Amadou Seydou TRAORE dit Djicoroni rend hommage à son grand aîné Oumar Sory Ly

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Permettez-moi de faire parler mon cœur en cette circonstance si pénible : la séparation d’avec une personne avec laquelle vous êtes lié par plus de 70 ans d’amitié sincère et profonde. Oumar Sory Ly, mon Aîné, mon camarade, mon ami, mon TORODO de valeur, voilà que Toi aussi, tu t’en vas, nous laissant orphelins. Orphelins de ton sourire bienveillant, orphelins de tes beaux mots, orphelins de ta présence si enrichissante, orphelins de tes conseils judicieux, orphelins de cette façon d’être qui n’appartient qu’ à TOI.

 

 

Oumar Sory Ly est né à Kita (République du Mali) en 1924 de feu Sory, Gérant de commerce puis commerçant à son propre compte et de feue Aminata Oumou Dia. Après un passage à l’école coranique, il entre à l’école régionale de Kita en 1934 et obtient le certificat d’Etudes primaires en 1939. Il est admis à l’Ecole primaire Supérieure Terrasson de Fougères en 1940. Il en obtient le diplôme en 1944. Recalé à la visite médicale d’entrée à l’Ecole Normale William Ponty, il est dans l’impossibilité de poursuivre ses études et trouve son premier emploi à la compagnie Française de l’Afrique occidentale (CFAO) à Bamako en août 1944. Il travaille ensuite à la base aérienne française qu’il quitte à la suite d’une compression des effectifs civils en 1946. Ce fut ensuite la CITEC. Sa carrière administrative commence en 1948 en qualité de commis expéditionnaire. Il est affecté à Koutiala dans les services du cercle chargés des questions financières et comptables. Il passe avec succès le concours d’accès au cadre commun secondaire des comptables des trésoreries de l’A.O.F et est affecté à la paierie de Kayes où il servira jusqu’en août 1953. Il est ensuite mis à la disposition du Gouverneur de la Guinée Française par décision du Gouverneur Général de l’A.O.F pour rapprochement de conjoints, son épouse Mama KEITA n’ayant pu être affectée au Soudan à sa sortie de l’Ecole des Sages-femmes de Dakar. Il sera affecté à Kouroussa en septembre 1953 et y servira jusqu’en septembre 1955, date à laquelle il rejoindra Kankan après avoir passé avec succès le concours d’accès au corps des contrôleurs des Contributions Directes du Cadre commun supérieur. Là il couvrait la haute Guinée et toute la région forestière, c’est-à-dire les cercles de Siguiri ; Kouroussa, Dabola, Faranah, Kissidougou, Gueckédou, Macenta et N’Zérékoré. En juin 1956, Oumar Sory Ly est appelé à Conakry pour assurer la responsabilité de la Division de contrôle de la Basse Guinée couvrant les cercles de Dubréka, Coyah, Boffa, Boké, Forécariah et Benty. L’activité économique dominante de la Division s’exerçait dans les plantations de bananiers et d’ananas tenues pour l’essentiel par des planteurs Français et Libano-Syriens. Une activité minière s’y fera rapidement jour à Fria et Kamsar. Oumar Sory Ly reviendra au Soudan en juillet 1957 à la demande de l’US-RDA qui venait de triompher aux élections de mars 1957 pour servir en qualité de chef de cabinet du Ministre de l’intérieur et de l’information du Gouvernement de la Loi-cadre, Madeira Keita. À ce poste, il participera à la mise en place de l’administration nouvelle de notre pays en voie de décolonisation. En avril 1959, Oumar Sory Ly est nommé Directeur de Cabinet du vice-président du Gouvernement (Jean-Marie KONE), ce qui lui permit d’avoir une vue d’ensemble sur l’activité gouvernementale et de suivre la marche du pays vers l’indépendance qui venait de recevoir un coup d’accélérateur après le référendum gaulliste du 28 septembre 1958. L’avènement de la Fédération du Mali, après la conférence des Fédéralistes tenue à Bamako en fin décembre 1958, lui donne l’occasion de participer à de nombreuses réunions pour l’élaboration et la mise en œuvre des structures fédérales. Oumar Sory Ly est désigné pour faire partie de la délégation fédérale chargée de négocier avec la France les accords de transfert des compétences devant consacrer l’indépendance de la Fédération du Mali au terme de très longs mois de laborieuses discussions à Paris. Il assurera le secrétariat des négociations au niveau de la Délégation Fédérale. Le 22 septembre 1960 le peuple du Mali proclame dans l’enthousiasme l’indépendance du pays. Le lendemain matin, la Chambre de Commerce entièrement tenue