. A l’époque, il était au journal Mali-Demain. C’est là-bas que j’ai fait sa connaissance. Il aimait son travail.
Kassim Traoré (Le Reporter) : “Depuis qu’il a rejoint L’Indicateur, Benogo est resté fidèle”
Je commence d’abord par présenter mes condoléances à la famille de notre confrère Benogo Dao. J’ai connu Benogo en 2004 quand il venait avec nous sur le terrain de reportage. Je me souviens aussi quand il s’agit de mettre en place les embryons de l’organisation de jeunes reporters. Il était à nos côtés à la pyramide du souvenir. Il faisait partie de la dizaine des jeunes qui était avec nous pour la mise en place. A l’époque, il était dans un journal dont j’ai oublié le nom. Après je l’ai vu avec le confrère Daba Balla Kéita de Nouvel Horizon ainsi de suite.
Depuis qu’il a rejoint L’Indicateur, il est resté fidèle à ce journal et ses frères et cousins promoteur de cet organe. J’avoue que Benogo était un garçon qui n’avait aucun problème avec les gens au contraire, il était comme nous tous, sortir le matin, aller sur terrain de reportage. Sa principale mission était de collecter les informations et les mettre à la disposition de ses lecteurs.
L’image que je garde de lui c’est le jour où à la pyramide du souvenir quand il s’est agi de la mise en place officielle du bureau de l’OJRM, il a dit que pour lui peu importe même si on ne le met pas dans le bureau l’essentiel est que le travail que nous avons fait ensemble de 2000 jusqu’en 2003 aboutisse à un bureau consensuel. C’est Benogo Dao qui a donné sa place du 1er secrétaire à l’organisation à Bouba Yattara. Ce jour il n’a posé aucun problème. Je prie pour que son âme repose en paix. Je prie surtout qu’il soit un exemple pour la nouvelle génération des journalistes qui viennent dans notre profession. Par ce que c’est très difficile d’être comme Benogo Dao, un homme effacé, qui travaille de façon désintéressée. En tout cas il nous a laissé un lourd fardeau et c’est à nous de pouvoir supporter ce fardeau et d’être un exemple et de ne jamais le décevoir.
Casimir Sangala, ami : ‘’C’est une grande perte non seulement pour la rédaction pour laquelle il travaillait, c’est aussi une perte pour la presse malienne, et la nation’’
Chaque fois qu’on perd un journaliste, on perd un instructeur, un éducateur, et un écrivain. C’est une grande perte non seulement pour la rédaction pour laquelle il travaillait, c’est aussi une perte pour la presse malienne, et la nation. Il avait une certaine expérience, Benogo est un grand journaliste. Dans la vie sociale il avait de respect pour ses ainés et ses collègues. On prie le seigneur de lui accueillir dans son paradis. Je lancerais un appel pour l’ensemble de la presse, Ben laisse une veuve et un enfant, après plusieurs années d’ailleurs de maladie, je souhaite que la presse puisse se pencher sur cette question, celle de sa famille.
Propos recueillis par Bréhima Sogoba et Yéhia Baby
Markatié Daou : « Ben a gardé la plume jusqu’à son dernier jour »
Diamoutany, Coulibaly, Débokoma…, voilà des patronymes que je prêtais souvent à celui que j’appelais aussi affectueusement « mon Kôrô » (mon Grand frère). Benogo DAO, c’est de lui qu’il s’agissait. Je ferai économie des qualités de l’homme au risque de vous servir la litanie. Mais une chose est sûre, c’est que Ben était un bosseur, un journaliste engagé et un infatigable serviteur. Cela, il l’a prouvé à travers ces derniers articles. L’artiste qui suit, a été rédigé la veille du lundi 13 juillet (jour de son hospitalisation), à l’Hôpital du Mali où il s’est, une semaine durant, battu contre la mort. Mais hélas, il était déjà écrit quelque part que son dernier souffle sur terre sera rendu un dimanche, 19 juillet 2015.
« C’est fait, la vie continue », peut-on dire. Mais Ben aussi continue à vivre comme l’arbre de la sympathie qu’il a planté et le flambeau de la confraternité qu’il a entretenu jusqu’à son dernier jour. Ce flambeau nous tenterons de le lui reprendre. Pour que nul n’oublie le sens de la confraternité, vue par Benogo DAO !
Nous vous proposons le tout dernier article de l’infatigable serviteur des lecteurs.
Lisez !
« IMPOTS: Les travailleurs vont observer 72 h de grève
Pour non satisfaction de ses revendications, notamment la gestion du plan de carrière, la répartition des primes, le syndicat des travailleurs des impôts ont décidé d’observer 72 h de grève à compter de ce lundi 13 juillet 2015.
Le syndicat des travailleurs impôts n’a plus d’autre choix que d’aller en grève pour non- satisfaction de ses doléances, a-t-on appris de source syndicale. Ces doléances qui datent de 2012, concernent principalement la gestion du plan de carrière, la répartition des primes, etc.
A en croire la même source syndicale, avant d’en arriver là, une commission de conciliation, composée d’anciens cadres des impôts, a été engagée comme médiateur pour trouver une issue heureuse à la crise. En vain.
Le syndicat a pu rencontrer mercredi dernier le ministre de tutelle pour trouver un dénouement heureux. Mais contre toute attente, le ministre de l’Economie et des Finances lui aurait répondu tout simplement qu’il ne céderait pas aux chantages et clôturé les discussions.
Le syndicat, après avoir informé tous les centres des impôts de Bamako, a décidé de maintenir son mot d’ordre de grève de 72 h à compter du lundi 13 juillet 2015.
Ben Dao »
Issa Fakaba Sissoko : « Ce que je retiens de Benogo Dao »
J’ai partagé la même rédaction (« L’Indicateur du Renouveau ») avec Benogo Dao entre août 2007 et juin 2013. De notre collaboration je retiens de lui un homme honnête, un bosseur, un journaliste professionnel. Humainement bon, socialement dévoué, Benogo Dao a su entretenir avec ses camarades de la rédaction des relations de confraternité, mais également de parenté. Car une rédaction c’est aussi une famille. Comme si c’était hier, je me souviens de nos blagues avec Abdoul Karim Maïga au petit soir, à l’heure du bouclage, notamment autour du thé. Comme si c’était hier je me souviens de nos discussions politiques, souvent tendues mais instructives, ou encore les explications que je te demandais sur certaines notions du Droit. Nous étions comme des frères, avec les autres nous formions une famille… Tu vas nous manquer, mais tu resteras parmi nous. Dors en paix mon frère !
Issa Fakaba Sissoko
Journaliste à « Studio Tamani »
Ancien collaborateur de Benogo Dao
Repose toi en paix
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