BAMAKO/NEW YORK/GENEVE (7 novembre 2017) – « Le respect des droits de l’homme est la pierre angulaire du succès de la lutte contre le terrorisme ». C’est en ces mots que le Sous-Secrétaire Général aux droits de l’homme, Andrew Gilmour, a résumé les conclusions de sa visite de 4 jours au Mali où il a eu des entretiens très utiles avec les autorités.
Cette visite, la première du genre depuis l’établissement de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali <MINUSMA>, avait un double objectif: rappeler l’importance des droits de l’homme et de la justice dans le processus de paix et échanger sur la mise en place d’un mécanisme de garantie du respect des droits de l’homme par la Force conjointe du G5 Sahel.
L’intégration des droits de l’homme dans le processus de paix et le dialogue constructif qui a été établi entre la MINUSMA et les autorités à cet égard doivent rester une priorité.
A Mopti, Andrew Gilmour a fait part de sa préoccupation par rapport à la situation des droits de l’homme. En effet, plusieurs interlocuteurs, y compris des défenseurs des droits de l’homme et des responsables religieux ont exprimé leurs inquiétudes face à la dégradation de la situation socio-économique et des droits de l’homme. Les populations du centre du pays ont indiqué vivre dans la peur des groupes terroristes présentes au sein de leur communautés. Elles ont, par ailleurs, dénoncé la fermeture des écoles, l’accès limité à leurs champs et leurs moyens de production et les attaques voire les destructions des eglises.
Par ailleurs, « les violations commises dans le cadre d’opérations anti-terroristes et la stigmatisation de certaines communautés contribuent grandement à la radicalisation d’une partie de la population et à l’aggravation de l’extrémisme violent », a-t-il ajouté.
«Et selon notre expérience, cela reflète une situation qui s’est presque systématiquement reproduite dans les autres pays qui luttent contre le terrorisme».
Andrew Gilmour a reconnu le défi sécuritaire auquel font face les autorités maliennes et les Forces de Défense et de Sécurité maliennes et a exprimé sa solidarité relativement au lourd tribut payé par les soldats maliens lors des opérations de sécurité. Dans ce contexte, il a affirmé que le Haut Commissariat aux droits de l’homme s’engage à appuyer l’armée malienne ainsi que l’état major et les troupes du G5 Sahel à mettre en place des mécanismes pour prévenir et répondre aux violations susceptibles d’être commises au cours d’opérations anti-terroristes et de renforcer sa surveillance des droits de l’homme.
Selon Andrew Gilmour, il est primordial qu’il y ait toujours un signal clair de la part des autorités politiques, militaires, et judiciaires qu’il n’y aura aucune tolérance pour les violations. Dans cette mesure, «la lutte contre l’impunité peut servir de préalable à la lutte contre le terrorisme », a dit Andrew Gilmour.
Les opérations militaires ne peuvent à elles seules résoudre la question de l’extrémisme violent. Il faut continuer à offrir un soutien adéquat à la chaine pénale pour pouvoir gérer le suivi des arrestations effectuées durant les opérations militaires et adopter une véritable stratégie qui adresse les problèmes d’exclusion.
Le Sous-Secrétaire Général a souligné le rôle fondamental de la société civile et salué le courage des défenseurs des droits de l’homme qui exposent les défis réels rencontrés par la population. Il a également reconnu le travail crucial mené par la Commission Vérité, Justice et Réconciliation, qui par son action contribue à renforcer le processus de paix. Andrew Gilmour salue le mécanisme d’échange sur les droits de l’homme mis en place entre la MINUSMA et les ministères de la Justice et celui des Droits de l’Homme et de la Réforme de l’Etat, ainsi qu’avec le Chef d’état – major général des forces armées maliennes.
Lors de sa visite au Mali, Andrew Gilmour s’est entretenu avec les autorités du pays, y compris le premier ministre et d’autres ministres du Gouvernement, l’armée et le pouvoir judiciaire, mais également les autres acteurs du processus de paix dont la Plateforme et la CMA, la communauté diplomatique, les entités du système des Nations Unies, ainsi que la société civile, des leaders religieux, des défenseurs des droits de l’homme, des groupes défendant les droits des femmes et des LGBTs. Andrew Gilmour a également tenu une session de travail très productive avec l’Etat Major de la Force Conjoint G5 Sahel à Sévaré.
A l’issue de sa mission, Andrew Gilmour tient à exprimer sa reconnaissance au peuple et aux autorités maliennes ainsi qu’à la MINUSMA pour une visite fructueuse dans un pays qui fait face à des défis politiques et sécuritaires majeures.