ATT a eu un parcours atypique. Il n’est pas exempt de critiques, mais, il a été un patriote, un bâtisseur. Retour sur le parcours d’un homme du peuple.
Le Général ATT a été un homme du peuple. Président, il l’a dit, son parti était celui de la demande sociale. Il a réussi pendant longtemps à s’affranchir des partis politiques, en les jouant les uns contre les autres, ce qui lui a permis de s’affranchir des chapelles politiques.
Pendant longtemps, il a été le “petit père du peuple“, avec pour seul credo, la satisfaction de la demande sociale, des besoins primaires des populations. Dans ce cadre, il ne s’embarrassait pas des règles, avec pour seule vision, la satisfaction des besoins. Dans ce domaine, on peut citer le 3è pont, les échangeurs, les routes, l’Assurance maladie obligatoire (Amo) qu’il citait lui-même comme sa plus grande fierté, les logements sociaux.
Tout n’a pas été forcément heureux sous son magistère, mais, l’histoire doit retenir de lui son amour pour son pays, sa volonté de bien faire, avec peu de moyen, et son détachement des biens matériels. Jamais il n’a été dans la dilapidation des biens de l’Etat, dans les affaires, dans la prévarication.
Il a été un président “frugal”. Il a été connu comme très près des deniers publics. Il n’était pas dans le gaspillage des biens publics, voulant à tous les niveaux utiliser à bon escient les deniers publics.
ATT, comme par prémonition a passé son testament à la veille du 22 septembre 2020 en accordant une interview fleuve à Salif Sanogo de l’ORTM sur sa part de vérité. Il était resté discret et effacé depuis son éviction et son retour au Mali.
Que son âme repose en paix président.
Alexis Kalambry
Décès de l’ancien président du Mali :
ATT est parti sans dire au revoir
Le Mali qui n’a pas encore fini de pleurer Moussa, voilà que c’est Amadou aussi qui tire sa révérence. On pourrait croire qu’il est parti sans dire au revoir aux Maliens ni était sa récente sortie dans un débat télévisé avec Salif Sanogo qui sonne aujourd’hui comme un testament fait à la postérité du Mali.
Le président ATT est parti discrètement comme s’il ne voulait déranger personne en ces moments de difficultés énormes que connait le pays et comme s’il ne voulait pas en rajouter à la peine des Maliens, mais sa mort brutale a affligé tout le pays. La nouvelle qui est tombée comme une pluie du mois de mars a été l’occasion pour ces concitoyens d’égrener les nombreuses réalisations qu’il a faites et qui ont sensiblement amélioré le quotidien des Maliens. “La mémoire collective le retient comme le bâtisseur et le patriote qui a su faire triompher le consensus autour de la gestion des affaires du pays”, a laissé entendre, Dr. Moussa Coulibaly, Sociologue. Cependant, l’envol économique et social que sa gestion a donné au pays a toutefois été brutalement arrêté par le putsch du 22 mars 2012 qui fut pour le Mali ce que fut le coup d’état du 19 novembre 1968. Sa mort, à en croire le Sociologue, sera certainement l’occasion pour beaucoup de dirigeants de notre pays l’occasion de faire leur examen de conscience par rapport aux épreuves que l’homme a endurées durant son exil. En effet, ATT est parti à l’exil comme un traître, il retourne en héros. Son patriotisme, sa bonne humeur, le bonheur d’avoir retrouvé les siens ont mal dissimulé ses déchirures intérieures du commando affaibli par la maladie. Toutefois, Dr. Coulibaly déplore de voir que celui qui a donné un logement social à des milliers de Maliens n’ait pas eu le privilège de mourir dans un logement affecté par l’Etat pour services rendus à la nation. L’homme du 26 mars qui a doté le Mali des plus importantes infrastructures sociales de l’ère démocratique est aussi celui qui a compris très tôt que la menace de l’insécurité dans la bande sahélo-saharienne est transfrontalière. Il a été parmi les premiers chefs d’Etats à proposer des solutions sous régionales. L’impuissance actuelle du G5 Sahel, de la Minusma et de toutes armées européennes, est la preuve qu’il n’avait pas une baguette magique pour résoudre la crise du nord qui a été à l’origine de la chute de son régime à 3 mois de la fin de son mandat. Dr. Moussa Coulibaly espère que son épouse passera son veuvage dans un logement que l’Etat mettra à sa disposition.
Pour Mamadou Sanou, homme politique, le décès d’ATT a été brutal car le Mali étant un pays habitué aux rumeurs, personne n’a vu venir cette mort. Il a pris de nombreux Maliens à contre-pied. “Toutefois, selon M. Sanou, il laisse un souvenir d’un homme d’Etat qui a beaucoup travaillé pour le pays, qui est à l’origine de la plupart des grandes infrastructures”. Il retient d’ATT, un Président qui s’est mis au niveau de tous les Maliens et qui a géré le pays avec humour et cousinage à plaisanterie. Toutefois, notre homme politique M. Sanou s’indigne d’avoir constaté que c’est maintenant que les Maliens se rendent compte de sa grandeur et de toutes ses œuvres. “Il faudrait que le Malien sorte dans ça et qu’il arrive à soutenir ses hommes d’Etat, qu’on ne les vilipende pas et qu’on ne les méprise pas”, a-t-il conclu.
Ibrahima Ndiaye