par des Français et des Libano-Syriens, décide de fermer tous les commerces à Bamako, privant la population de toute possibilité de se ravitailler en produits de première nécessité. Ce jour-là, aucun Malien n’avait de boutique au Marché rose ni ailleurs. Aucun privé Malien ne pouvait agir car pendant toute l’occupation coloniale jusqu’au 22 septembre 1960, personne n’avait le droit d’importer un gramme de sel, un mètre de tissu ou un kilo de farine : l’import-export était exclusivement réservé aux Français et aux Libano-Syriens. Réagissant, comme il se doit en face de ce chantage inadmissible, le gouvernement présidé par le camarade Modibo Keita a nommé le camarade Oumar Sory Ly Directeur Général de la SOMIEX, (Société Malienne d’Importation et d’exportation) et lui a donné un capital de 100 millions de francs CFA, pour assurer l’approvisionnement du pays en denrées de première nécessité et l’exportation après commercialisation des produits agricoles tels que l’arachide et le coton. Oumar Sory Ly à la tête d’une équipe de patriotes a organisé un réseau de distribution couvrant l’ensemble du territoire national avec un effectif de 1100 employés. La gestion de la SOMIEX comme celle de toutes les Sociétés d’Etat de la Première République était basée sur le principe de l’équilibre rigoureux, toute subvention ayant été exclue au départ ; elle ne bénéficiait ni d’aide technique ni de dégrèvements fiscaux. Les Sociétés et Entreprises d’Etat étaient placées sur un pied d’égalité avec les Sociétés privées de même objet. Le monopole de onze produits de première nécessité était dévolu à la SOMIEX, à savoir : le sucre, le sel, la farine, le thé vert, le lait, l’huile, les sacs vides, le ciment, les allumettes, les cigarettes, le savon. Elle a assuré le ravitaillement régulier et rationnel de toutes les populations du Mali jusqu’aux coins de brousse les plus reculés ainsi que les zones nomades du Nord comme Tinkar, Intadeïnit, Bouressa, Aguel-Hoc, Tessalit, etc. Et le prix des produits était le même sur toute l’étendue du territoire national. C’est ainsi que jusqu’au 19 novembre 1968, par exemple, le prix du sucre n’a jamais dépassé 80 francs maliens (40 FCFA) le kilo, le litre d’essence 42 FM (21 francs CFA), le kilo de riz paddy blanc 16 FM (8 FCFA), etc. C’est Oumar Sory Ly qui, en collaboration avec le Ministre du Commerce feu Attaher Maiga, a créé le commerce moderne au Mali en accordant les plus grandes facilités aux groupements de commerçants et aux premiers détaillants ainsi qu’à ceux qu’on appelle aujourd’hui «kroboros boutikis». Avant leur action, aucun commerce de ce genre n’existait ni à Bamako ni ailleurs au Mali. C’est ainsi que fut engagée et réalisée de main de maître, la décolonisation des structures commerciales de ce pays. Et au moment du coup d’Etat du 19 novembre 1968, le chiffre d’affaires de la SOMIEX dépassait les 16 milliards de francs maliens. Oumar Sory Ly était membre du «Comité National de Direction Économique» qui suivait en temps réel l’évolution de l’économie en pleine transformation. Il a participé à ce titre à l’élaboration et au suivi du Premier plan quinquennal ainsi qu’à toutes les négociations économiques, financières et monétaires internationales de 1960 à 1970. C’est ainsi qu’il a participé à la mise au point et à la signature de tous les accords commerciaux avec des pays d’Europe, d’Asie, d’Afrique notamment : la Chine,  l’URSS,  le Japon,  les deux Allemagnes, la Tchécoslovaquie, la Guinée, le Ghana, la R.A.U. (République Arabe Unie), le Maroc, la Tanzanie, le Nigéria, la Tunisie, le Liberia, l’Algérie  etc. À partir de 1970, Oumar Sory Ly, relevé de la SOMIEX par le CMLN, reprend du service dans l’administration des impôts comme conseiller à la Direction. Il a été intégré par voie de qualification professionnelle dans le corps des inspecteurs des impôts à partir de janvier 1973.  Il est arrêté en juin 1974 avec son frère Ibrahima Ly, Adama Samassékou, Cyr Mathieu Samaké, Jean Etienne DIENDERE, Mohamédoun Dicko, Many Djénépo, Cheick Sadibou Cissé, Mamadou Lamine Kouyaté, Bakary Koniba Traoré (Pionnier), Seydou Thiéro, Samba Sidibé et Birama Traoré (urbaniste), pour diffusion d’un tract dénonçant «la mascarade de référendum» organisée par le CMLN. Il passera 28 mois de détention entre la Compagnie para de Djikoroni, le camp militaire d’Ina-Kounder et la prison civile de San.

