A titre posthume :Mangala, la culture malienne te pleure !

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Rassurez-vous, il ne s’agit pas d’une distribution de médailles en vogue chez nous, mais plutôt d’un hommage particulier à un musicien exceptionnel, arraché à notre affection le 29 septembre 2010. Frangin Mamoutou Mangala CAMARA ! L’acte que tu as posé en ce jour sombre, m’amène à te qualifier de furtif et de fugitif. OH DIEU clément « missirikoro Dieu », quelles prières devrions-nous vous adresser pour que vous épargniez de la mort, ceux et celles qui nous sont chers ?

J’ai tiré une contradiction dans une de tes chansons, lorsque tu dis que « min yé min yé, o yo yé» je ne pensais pas que « é ye min yé, i to yé, parce que, i sara alors que pour moi, i te sa » pourquoi donc t’en es-tu allé si furtivement ? Je me console en te paraphrasant lorsque tu nous enseignes que « tant que mogo ma sa, kasi te bana ». Ta philosophie, digne de la sagesse séculaire de ce grand pays, ne peut que nous interpeller dans nos faits et gestes quotidiens tant il est vrai, comme tu le dis d’ailleurs que « jiri dulen ka fisa mogogo dulen ye ».

Mangala ! Diamant noir de notre société, tu as su sculpter avec magie, la culture malienne oh combien plurielle et séculaire de ce glorieux pays où la seule voix d’un griot, à travers une chanson, mettait sur pied de guerre tout un peuple, capable de marcher sur la mer et de faire basculer monts et montagnes. Mon frère, tes déambulades désarticulées sur scène sont certes finies, mais ta voix spiritueuse, langoureuse, ou languissante (le qualificatif pertinent me manque) surgira toujours de l’outre tombe pour nous bercer, nous enseigner la philosophie ancestrale et égratigner notre tréfonds culturel. Avec cette pétrissure de qualité, pourquoi t’en es-tu allé comme une luciole, nous laissant incrédules, perplexes et angoissés?

Qu’à cela ne tienne, ton message sera à jamais gravé dans nos mémoires. Si la mort pouvait avoir honte de ses actes, elle allait se blottir à jamais sous ses propres ailes lugubres. Elle sait qu’elle a emporté un homme mais qu’elle ne pourra jamais emporter notre Mangala national.

Ceux qui t’ont connu te pleurent ; ceux qui ont écouté tes chansons te pleurent ; la culture malienne te pleure. Saches mon frère que tu es venu dans ce bas monde et que tu as fait tache d’huile à jamais indélébile dans nos cœurs et dans nos mémoires. Permets-moi de te dire merci mon frère.

Mangala ! Dors en paix dans la miséricorde et dans la clémence de notre Seigneur qui saura te rendre tous les bienfaits que tu as su rendre à ton prochain. AMEN !

Mamadou Roche KEÏTA

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