Le fondateur et PDG de Galerie Djigué-SA a tiré sa révérence dans la nuit du lundi 7 décembre à son domicile à Torokorobougou où ses obsèques ont eu lieu le mercredi. Cet icône du commerce import-export, né le 22 janvier 1951 à Gadiabakadiel (Nioro du Sahel), a laissé son empreinte dans le monde des affaires.
Ex-PDG de Galerie Djigué-SA, président du Conseil malien des Chargeurs (CMC, 2002-2008), Consul honoraire de Turquie au Mali (2003-2009), le nom d’Amadou Djigué rime avec courage et détermination. C’est avec lui que le concept de milliardaire illettré a été utilisé pour la première fois au Mali dans son sens le plus large du terme pour désigner ces opérateurs économiques qui ont réussi dans les affaires sans aller à l’école. Amadou Djigué, comme la plupart des membres de son ethnie diawaba, magnats de l’économie malienne, n’a jamais fréquenté l’école classique avant l’âge adulte. Son enseignement s’est limité à l’apprentissage du coran avant qu’il ne quitte son village natal de Gadiabakadiel pour la capitale, Bamako. Mais, il apprit la langue de Molière et de Shakespeare en s’inscrivant aux cours du soir avec à ses côtés des professeurs encadreurs.
De commerçant détaillant qui se promenait avec son panier rempli de cola, cigarettes, bonbons et babiole, le fondateur de Galerie Djigué s’est retrouvé 40 ans plus tard à la tête d’un empire financier. L’opérateur économique connu au Mali, dans la sous-région et à l’échelle internationale a tissé son nid petit à petit jusqu’à créer la société qu’il a ouverte vers la fin des années 80 et baptisée en son nom. Ce pionnier du commerce est membre fondateur du Groupement des Commerçants maliens (GCM), la plus vieille association de commerçants qui a vu le jour en 1940 et présidée de nos jours par El Hadj Soya Golfa.
Galerie Djigué-SA située en plein cœur du grand marché de Bamako sur la rue du 18 juin 1940, est l’une des premières boutiques au Mali de commerce général qui s’est spécialisée dans la grande distribution et vente en gros de produits d’alimentation (riz, sucre, lait, huile). Certains de ces produits alimentaires et cosmétiques sont de grandes marques françaises, italiennes, néerlandaises, turques, etc. dont elle est la représentante au Mali. Comme un fourretout, la société évolue dans les assurances, les matériaux de construction, le BTP, le transport, le transit, entre autres.
Illusoire de parler de l’ex-consul de Turquie à Bamako sans évoquer son passage de 8 ans comme PDG du Conseil malien des Chargeurs (CMC). Cette faîtière des commerçants regroupant les importateurs, exportateurs, transitaires et transporteurs, créée en 2002 a eu à sa tête Amadou Djigué. Il l’a dirigée avec professionnalisme et compétence. Les consommateurs maliens en leur tête les autorités maliennes se souviennent encore de l’ouverture du corridor Bamako-Abidjan en 2003 sous son magistère. A cette époque, le port autonome d’Abidjan, principal débouché maritime malien en pleine crise de rébellion était coupé de notre pays. Amadou Djigué a risqué sa vie pour négocier directement avec les dirigeants de la rébellion ivoirienne pour la réouverture du corridor. Un plaidoyer qui a eu un écho favorable, puisque l’approvisionnement de notre pays en produits de première nécessité a repris de plus belle.
Pour tous les services rendus à la nation, Amadou Djigué a été décoré plusieurs fois par l’Etat reconnaissant. Il a été lauréat de grandes distinctions comme Chevalier de l’Ordre national du Mali et Commandeur de l’Ordre national du Mali.
Dors en paix, champion. Tu n’as pas vécu inutile avec tes enfants que tu as formés dans les grandes universités d’Amérique et d’Europe à l’économie et au management et qui ont déjà pris la relève à la tête des entreprises familiales. Voilà une revanche prise sur l’analphabétisme, qui n’a heureusement rien ôté de ton aura.
Abdrahamane Dicko