D’une honnêteté intellectuelle et morale indéniable, d’une rigueur scrupuleuse sur les principes, d’une modestie reconnue de tous, Mohamed Sylla est resté le même, jusqu’à ce que la mort l’arrache à notre affection ce dimanche 25 novembre 2007 : un homme très humain et sensible, attentif aux problèmes des autres. Mais aussi et surtout un homme responsable qu’on a aucune peine à retrouver…’’immortel’’… à travers ces lignes. Dors en paix, Kaou !
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Né en 1925 à Nioro du Sahel où il fit ses études primaires et élémentaires, Mohamed SYLLA est le type même de ce que les Anglais appellent si justement le «Self Made Man», un qualificatif qu’il n’est d’ailleurs pas peu fier de porter.
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Un homme exceptionnel
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En effet, entré très tôt dans l’Administration coloniale qui est, comme le savent tous les Anciens, l’Ecole parfaite de la Discipline, de la Conscience Professionnelle et du sens du Devoir, Mohamed SYLLA gravira patiemment et consciencieusement tous les échelons, et toujours par voie de concours, jusqu’au grade de Rédacteur d’Administration.
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C’est ainsi qu’il enrichira son expérience professionnelle en servant successivement et à des endroits aussi divers que les Tribunaux, les Services administratifs et Financiers, les Retraites et Pensions, la Comptabilité matières, etc.
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Mais, par-dessus tout, sa riche expérience politique et sa parfaite connaissance des hommes ont fait de lui un homme d’exception à qui les plus Hautes Autorités ont toujours estimé utile de faire appel pour trouver les solutions les plus aptes à résoudre les problèmes les plus ardus.
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A titre d’exemple, c’est ainsi que le choix se porta tout naturellement sur lui pour accompagner le Ministre d’Etat Jean-Marie KONE en Côte d’Ivoire lorsque plusieurs millions de Maliens furent expulsés des Mines diamantifères de Séguéla, Korogho et Manankoro.
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Lorsqu’il s’est agit de mener des pourparlers particulièrement délicats tant sur le plan politique avec le Benelux, la France, l’Allemagne, l’Italie, la CEE à Rome, Strasbourg et Bruxelles, discussions à l’issue desquelles naîtra l’Association ACP-CEE, l’Assemblée nationale n’hésitera pas à désigner le Député Mohamed SYLLA pour seconder son Président.
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Est-il besoin de souligner que partout où des Maliens se sont trouvés brimés, spoliés ou expulsés, son tact et son intelligence politique le désignaient presque automatiquement pour régler ces problèmes au mieux des intérêts du Mali et des Maliens tout en sauvegardant nos relations amicales avec les pays d’accueil. Il n’est pas inutile de rappeler qu’il a été choisi par ses pairs pour représenter l’Assemblée Nationale dans la Délégation Nationale du Mali aux 22è et 23è Sessions de l’Assemblée Générale des Nations -Unies.
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C’est que cet ancien stagiaire du Centre International de Perfectionnement et Technique de Turin en Italie (Marketing International) et du Centre Panafricain de Formation Coopérative à Cotonou – la commercialisation des produits agricoles de coopératives de crédits agricoles était bien outillé pour de tels défis.
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La conviction politique…comme la foi religieuse
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On peut affirmer sans risque de se tromper que Mohamed SYLLA, comme dit de certains hommes, est entré en politique comme on entre en religion, c’est-à-dire avec la foi et la force de conviction qui soulèvent des montagnes et qui font qu’un homme va au-delà de lui-même.
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Membre fondateur de la jeunesse de l’Union Soudanaise Rda dont il sera un militant particulièrement actif, il est élu le 31 Mars 1957 au Conseil territorial du Soudan français qui deviendra successivement Conseil général, puis Assemblée territoriale, Assemblée constituante, Assemblée législative et, enfin, Assemblée nationale.
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«Le Patrice Lumumba du Mali».
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Avec une régularité et une constance dignes d’admiration, Mohamed SYLLA est constamment réélu Député -Maire de son Nioro natal et toujours membre du Bureau de l’Assemblée. Il peut en outre se targuer d’avoir été l’un des plus jeunes députés de l’Assemblée nationale et cette particularité jointe à celle de sa ressemblance inimaginable et presque parfaite avec celui que l’Afrique entière considérait comme son plus pur Héro l’a fait surnommer par tous et singulièrement par la jeunesse «le Patrice Lumumba du Mali».
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Un tel parcours politique quasiment sans faute dénote sans nul doute, l’homme foncièrement honnête intellectuellement et moralement, d’une rigueur scrupuleuse sur les principes, mais d’une modestie reconnue de tous, humain et sensible, attentif aux problèmes des autres.
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Refus de la compromission
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Et c’est précisément cette rigueur et ce refus systématique de toute compromission qui lui ont valu des «attentions particulières» des services de sécurité et du CMLN dès les lendemains du coup d’Etat de 1968. En effet, tant à Kéniéba où il fut immédiatement affecté aux Affaires Economiques, au Ministère du Commerce et enfin à la Loterie Nationale, Mohamed SYLLA a été sous la surveillance étroite, constante, tatillonne et vexatoire des services de Sécurité jusque et y compris dans sa vie sociale et familiale. C’est ainsi qu’entre autres procédés psychologiques employés à son encontre, il lui était pratiquement impossible, chaque fois qu’il se rendait chez lui à Nioro, de sortir même de sa maison où il devait rester cloîtré de peur des harcèlements et des provocations orchestrés dans l’ombre au point de ne même pas pouvoir rendre visite à des parents ou présenter des condoléances dans les villages environnants.
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La prison physique ne pouvait être pire que cette prison psychologique et mentale. Son intégration dans le corps des Administrateurs civils n’a pu intervenir que tout récemment au titre des régularisations des situations administratives par qualification professionnelle de ceux qu’il était convenu d’appeler les «Pionniers».
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Pour terminer, signalons que ni l’âge, ni les nouvelles activités n’ont empêché Mohamed SYLLA, dès la chute de l’ancien régime, et la renaissance de l’US/RDA de se remettre spontanément au service de son parti dont il est le Vice-président du Bureau Politique National et de celui de la section IV -US/RDA qui l’a investi à l’unanimité comme candidat aux élections législatives en Commune IV 2002.
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Chevalier de l’Ordre national du Mali et Officier de l’Ordre national de la Mauritanie, il était président du cercle des anciens députés du Mali et, à ce titre membre de l’Association des députés de la francophonie.
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Après de bons et loyaux services dans l’administration malienne Mohamed Sylla, fut admis à faire valoir ses droits à la retraite. Mais l’administrateur civil à la retraite n’est pas resté inactif. Il ne tarda pas à porter sur les fonts baptismaux une société dont il était le Directeur Général : la SOMAGECO. Kaou, Papa, Barou, Bébé, Tah, Badiallo, Hawa, Dou, M’Bo, Sadio, Djegui, Yahi, Tokorê, Mohamed Dibassy etc te disent merci. Pour tout.
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