 

 

Libéré en octobre 1976, il passera en conseil de discipline et se verra infliger une sanction de rétrogradation avant d’être mis à la disposition du Centre Malien du Commerce Extérieur (CMCE) qui venait d’être créé. Il y exercera les fonctions de chef de division chargé de la promotion commerciale. Oumar Sory Ly a été appelé à faire valoir ses droits à la retraite pour compter du 1er janvier 1983. C’est alors qu’en association avec des partenaires privés, il crée la société Anonyme dénommée SOCOD. Il en devient le Directeur général jusqu’en octobre 1986. Oumar Sory Ly qui a toujours milité dans les rangs de l’Union Soudanaise RDA et du PDG RDA en République de Guinée, s’honore d’avoir contribué à l’action clandestine qui a conduit à la renaissance de notre parti l’USRDA après le 26 mars 1991. Oumar ! C’est à toi que depuis la prison de Kidal, nous, détenus politiques, sommes convenus de t’envoyer clandestinement le manuscrit de notre livre «Défense et illustration de l’action de l’US RDA» et que tu as fait parvenir au Monde entier grâce au courage et au dévouement de notre belle sœur Madina Tall la veuve de notre frère Ibrahima Ly. C’est encore toi qui as puissamment aidé l’USRDA à sortir de la clandestinité pour jouer sa partition dans la naissance et la consolidation de la IIIème  République. Comme Secrétaire politique d’abord, puis comme vice-président du Parti jusqu’à ce jour, tu as constamment œuvré à rassembler, à unir, à éteindre les contradictions qui renaissaient de leurs cendres. Un jour, l’histoire dira au Peuple Malien tout ce que, dans la discrétion la plus totale, dans l’abnégation et en toute simplicité, tu as si efficacement fait pour ce pays. Oumar Sory Ly, tu es un Musulman pratiquant comme tous les membres de ta famille parmi lesquels le grand Imam de Kayes-Ndi, Thierno Ly qui va tout à l’heure diriger la prière funéraire. Ton épouse, ma brave et respectée «sœur» Mama KEITA, Sage-femme aujourd’hui à la retraite après avoir dirigé la maternité de l’Hôpital Gabriel Touré est inconsolable. Nous lui présentons nos condoléances émues et l’assurons de notre profonde compassion. Nous sommes témoins de son constant et admirable dévouement pour tout ce qui touche de près ou de loin Oumar Sory Ly qui est le père de ses sept (07) enfants. Oumar Sory Ly, «Barou» comme nous t’avons toujours appelé, en quittant ce monde tu laisses le souvenir d’un homme droit, propre, courageux à tous égards, travailleur consciencieux, responsable, digne, simple, sincère avec tous, généreux dans l’âme. Tu es le véritable exemple du patriote qui a toujours suspendu ses idéaux dans les étoiles pour les préserver de la souillure. Tu as admirablement rempli ton contrat envers ta famille, tes nombreux amis, tes compagnons de lutte du RDA et le Peuple Malien. Dors en Paix, cher Aîné. Ta leçon sera utile aux tiens et à tous les Maliens auxquels tu as dédié ta vie. Que la terre te soit légère ! Amen !

 

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LA PRESSE MALIENNE EN DEUIL

La rédaction de Le Reporter a le regret de vous annoncer le décès de Mme Koné, née Fadimata Walet Hamamata, mère de Makan Koné, Président de la Maison de la presse et d’Ousmane Koné, Directeur de publication du journal Le Hoggar. Décès survenu le vendredi 03 janvier 2014 à Ségou. L’enterrement a eu le même jour au cimetière de Hamdallaye de Ségou. Suite à cette disparition, le Directeur de publication et l’ensemble du personnel de votre journal adressent leurs condoléances les plus attristées à la famille de la défunte, à ses parents, amis et proches. Que la terre lui soit légère et que Dieu l’accueille dans son paradis. Amen !

La rédaction

 

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